Inflation en baisse, emploi en hausse, consommation et crédits qui repartent, entreprises confiantes, le bilan économique de l’année 2023 publié par l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) est bon. Il devrait être confirmé ce mardi par l’ISPF, qui va présenter les chiffres du Produit intérieur brut.
Le tableau économique peint par l’IEOM est bon, même s’il est contrasté : un début d’année 2023 porté par la confiance des ménages et des entreprises, puis une fin d’année marquée par l’attentisme des uns comme des autres.
Le climat des affaires était au beau fixe, les chefs d’entreprise surfant encore sur le rebond de 2022 qui leur avait assuré une « trésorerie confortable ». Les entreprises ont déclaré l’an dernier des chiffres d’affaires en hausse de 8% (avant correction par la variation des prix). Ainsi, par exemple, les immatriculations de véhicules neufs avaient fait un bond de 15%.
Mais le climat des affaires s’est un peu rafraîchi au fil des mois, note le rapport : « leurs prévisions d’investissement à l’horizon d’un an se sont estompées en cours d’année, une majorité de chefs d’entreprise exprimant leur attentisme voire quelques doutes notamment sur le maintien du niveau de la commande publique et la modification des conditions d’éligibilité à la défiscalisation locale. » Certes, les crédits de trésorerie et les crédits d’équipement aux entreprises ont fait un bond, mais à 60% il s’agit pour ces derniers de « dossiers d’envergure concernant quelques entreprises ».
Pour les ménages, en revanche, la tendance était frileuse pour la deuxième année consécutive : -1% en 2023, après -7,2% en 2022, ce sont ainsi près de 4 milliards d’achats immobiliers qui n’ont pas été financés l’année dernière. Les épargnants, particuliers comme professionnels, ont toutefois profité de la hausse des taux directeurs pour déplacer leur épargne vers des dépôts à terme mieux rémunérés. Et les banques améliorent leurs performances.
L’inflation en recul : 0,6% à fin décembre 2023, après une hausse de 8,5% en 2022
L’indice général des prix à la consommation (IPC) progresse de 3,3 % en moyenne en 2023 contre +6,4 % en 2022. Sa hausse a été soutenue par les prix de l’alimentation (+7,2 %), de l’équipement domestique (+7,2 %), du logement (+4 %) et l’hôtellerie restauration (+5,3 %), mais freinée par la baisse des prix des communications (-13,6 %) et celle des cours mondiaux des hydrocarbures qui ont fait baisser les coûts du transport. Au final, l’inflation en décembre 2023 s’établissait à +0,6% en glissement annuel, contre +8,5% en décembre 2022.
Le chômage a un peu reculé, le nombre d’offres en CDI augmenté
Côté emploi, le taux de chômage a diminué en 2023, à 8,5% contre 8,7% en 2022. C’est l’emploi salarié marchand (+4,2% en rythme annuel) et notamment la construction (+6,4%) qui montre les meilleurs résultats. La masse salariale cumulée atteint 257 milliards de Fcfp, soit 5% de plus qu’en 2022, grâce entre autres à la revalorisation du Smig et du point d’indice des fonctionnaires de la Polynésie française. Dans les offres d’emploi la part des contrats à durée indéterminée augmente, de 38 à 45 % en un an, et les créations de postes représentent 36 % du total des offres.
La commande publique en baisse
L’investissement public n’a pas contribué à rassurer : l’IEOM donne l’exemple de la contraction de plus de 2 milliards de Fcfp des dépenses liquidées par la Direction de l’équipement (9,6 milliards après 11,7 milliards en 2022). Mais l’IEOM note aussi que « l’effet Jeux olympiques » a soutenu les chantiers en cours, les carnets de commande du BTP – comme le prouvent les chiffres de l’emploi.
Les exportations bien portantes
Le tourisme enregistre des performances exceptionnelles en 2023, avec 262 000 visiteurs, qui dans un contexte d’offre limitée ont fait grimper le coefficient de remplissage et le revenu par chambre disponible. Les établissements hôteliers ont donc une solide trésorerie.
Hors tourisme, les recettes à l’export de la Polynésie française ont doublé par rapport à 2022 (22,6 milliards de Fcfp contre 11,7 milliards), notamment grâce à « l’engouement soudain de la clientèle chinoise pour les perles de Tahiti à partir du second semestre 2023 ». Résultat : trois fois plus de recettes qu’en 2022 (17 milliards de Fcfp contre 6 milliards en 2022), pour des volumes quasiment doublés (17 tonnes contre 9 tonnes). Un bémol toutefois côté pêche : les exportations de poisson perdent 5% en valeur pour un tonnage similaire, et ne rapportent que 2,3 milliards à l’économie du fenua.
Ce mardi, l’Institut de la statistique de Polynésie française va présenter les chiffres du produit intérieur brut pour l’année 2023, qui devrait montrer une hausse marquée.