L’Agence immobilière sociale de Polynésie française (AISPF) a remis leurs clés ce jeudi matin à deux nouveaux occupants d’un immeuble privé récemment rénové qui compte 12 logements. L’association, qui met le pied à l’étrier à des étudiants boursiers et de jeunes professionnels, lance un appel aux propriétaires de logements vacants pour étendre son parc immobilier. Elle met en avant ses atouts : fiabilité financière et suivi des locataires rendent ces logements aussi rentables que s’ils étaient loués via des agences immobilières.
L’AISPF, créée en 2008, est une association d’utilité publique qui mobilise et administre des appartements ou maisons du parc locatif privé pour y loger, durant deux ans maximum, des personnes aux revenus modestes mais au projet de vie solide : étudiants boursiers (pour une année universitaire), jeunes actifs en couple avec ou sans enfants (pour deux ans maximum), qui rentrent dans la vie active mais ne trouvent pas à se loger. Si à l’origine le focus était mis sur les familles, souvent adressées par les services sociaux, dit la directrice de l’AISPF Vaiatu Frogier, « avec l’évolution de la société polynésienne, on voit ces jeunes qui n’ont pas d’enfants, et notre souhait est d’apporter une aide à ce type de public. »
Elle explique que ces nouveaux logements « permettent à des étudiants boursiers originaires des îles ou de la Presqu’île de poursuivre leurs études supérieures à Papeete ou à de jeunes actifs de se rapprocher de leur lieu de travail pour asseoir leur position professionnelle. Ils ont aussi le droit d’avoir un petit coup de pouce de manière à bien démarrer dans la vie, avec de bonnes habitudes, c’est-à-dire avoir à payer un loyer, bien se comporter en voisinage. »
L’AISPF gère aujourd’hui 250 logements, principalement des appartements. C’est elle qui règle les loyers aux propriétaires, et visite une fois par mois ses locataires pour s’assurer qu’ils respectent les lieux et que leurs projets avancent. Ce jeudi matin, les premiers occupants d’un immeuble resté vide durant une dizaine d’années et récemment rénové, ont pu prendre possession de leurs nouveaux logements, équipés et meublés. Ils vont payer un tiers du loyer : environ 15 000 Fcfp pour les étudiants et 20 000 Fcfp pour les jeunes travailleurs.
Un grand studio pour l’année universitaire
Hanavai, une étudiante de Moorea en première année de BTS communication, n’aura plus à se lever avant 4 heures du matin pour venir au lycée du Diadème. Son dossier de demande à l’OPH n’avait abouti qu’à une place sur liste complémentaire. « Une amie m’a parlé de l’AISPF, du coup me voilà aujourd’hui » dit la jeune femme qui découvrait le grand studio qu’elle pourra conserver jusqu’au mois de juin prochain.
Vaiatu Frogier rappelle qu’une étude récente a mis en évidence la présence de 8 000 logements vacants dans la zone urbaine. Elle lance un appel aux propriétaires : avec la garantie financière de l’agence, et le suivi mensuel des locataires, leurs revenus et leurs biens sont sécurisés. « Si vous n’avez pas envie de vous occuper de la gestion ou de la rénovation, nous pouvons vous orienter vers des professionnels pour remettre à neuf ces logements et ensuite nous nous porterons locataires (…) ».
Vaiatu dit aussi vouloir faire la promotion de la colocation, pour les jeunes actifs célibataires, une façon de « gagner en qualité de vie » en mutualisant les espaces communs intérieurs comme extérieurs.
C’est Aeatarii, agent immobilier qui voulait « donner du sens » à son activité, qui a convaincu son client de remettre en état cet immeuble inoccupé depuis plusieurs années, pour proposer à l’AISPF 12 logements, 10 F2 et 2 studios. Car la formule a des avantages certains pour les propriétaires, dit-elle : « Côté loyer on est un peu en-dessous pour rentrer dans les critères de l’AISPF, mais l’AISPF reste locataire pendant plusieurs années, et en cas de problème elle a des fonds pour la remise en état. Quand on compare à une gestion locative classique, qui dit changement de locataire dit frais supplémentaires et frais d’agence à devoir repayer, tout ça, au final on arrive à la même chose. »