Radio1 Tahiti

18 mois et cinq ans ferme pour les deux agresseurs sexuels

©PB

Deux hommes ont été condamné ce lundi à des peines allant de 18 mois à cinq ans ferme pour avoir agressé sexuellement un mineur de moins de 15 ans recueilli par leur famille. L’un des accusés étant absent au procès, il a été demandé un mandat d’arrêt à son encontre.

A.H., la victime, âgée de sept ans en 2007 au moment des faits, a révélé les atteintes qu’il a subies alors qu’il était entendu comme mis en cause dans une affaire d’attouchements sexuels. Des attouchements sur ses neveux et nièces, dont il était l’auteur, alors qu’il était plus âgé, mais toujours mineur. À l’image de certaines victimes de prédateurs sexuel, il n’a fait que reproduire les actes qu’il a subis, passant de victime à bourreau.

« Il m’a fait découvrir que je préférais les garçons aux filles. »

Ses méfaits payés, il était présent ce lundi au tribunal pour dénoncer ceux qui avaient abusé de lui alors qu’il n’était qu’un gamin. Pour autant, concernant l’un de ses agresseurs, S.T.,22 ans à l’époque, il ne lui en tient pas rigueur car, « il m’a fait découvrir que je préférais les garçons aux filles et il n’a pas été violent. » De fait, la victime, maintenant âgée d’une vingtaine d’années, adopte des attitudes de jeune fille et son orientation sexuelle laisse peu de place au doute, si c’était une question primordiale.

Les faits sont simples et crus. Alors qu’il jouait dans le salon, S.T. l’appelle dans sa chambre, baisse son short devant lui et lui demande une fellation. Il ne veut pas, mais s’exécute car S.T. a 22 ans et il est plutôt costaud. Dans sa tête, A.H. n’a pas vécu cela comme une agression, mais plutôt comme « une initiation » selon le portrait dressé par le psychologue qui estime que son attirance pour les hommes découle de cette agression qui a provoqué chez lui, pensées suicidaires, goût pour le travestissement, puis à son tour passage à l’acte sur ses neveux et nièces.

S.T., son premier agresseur, est quant à lui décrit comme quelqu’un à « l’immaturité psycho-affective, sans tendance pédophile, qui a profité d’une opportunité et exprime des regrets qui paraissent sincères. » « J’ai honte de ce que j’ai fait et je regrette le mal que je lui ai fait », plaide pour sa défense S.T. Une honte et des regrets qui pour autant ne l’ont pas empêché de réitérer ce type de faits puisque depuis juin 2019, il est incarcéré pour viol sur mineur.

P.T., le frère de S.T., et autre agresseur, était absent du banc des prévenus ce lundi. Lui, son profil est différent, ne serait ce que par la violence de l’agression qu’à subie A.H., alors âgé de treize ans. Il l’a fait venir dans sa chambre, puis l’a jeté sur le lit, arraché son short et tenté de le sodomiser. Il n’est pas parvenu à ses fins. La deuxième fois, il l’a attrapé par les cheveux et l’a forcé à lui faire une fellation. « Je l’ai fait parce que j’en avais envie » déclara-t-il lors de sa déposition.

Pour Me Da Silveira, son client n’avait que 7 ans au moment des faits, « et c’est à la suite de cela qu’il est à son tour devenu agresseur (…) cela l’a perturbé, il a fait des tentatives de suicide et son identité sexuelle est compliquée à gérer, même maintenant. » Elle réclame 600 000 Fcfp de dommages intérêts à l’encontre de S.T. et 1 200 000 Fcfp pour P.T., estimant que pour lui, l’enfant « n’était qu’un objet sexuel. »

« En Polynésie, l’enfant est roi et puis il devient corvéable à merci ! »

Au tour du procureur Danielsson de s’exprimer et comme à son habitude, il appuie où ça fait mal, brossant un portrait sans concession de la condition de l’enfant dans certaines familles. « Petit en Polynésie, l’enfant est roi et puis après, il devient corvéable à merci et peut devenir une sorte de substitution pour pallier une absence. » Haussant le ton, « on abuse de l’enfant parce qu’on lui dénie sa fonction d’enfant, surtout si les plus âgés perçoivent une certaine orientation sexuelle chez lui, en l’occurrence un raerae et peu importe les conséquences… Et des conséquences il y en a. » Et de regarder la victime en constatant « il est devenu agresseur à son tour. » À l’encontre de S.T. il requiert 18 mois de prison avec mandat de dépôt ; contre P.T. il réclame 5 ans ferme avec mandat d’arrêt, celui-ci étant absent du prétoire.

Après délibération, la cour a suivi les réquisitions à la lettre. Les deux agresseurs seront inscrits au fichier des délinquants sexuels.