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+3°C avant 2100 : la trajectoire climatique est « catastrophique », pour l’ONU

Les engagements climatiques actuels placent la planète sur une trajectoire de +2,5 à +2,9 °C d’ici la fin du siècle. Impossible, dans ces conditions, d’éviter ou même limiter les effets les plus cruels du réchauffement, des catastrophes naturelles aux pénuries d’aliments ou d’eau. L’ONU appelle à « redoubler d’efforts » à l’approche de la COP28. Les précisions de notre partenaire Europe1. 

Les engagements climatiques pris par les pays du monde entier placent la planète sur une trajectoire de réchauffement catastrophique allant jusqu’à 2,9°C au cours de ce siècle, alerte lundi l’ONU, dont le patron a appelé les dirigeants à « redoubler d’efforts » à l’approche de la COP28.

« Nous ne sommes pas du tout là où nous devrions être »

La poursuite des politiques actuellement en place laisse présager une hausse des températures de 3°C, par rapport à l’ère pré-industrielle, au cours de ce siècle, selon la dernière mouture du rapport du Programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE) sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, publié chaque année avant la COP.

La mise en œuvre des engagements climatiques actuels pris par les pays du monde entier ne permettra de contenir la hausse qu’à 2,9°C en tenant compte de leurs promesses inconditionnelles pour le futur – qui ne sont soumises à aucune condition de soutien extérieur – selon ce document publié juste avant le début des grandes négociations sur le climat à Dubaï dans le cadre de la COP28 (30 novembre – 12 décembre). Ce chiffre serait ramené à 2,5°C en intégrant leurs engagements conditionnels (par exemple conditionnés à l’obtention de financements ou à des efforts d’autres pays).

« Les dirigeants doivent redoubler d’efforts de façon spectaculaire, avec des ambitions record, des actions record et des réductions des émissions record », a exigé le secrétaire général de l’ONU António Guterres. « Cela nécessite d’arracher les racines empoisonnées de la crise climatique : les énergies fossiles », a-t-il insisté lundi devant la presse. « Nous avons beaucoup de travail à faire parce que pour l’instant, nous ne sommes pas du tout là où nous devrions être » et « nous devons réduire phénoménalement nos émissions de CO2 », a aussi dit à l’AFP Inger Andersen, la directrice exécutive du PNUE.

« Compte tenu de l’intensité des impacts climatiques auxquels nous assistons déjà, aucun de ces deux résultats n’est désirable », a-t-elle insisté, faisant référence à cette fourchette de 2,5 à 2,9°C.

Les objectifs de l’accord de Paris risquent d’être très largement dépassés

Ces niveaux de réchauffement sont bien trop élevés pour espérer limiter les effets les plus cruels du changement climatique, qui se traduit déjà par des feux incontrôlables, des inondations dévastatrices ou des sécheresses privant des populations de revenus et de nourriture, avec un réchauffement actuel moyen de 1,2°C. Le rapport publié lundi s’inquiète d’une « accélération » du nombre de records battus sur le front du climat.

Il est déjà quasiment certain que l’année 2023 sera la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, selon l’observatoire européen Copernicus. Ces sombres perspectives illustrent aussi le risque de dépasser très largement les objectifs de l’accord de Paris de 2015, qui ambitionne de conserver l’augmentation de la température moyenne mondiale « bien en dessous de 2°C » et de poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C. « Dans le scénario le plus optimiste, la probabilité de limiter le réchauffement à 1,5°C est de seulement 14% », calcule le PNUE.

« On ne peut pas appuyer sur pause »

Pour respecter ces objectifs, de plus en plus difficiles à atteindre, des politiques très ambitieuses de réduction des émissions vont devoir être mises en place, qui doivent être « significativement renforcées », répète l’ONU Environnement, basée à Nairobi. « Quand on voit que le G20 est responsable de 76% des émissions mondiales, on sait qui doit prendre la responsabilité fondamentale », fait remarquer Inger Andersen, enjoignant ces grosses économies (États-Unis, UE, Chine, Arabie saoudite…) à « aller de l’avant ».

« On compte 193 pays dans le monde et ce ne sont pas ce que font les 173 autres qui feront la différence », souligne la responsable. En 2030, les émissions mondiales devront être de 28% inférieures à ce que laissent présager les politiques actuelles, pour rester sous 2°C, et de 42% inférieurs pour la limite, plus ambitieuse, de 1,5°C. L’ONU appelle donc les Etats à renforcer leurs engagements, formalisés tous les cinq ans sous la forme de « contribution déterminée au niveau national » (NDC, en anglais) par les 195 signataires de l’accord de Paris de 2015.

À l’approche de la COP28, Inger Andersen se dit optimiste sur la capacité des pays à faire des progrès en dépit des fractures causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la guerre Israël-Hamas. « Les pays et les délégations comprennent que, en dépit des divisions profondes qui existent et sont indéniables, l’environnement et le climat n’attendront pas. On ne peut pas appuyer sur pause », insiste-t-elle.

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