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14 ans après, le dossier du crash d’Air Moorea toujours pas refermé

©Charlie Réné

Malgré l’absence de rassemblements publics, épidémie oblige, les familles des victimes commémorent ce 9 août le 14e anniversaire du crash d’Air Moorea. L’association 987 en profite pour dénoncer, encore une fois, la lenteur des procédures et les recours toujours pendants des responsables de la filiale d’Air Tahiti après leur condamnation en appel.

Pas d’appel au rassemblement, pas de discours, seulement des couronnes de fleurs, 20 au total, déposées devant la stèle commémorative de Paofai. Ce lundi neuf août, les familles et les proches des victimes de l’accident du vol 1121 d’Air Moorea commémorent les 14 ans de la catastrophe aérienne. Une commémoration « un peu spéciale » dans le contexte sanitaire actuel. « Je me permets d’adresser mes condoléances et mes vœux de courage à tous ceux qui perdent des proches dans cette épidémie », précise d’emblée Nicolas Fourreau, président de l’association 987, créée pour rassembler les proches de victimes. Mais il faut rappeler que les disparitions dont nous commémorons aujourd’hui la date anniversaire sont liées à des négligences humaines ». Des négligences reconnues par la justice, puisque la compagnie filiale d’Air Tahiti, plusieurs de ses dirigeants ainsi qu’un responsable de l’aviation civile ont été condamnés en appel début 2020. Mais un pourvoi en cassation a été formé et aucune date de décision n’est avancée à Paris.

« C’est très dur d’enchaîner, ou juste de voir la fin de cet épisode judiciaire interminable, ça devient grotesque, dénonce Nicolas Fourreau, président de l’association et dont l’épouse faisait partie des victimes. Ce pourvoi en cassation est incroyable. D’un point de vue stratégique et marketing, de la part d’Air Tahiti, c’est d’une stupidité absolue. (…) Et eux ont manifestement les moyens de payer un avocat devant la Cour de cassation, ce qui n’est pas le cas des associations et familles de victimes, ce qui est un peu injuste ».

Le 9 août 2007, un Twin Otter de la compagnie Air Moorea, filiale d’Air Tahiti, s’était abîmé en mer juste après son décollage, faisant 20 victimes. Il faudra pour les familles attendre 2015 pour que les juridictions civiles commencent à établir des responsabilités, puis 2019 pour un procès pénal. Devant le tribunal correctionnel puis la cour d’appel, début 2020, il est établi que l’accident a été causé par la rupture du câble de gouverne, dû à un manque de maintenance et de contrôle technique de l’appareil. Freddy Chanseau, directeur général de la compagnie à l’époque du crash, Jacques Gobin, son directeur technique, et Stéphane Loisel, responsable du bureau d’études et de documentation, sont condamnés pour homicide involontaire, a des peines allant jusqu’à 3 ans de prison. La compagnie Air Moorea, représenté par Manate Vivish au procès, est elle-même condamnée, en tant que personne morale, à 25 millions de Fcfp d’amende et interdiction d’exercer une activité de transport. Du côté de l’administration seul Andriamanonjisoa Ratzimbasafy, ex-chef du Groupement pour la sécurité de l’Aviation civile (GSAC), est condamné, là aussi à 3 ans de prison, dont 8 mois avec sursis et à une forte amende.

Des peines aujourd’hui suspendues aux recours en cassation lancés par les prévenus. Certains, parmi les victimes, craignent que la procédure soit annulée pour « un détail de forme », « alors même que les négligences ont été reconnues et confirmées ». « Ce que veulent les familles c’est que ce dossier judiciaire prennent fin, que les responsabilités soient définitivement reconnues et que les coupables répondent de leur faute », résume Nicolas Fourreau.

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