Le tribunal correctionnel de Papeete a condamné onze prévenus pour « escroquerie » dans l’affaire « Sofipac », la plus vaste affaire de fraude à la défiscalisation de l’histoire de la Polynésie. Si les peines de prison ont été beaucoup plus légères que celles demandées par le parquet lors du procès en octobre dernier, le tribunal a prononcé en tout 308 millions de Fcfp d’amendes.

Le tribunal correctionnel n’aura pas suivi les réquisitions du parquet dans la plus grande fraude à la défiscalisation de l’histoire de la Polynésie. Un dossier ouvert en 2010 suite à un redressement des contributions et qui a mis à jour plusieurs centaines de dossiers bidonnés, plus de 3,8 milliards de Fcfp de fausses factures et plus de 1,3 milliard de Fcfp d’argent de l’Etat rétrocédé sans raison aux prévenus… Le « cerveau » de cette vaste fraude, l’ancien patron de la Sofipac William Bernier, a été condamné à 5 ans de prison dont 3 avec sursis, 50 millions de Fcfp d’amende et 5 ans d’interdiction de gestion. Il reste néanmoins en liberté et sa peine sera aménagée. Le parquet avait demandé 7 ans de prison ferme à son encontre, avant que l’escroc ne tente de mettre fin à ses jours à l’issue du procès. William Bernier est actuellement absent du fenua. Son avocat, Me Gourdon, ne sait pas encore s’il fera appel de cette décision…

La principale apporteur d’affaire, Yolande Wong Lam, âgée de 72 ans et bénéficiaire du RST, écope de 4 ans de prison dont 3 ans avec sursis, 35 millions de Fcfp d’amende et 5 ans d’interdiction de gestion. Le Parquet avait demandé 5 ans fermes avec un mandat de dépôt et 50 millions de Fcfp d’amende à son encontre. Pour sa fille, Graziella Wong Lam, le tribunal n’a pas retenu la « vente organisée » et ne l’a condamnée qu’à 1 an de sursis, 2 millions de Fcfp d’amende et 2 ans d’interdiction de gestion pour sa complicité. Le perliculteur et ancien président du collectif de lutte contre la vie chère, Francky Tehaamatai, a écopé de son côté de 3 ans de prison, dont 30 mois avec sursis, et 3 millions de Fcfp d’amende. Le conseiller au CESC, Ruben Amaru, écope de 8 mois de prison avec sursis et d’un million de Fcfp d’amende. Joël Marama écope de 18 mois de prison, dont 12 avec sursis, et 20 millions Fcfp d’amende. L’épouse de William Bernier, reconnue coupable de « blanchiment » écope de 2 ans de prison avec sursis, 5 millions de Fcfp d’amende et 5 ans d’interdiction de gestion. Un mandat d’arrêt et une peine de deux ans de prison a été décerné contre l’apporteur d’affaires aujourd’hui en fuite Walter Hugon. Enfin, Rodrigue Ly Sao est le seul prévenu à avoir été relaxé.