ACTUS LOCALES

4,3 milliards de francs de prêts pour financer les Jeux du Pacifique

Le Pays mène des discussions depuis plusieurs mois avec la Banque des Territoires et l’AFD pour contracter des prêts ciblés sur des grands projets. Et la première opération qui devrait profiter de ces « nouveaux instruments », ce sont les constructions et réhabilitations des sites de Tahiti 2027. En plus des financements d’État et des fonds propres, le gouvernement, qui connait le retard déjà accumulé sur le lancement des chantiers, veut emprunter 4,3 milliards sur les 12,5 que représentent le budget d’investissement de ces Jeux. L’exécutif assure, dans le budget 2025, avoir trouvé des conditions de crédit « très favorables ». 

Fin octobre, le Comité d’organisation des Jeux (Coj), le Pays et l’État et le COPF lançaient à la pointe Vénus le compte à rebours des prochains Jeux du Pacifique. À « J-1000 », et même une vingtaine de jours de moins depuis, une question reste toutefois en plan : les infrastructures promises pour la compétition seront-elles prêtes à temps ? La ministre des Sports Nahema Temarii reconnaissait récemment que le lancement de beaucoup de chantiers avait tardé – du fait du changement de gouvernement, de l’organisation des JO, et des « deux ans de retard » qui auraient été, d’après elle, pris sous l’ancienne mandature -, et que la promesse faite au Pacific Games Council de livrer les sites définitifs un an avant l’évènement, donc en 2026, ne serait pas tenue. Mais elle précisait aussi que « tous les chantiers seront lancés courant 2025 ».

6 milliards d’autorisation de programme, 2 milliards de crédits débloqués

Le projet de budget primitif du Pays déposé en fin de semaine dernière par le gouvernement sur le bureau de l’assemblée prévoit effectivement des grands mouvements en vue de Tahiti 2027. L’exécutif y liste les aides en fonctionnement destinées à divers acteurs du monde sportif pour préparer les Jeux. 120 millions pour le Coj, qui prépare entre autres l’hébergement et l’accueil des athlètes, 153 millions pour le COPF, pour payer les droits d’accueil au PGC, assurer une présence renforcée aux Mini-Jeux de Palau en juillet et développer le programme « Ambitions 2027 », 75 millions aux fédérations, toujours dans le cadre de ce plan de performance, que le COPF aurait espéré voir soutenu bien plus tôt… Mais c’est surtout du côté des investissements que le BP 2025 passe à la vitesse supérieure.

Sur les 12,5 milliards de francs de dépenses prévues dans les équipements sportifs pour Tahiti 2027, 6,24 milliards de francs sont inscrit dans ce budget en autorisation de programme, et 2,11 milliards de francs en crédits de paiement pour l’année. Le gouvernement note au passage que « 793 millions F CFP sont également inscrits pour les infrastructures des communes de Papeete, Pirae et Arue », principales hôtes de la compétition.

Nouvel instrument et « conditions très favorables »

Comment sont financés ces investissements ? Au travers du Contrat de transformation et développement signé en juin dernier à Paris, et des subventions de l’État, qui pèsent en cumulé 3,819 milliards de francs dans la préparation de la compétition. Au travers, aussi, d’emprunts pluri-annuels qui doivent être contractés par le Pays en 2025. Le gouvernement, empêtré dans des dettes Covid qui « obèrent sa capacité à financer ses politiques sectorielles » semble décidé à avoir moins recours à des prêts versés sur un exercice, et davantage à des prêts ciblés sur des projets. Une façon de faire qui n’est pas la norme pour la Polynésie mais qui avait déjà été utilisée, par exemple, pour le financement du Swac de l’hôpital ou du pôle de santé mentale. Ces prêts ciblés permette davantage de souplesse et devraient représenter une charge de dette moins importante, assure le gouvernement dans le BP, expliquant que les fonds peuvent être débloqués au moment opportun du projet, et donc ne pas rester « dormants » dans les comptes en générant des intérêts. Et la première opération qui devrait profiter de ce « nouvel instrument » désormais privilégié, c’est justement Tahiti 2027.

Pour cela, le gouvernement mène depuis quelques mois des discussions avec la Banque des Territoires, récemment installée au fenua et louée dans le projet de budget pour ses propositions intéressantes, et avec l’AFD, que le Pays connait déjà bien puisqu’il doit près de 88 milliards de francs à l’agence de l’État, soit 60% de son endettement. Au total, c’est 4,296 milliards de francs qui devraient être empruntés auprès de ces deux acteurs pour l’investissement dans les Jeux du Pacifique. « Ces deux emprunts conclus sous la forme de conventions pluri-annuelles assurent le financement de tous les travaux jusqu’à livraison complète des infrastructures dans des conditions de taux et de décaissement très favorables au Pays : taux bonifiés, délais de mobilisation longs, pas de commissions d’engagement et de dédit », précise le gouvernement dans un « Focus sur les Jeux » présenté aux élus de Tarahoi. Les conditions exactes de taux (qui seront variables et adossés sur le livret A) et le calendrier de signature de ces prêts ne sont pas précisés à ce stade. Mais l’exécutif l’assure : « Cette nouvelle année devrait permettre aux premières constructions de commencer à sortir de terre ».

Les opérations d’investissement pour Tahiti 2027 inscrites au budget 2025 et aux précédents :

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