Deux hommes ont été condamnés ce jeudi pour avoir vandalisé la statue de Bobby Holcomb à Huahine. Dans leurs cerveaux alcoolisés, la présence de cette statue à proximité d’un marae relevait de l’idolâtrie. Ils doivent effectuer 118 heures de travaux d’intérêt général sous 6 mois, faute de quoi ils purgeront 4 à 6 mois de prison.
Mi-décembre, l’artiste Evrard Chaussoy, plus connu pour sa peinture, installait temporairement une monumentale statue en bronze de 3,50 mètres et 2,7 tonnes devant le fare pote’e de Maeva, à Huahine, pour marquer le 30e anniversaire du décès de Bobby Holcomb qui s’était installé sur l’île. Le 8 janvier dernier, deux marginaux d’une quarantaine d’années avaient vandalisé la statue, d’abord en lui jetant des cailloux puis en la faisant tomber de son socle en béton. Tout en se filmant, bien sûr, ce qui a permis de les identifier rapidement.
Devant le tribunal correctionnel ce jeudi, accusés de dégradation d’un bien culturel, ils risquaient 10 ans de prison. Leur avocat a obtenu la requalification des faits en dégradation du bien d’autrui, car la statue est la propriété de l’artiste qui la destine à la place To’ata. Les deux vandales ont mis leur exploit sur le compte de l’alcool. Mais pas seulement : le fait qu’elle soit installée près d’un marae ne leur plaît pas. « Elle m’énerve cette statue », déclare l’un d’eux à la barre. « C’est un chanteur que tu n’aimes pas ? » demande la juge. « C’est une idole cette statue » ; « et alors ? » ; « elle provoque la colère de Dieu. »
Le procureur a souligné le « manque de civisme patent, le manque de compréhension de la diversité des communautés ». Le tribunal les a condamnés à 118 heures de travaux d’intérêt général à effectuer dans les prochains 18 mois, assortis d’un sursis probatoire de 4 mois pour l’un et 6 mois pour l’autre. La demande d’indemnisation de l’artiste, qui estime le coût du transport et des réparations de son œuvre à près de 4 millions de Fcfp, sera étudiée en mai 2022.