L’homme était jugé en récidive pour avoir dissimulé sa séropositivité à ses compagnes lors de rapports non protégés
INFO. La cour d’assises des Bouches-du-Rhône a prononcé jeudi une peine de douze années de réclusion criminelle contre Christophe Morat, jugé depuis lundi pour avoir transmis le VIH, sciemment et en récidive.
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Une femme contaminée, cinq exposées. L’homme de 40 ans a été reconnu coupable d’avoir contaminé une femme et d’en avoir exposé cinq autres à ce risque. Il avait déjà été définitivement condamné en 2005 pour des faits similaires à six ans d’emprisonnement. Christophe Morat était jugé pour « administration volontaire de substances nuisibles » à plusieurs femmes, ayant entraîné pour l’une d’entre elles, contaminée, « une mutilation ou une infirmité permanente » et pour cinq d’entre elles, séronégatives, une atteinte à l’intégrité psychique, le tout « avec préméditation et en état de récidive légale ».
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Un homme aux « deux personnalités » : le « tendre » et « l’abject ». L’avocate générale Martine Assonion l’a dépeint jeudi comme un homme « théâtral, comédien », « charmeur, séducteur », mais qui possède « deux personnalités », le « tendre » et le personnage « abject, qui parle de manière dure ». Dans son réquisitoire, elle est longuement revenue sur les multiples aventures sexuelles de l’accusé dès sa sortie de prison, entre 2008 et 2011 . « M. Morat est en chasse », et va « continuer son œuvre destructrice ».
« La trahison n’est pas une infraction pénale ». « La trahison, l’infidélité, sont le lot de la nature humaine, mais ne constituent pas une infraction pénale », rappellera pour la défense Me Barbara Camoin. L’avocate générale a aussi affirmé que Christophe Morat « connaissait tous les modes de transmission » du VIH, alors que certaines partenaires ont raconté comment il prétendait qu’il n’y avait « pas de risques » puisque il n’éjaculait pas en elles. Les avocats de la défense ont contesté pied à pied le raisonnement juridique de l’accusation.
A la fin de l’audience, Christophe Morat a de nouveau demandé pardon aux femmes assises en face de lui sur le banc des parties civiles, avant que le jury se retire pour délibérer.