ACTUS LOCALES

377 millions de litres, 37 milliards de francs… La Polynésie a toujours soif d’énergies fossiles

2022, année de tous les records pour l’énergie polynésienne. Comme le détaille le bilan énergétique qui vient d’être diffusé par le Pays, l’année passée a été marquée par un pic de production d’énergies renouvelables, qui se taillent une place jusque là inégalée dans le mix électrique (36%). Et pourtant, dans le même temps, reprise économique aidant, la Polynésie a signé un nouveau record de consommation d’énergies fossiles : 310 000 tonnes d’équivalent pétrole importés pour 37 milliards de francs (+81%). L’empreinte carbone, aussi tirée par la gestion des déchets ou le poids des produits importés, ne faiblit pas : 10,6 tonnes de CO2 par an et par habitant, contre 8,9 en métropole. Les chiffres clés de ce bilan.

  • 92,5 %. C’est le taux de dépendance énergétique de la Polynésie en 2022 et qui correspond peu ou prou à la part des énergie fossiles, comme le gazole, l’essence et le gaz, dans la consommation totale d’énergie primaire en Polynésie (92,7%). Bonne nouvelle : ces taux ont atteint leur niveau le plus bas depuis dix ans. La dépendance énergétique était de 93,9% en 2021, et de 94,4% en 2012. Sauf que dans le même temps, la consommation totale d’énergie a elle aussi augmenté, et la part de fossile, même si elle est moindre, représente une consommation record : 310 000 tonnes d’équivalent pétrole en 2012, contre 300 000 en 2021 et 276 000 en 2012.

  • 81%. C’est l’augmentation des dépenses liées aux importations de produits énergétiques. Elles ont atteint 37,1 milliards de francs en 2022, de loin un record de la décennie, du fait de la hausse des cours mondiaux et des tarifs d’acheminement. Ce coût représente aujourd’hui 15% de l’ensemble de la valeur importé en Polynésie.
  • 377 millions : c’est, en litre, le volume d’hydrocarbures importés en Polynésie l’année dernière. Là aussi, il s’agit d’un record. Le chiffre est en augmentation de 2% par rapport à 2021, de 14% par rapport à 2012. Dans le détail, c’est le gazole qui se taille la part du lion, avec 258 des 377 millions de litres contre 156 il y a 10 ans. Le gros de l’augmentation s’explique par le changement de carburant de la centrale de Punaruu, qui a permis d’éliminer entièrement le fioul des importations. L’essence sans plomb (20,7% de la consommation), le carburéacteur (5%) et le GPL (5,6%) complète le panel d’hydrocarbures consommés.

  • +32%. C’est l’augmentation, en un an, de la valorisation des ressources énergétiques locales, qui atteint 285,5 GWh en 2022. Le fenua peut remercier ses barrages qui ont produit beaucoup d’électricité l’année dernière (68% du total). S’ajoute la production des panneaux solaires (18% qu’ils soient reliés au réseau ou non), mais aussi les chauffe-eau solaires (8%) ainsi que les Swac, qui représentent à eux seuls 17,6 Gwh de production électrique évitée, et 6% du total des ressources locales.
  • 194. C’est, en GWh la production des barrages hydroélectriques en 2022. Un chiffre record, là encore, en partie grâce à la rénovation de certains moyens de production, et aux nouvelle techniques de gestion du renouvelable sur le réseau. La production hydroélectrique était de 142 GWh en 2021 et 160 en 2012. Même si les énergies renouvelables bénéficient du plus gros « taux de pénétration » dans le mix électrique de la décennie (36% contre 28 en 2021 et 25,8 en 2012), la production électrique polynésienne reste basée à 64% sur le thermique, et donc sur les énergies fossiles.

  • 3,5 fois plus. L’augmentation de la production d’énergie photovoltaïque entre 2012 et 2022. La puissance installée est passée de 14,8 MW crête (la puissance maximale théorique des panneaux installés) à 52,1 MWc en 10 ans. Un bond qu’il faut relativiser : durant la même période, la puissance installée en solaire a été multipliée par 4 au niveau national, et elle a même été multipliée par 6 en 5 ans en Nouvelle-Calédonie. Les trois projets de fermes solaires autorisés l’année dernière par le gouvernement, et en construction, devraient donner un nouvel élan à cette production renouvelable, avant un deuxième appel à projets photovoltaïque, déjà lancé, mais toujours sans lauréat.
  • 643,3 GWh. C’est la consommation totale d’électricité des Polynésiens, et si c’est plus qu’en 2021 (633 GWh), ça n’est pas un record : le fenua avait consommé 656,6 GWh en 2019. C’est le niveau d’activité économique qui fait fluctuer cette consommation, mais aussi les tarifs de l’électricité et le poids de l’autoconsommation (panneaux solaires sur les toits).

  • 5,7%. C’est le taux de perte de l’électricité lié à son transport et sa distribution. Un taux en baisse constante (7,9% en 2012, 6% en 2021) mais  qui reste deux fois plus haut que celui de la métropole. S’ajoutent les pertes liées au rendement des centrales thermiques et des groupes électrogènes du pays, beaucoup plus forte. « En 2022, pour 1 kWh consommé, 2,2 kWh sont produits », précise la direction polynésienne de l’énergie.
  • 10,6. C’est, en tonne d’équivalent CO2 l’empreinte carbone annuel d’un habitant de la Polynésie. Un chiffre difficile à comparer dans le temps, la méthodologie ayant évolué, mais qui peut être comparé à celle d’un métropolitain : 8,9 tonnes d’équivalent CO2. Dans le total polynésien, la consommation représente la plus grosse empreinte (dont les produits importés, mais aussi les déchets, dont la mauvaise gestion au fenua représente 15% des émissions) devant le transport (routier, avant tout, mais aussi le transport aérien de personnes et de marchandises), l’alimentation, du fait de la prépondérance des importations, et enfin l’énergie.
  • Les transports restent, de loin, le principal poste de consommation d’énergie du fenua, avec 68% de la consommation d’énergie finale – dont 50% pour les seuls transports routiers), loin la production électrique (21%), la production de chaleur et de froid (7%) et la pêche et perliculture (4%). Le bilan note que 2022, sortie de crise Covid oblige, a marqué le record de nouvelles immatriculations : 12810 tous véhicules confondus, dont 5352 voitures particulières. Parmi ces nouveaux véhicules, seuls 589 étaient en « tout électrique », 1204 motorisés en hybrides, 2261 roulaient au gazole et 8756 à l’essence (dont les deux-roues).

 

 

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