L’année 2023 a bien été la plus chaude dans le monde, rapportent les chiffres du programme européen Copernicus, flirtant pour la première fois sur une année entière avec la limite de 1,5°C de réchauffement climatique fixée par l’accord de Paris. Avec Europe 1.
C’était attendu, c’est désormais confirmé : 2023, marquée par un cortège de désastres climatiques inédits, est bien l’année la plus chaude de l’Histoire, flirtant pour la première fois sur une année entière avec la limite de 1,5°C de réchauffement climatique fixée par l’accord de Paris. Avec une température moyenne de 14,98°C, l’année écoulée a été 1,48°C plus chaude que le climat de l’ère pré-industrielle (1850-1900), a annoncé mardi l’observatoire européen Copernicus dans son bilan annuel. Le nouveau record dépasse d’une large marge (0,17°C) le précédent, pourtant récent, de 2016.
Derrière cette mesure de thermomètre s’égrène une longue liste de catastrophes climatiques, alimentées par les émissions de gaz à effet de serre de l’humanité : incendies massifs au Canada, sécheresses extrêmes dans la Corne de l’Afrique ou au Moyen-Orient, canicules estivales inédites en Europe, aux États-Unis et en Chine, chaleurs hivernales record en Australie ou en Amérique du Sud, précipitations dévastatrices, ouragans renforcés, etc.
Si les données annuelles de Copernicus remontent à 1850, les températures relevées en 2023 « dépassent probablement celles de toutes les périodes depuis au moins 100.000 ans », connues grâce aux cernes des arbres ou aux carottes de glaces, a commenté Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique (C3S) de Copernicus. « 2023 a été une année exceptionnelle, avec les records climatiques qui sont tombés comme des dominos », a-t-elle ajouté.
Pic des émissions ?
Le bilan annuel est publié un mois après la Conférence climatique des Nations unies à Dubaï. La COP28, chargée d’établir un correctif pour sauver l’objectif 1,5°C de l’accord de Paris, a accouché d’un accord historique ouvrant la voie à l’abandon progressif des énergies fossiles, principales causes du réchauffement climatique, malgré de nombreuses concessions aux pays riches en pétrole et en gaz.
« Il est probable » que la barre de 1,5°C de réchauffement sur 12 mois glissants sera mesurée « en janvier ou février 2024 », malgré le froid qui traverse l’Europe en ce moment, prévoit Copernicus. Cette anomalie doit toutefois être relevée en moyenne sur « au moins 20 ans » pour considérer que le climat mondial a atteint cette limite, rappelle l’observatoire. Mais cette perspective se rapproche : pour tenir cette limite, la baisse des émissions de gaz à effet de serre doit atteindre -43% d’ici à 2030 par rapport à 2019, selon les experts climatiques du Giec. Or la décrue mondiale n’a pas encore commencé, même si certains experts annoncent que le pic des émissions est imminent.
Le climat actuel est considéré comme déjà réchauffé de façon stable d’environ 1,2°C par rapport à 1850-1900. Et au rythme actuel d’émissions, le Giec prévoit que le seuil de 1,5°C a une chance sur deux d’être atteint en moyenne dès les années 2030-2035.
Les océans en surchauffe
En 2023, « pour la première fois, chaque jour de l’année a été plus chaud de 1 degré » au moins par rapport à l’ère pré-industrielle. Deux jours en novembre ont même dépassé les 2 degrés de réchauffement. L’année, marquée par le début d’El Niño, phénomène synonyme de réchauffement supplémentaire qui devrait atteindre sa pleine mesure en 2024, a connu huit mois d’affilée de records mensuels, de juin à décembre. Juillet 2023 détient désormais le record mensuel absolu, immédiatement suivi par août 2023.
Sur les près de 30 700 jours écoulés depuis 1940, les 46 journées les plus chaudes ont été mesurées en 2023, tout l’été dernier, en juillet et août, selon les données de Copernicus analysées par l’AFP. En Europe, 2023 se classe au deuxième rang des années les plus chaudes, derrière 2020.
Les océans du globe ont, eux aussi, été en surchauffe de « manière persistante et inhabituelle », avec des records saisonniers constamment battus depuis avril. Ces températures, inédites depuis neuf mois, menacent la vie marine, augmentent l’intensité des tempêtes et réchauffent l’atmosphère. Elles sont particulièrement scrutées par les climatologues, compte tenu du rôle majeur de régulateur du climat joué par les océans, qui absorbent plus de 90% de l’excès de chaleur causé par l’activité humaine.
Cette hausse a aussi pour effet d’accélérer la fonte des plateformes de glaces flottantes du Groenland et d’Antarctique, cruciales pour retenir l’eau douce des glaciers et empêcher l’élévation massive du niveau des océans. La banquise de l’Antarctique a atteint des niveaux bas record pendant huit mois de l’année écoulée. Avec « les extrêmes observés ces derniers mois (…) nous sommes désormais loin du climat dans lequel notre civilisation a pu se développer », alerte Carlo Buontempo, directeur du C3S.