Le Conseil professionnel des hôteliers s’inquiète d’une baisse de réservation importante sur le mois de juillet par rapport à 2023. Des mauvais chiffres liés, selon l’organisme, aux Jeux Olympiques. D’abord parce qu’ils font flamber les prix des vols du côté de Paris. Mais surtout parce que les épreuves de surf à Tahiti auraient poussé certains tour-opérateurs à déconseiller les voyages en Polynésie sur cette période. Manque d’information, erreur de communication ? Plus que l’organisation des JO, ce sont les autorités touristiques qui sont appelées à réagir.
Les touristes bouderaient-ils la destination Polynésie sur la période des Jeux olympiques ? « Un sujet chaud » à quasiment trois mois des épreuves de surf de Teahupoo s’alarme Thierry Buttaud, directeur général de South Pacific Management et coprésident du Conseil des Professionnels de l’Hôtellerie (CPH). Non seulement l’organisme ne voit « pas d’incidence positive » des JO sur les réservations, mais il fait état de « retards conséquents » dans les chiffres dans certains établissements « de toutes îles, y compris Bora Bora ». La baisse de réservations, d’une année à l’autre, atteindrait 25% d’après le CPH, une estimation cohérente avec celles de professionnels qui s’étaient confiés il y a quelques jours à nos confrères de Polynésie la 1ere. Il faut préciser que ces baisses sont calculées par rapport à 2023, une année record, qui profitait encore du boom d’après-covid et du « revenge travel ». Mais les chiffres de réservations 2024 serait aussi en deçà de ceux de 2018, d’après le CPH. En tout cas pour le mois de juillet : cette baisse ne se traduit ni sur le mois de juin ni sur celui d’août.
Campagnes de promotion pour remplir en juillet
Un phénomène auquel « nous ne nous attendions pas du tout » reconnait Thierry Buttaud. Et pour cause : beaucoup de professionnels espéraient que l’approche des épreuves de surf des Jeux olympiques, qui seront lancées le 27 juillet après une semaine de sessions d’entrainement à Teahupo’o, ait plutôt tendance à doper les chiffres de juillet. « Ça nous oblige à réagir, précise-t-il encore. Certains ont lancé des campagnes de promotions pour espérer attirer des clients supplémentaires. C’est à priori un petit peu difficile, mais on va faire le maximum pour attirer du monde ».
Pour le dirigeant de South Pacific Management, aucun doute : les Jeux ont, plutôt qu’attiré, eu une influence négative sur les réservations. Mais pas de façon directe. Le coprésident CPH évoque d’abord le prix des billets de « pré-acheminement » vers Paris, dont les tarifs ont explosé à l’approche des JO. De quoi faire renoncer certains touristes européens à la destination Polynésie. « Et le prix des billets d’avion pour venir à Tahiti sont ce qu’ils sont, on les connaît et ils sont assez cher même s’il y a des tarifs intéressants parfois », reprend le professionnels… Qui n’évoque pas le prix des hébergements lui-même : si les prix de l’aérien n’ont pas bougé ces dernières années, le revenu moyen par chambre des hôteliers a bondi de 50 à 60% entre 2019 et la fin 2023.
Mauvaise communication des tour-opérateurs
L’autre difficulté pour le mois de juillet serait en lien avec la mauvaise communication faite par les tour-opérateurs hexagonaux. « Il y a eu des messages émanant de certains professionnels du tourisme disant que la période n’était pas favorable pour venir en Polynésie, que les Jeux olympiques allaient créer toute une effervescence, toute une animation importante en Polynésie qui n’est pas propice à un séjour calme, assure Thierry Buttaud. Les professionnels ont peut-être, inconsciemment ou pas, conseillé à leur client de ne pas venir en Polynésie au mois de juillet ».
Les tour-opérateurs mal informés ? Les yeux se tournent vers Tahiti Tourisme qui est chargé de faire la promotion du fenua. Une réunion a d’ailleurs été organisée pour tenter de trouver une solution, mais surtout pour faire en sorte de « rappeler aux opérateurs que Tahiti est là, qu’il y a de la place, qu’ils peuvent envoyer sans problème leur client en Polynésie et qu’il n’y aura pas de dérangement lié au Jeux olympiques ».
À noter que la baisse des chiffres de 2024 n’est pas limité au mois de juillet. Comme le note l’ISPF le nombre de chambres louées en février a baissé de 9% par rapport à 2023. Depuis le début de l’année, le coefficient moyen de remplissage est en baisse de 6%, toujours par rapport à l’année dernière, une année record pour la filière.