ACTUS LOCALESJUSTICE

6 ans ferme pour 20 ans de viols conjugaux et de violences

Pour avoir fait subir à sa compagne 20 ans de viols conjugaux et de violences diverses, le tribunal de première instance a condamné M.V. à 6 ans de prison ferme, une peine assortie de 3 ans de suivi socio-judiciaire ainsi qu’à des dommages-intérêts à hauteur de 1,5 millions de Fcfp. 

C’est l’intervention de la police municipale le 5 janvier 2021 à Mahina, au domicile du couple, qui avait permis à la victime de porter plainte et d’entrainer l’arrestation de M. V. Il avait battu sa femme lors d’un rapport non consenti. L’importance des blessures se mesurait à 7 jours d’ITT. Cette interpellation mettait fin à des violences qui duraient depuis août 2000.

La victime confiait alors enfin à la gendarmerie le calvaire qu’elle vivait depuis plus de 20 ans. Des brutalités répétées, comme des jets d’objets ménagers de toutes sortes : poêles, bouteilles, chaises, clous, fourche. Mais également des menaces de mort à l’arme blanche.

En plus de subir des violences conjugales, la victime était forcée régulièrement par son compagnon à avoir des pratiques sexuelles qu’elle ne souhaitait pas.

La victime avait porté plainte contre son compagnon il y a quelques années, mais l’avait retirée compte tenu de l’emprise déjà grandissante de son conjoint sur elle.

La question de l’emprise

Interrogés par la gendarmerie, plusieurs membres de son entourage disaient avoir été  témoins des dégâts laissés sur le corps de Mme T.  par les violences régulières.  Certains lui avaient demandé de quitter son conjoint. L’un d’entre eux concluait : « tant qu’elle ne décidait pas de le faire d’elle-même, il n’y avait rien à faire, elle serait retombée » sous son influence. Son ancienne compagne a témoigné de violences physiques, mais n’avait pas subi d’agressions sexuelles. En revanche, en 2008, il avait fait des avances insistantes à une enfant de 11 ans, sans pouvoir « expliquer ce qu’il a fait ».

L’expert psychologue a reconnu un phénomène d’emprise avéré sur la victime. Son avocat , Me Dubois, a insisté sur le fait que la dépendance psychologique, physique et monétaire de Mme T. l’empêchaient de fuir son calvaire.

Sous-alimentation et jalousie

À la barre, l’accusé a tenté de minimiser les violences qu’il faisait subir à sa femme – « elle n’a pas inventé mais elle a exagéré » – malgré les faits présentés et expliqués de manière très détaillée par le président du tribunal. Dont la jalousie maladive de l’accusé et la sous-alimentation de la victime, qu’il avait obligée à quitter son emploi. Mais sans lui laisser assez d’argent pour se nourrir : elle était passée de 95kg à 52kg en quelques années. Son compagnon ne lui laissait pas assez d’argent pour pouvoir se nourrir correctement.

M.V. a été condamné à 6 ans de prison ferme, dont un an et demi déjà purgé en détention provisoire. Une peine assortie d’un suivi socio-judiciaire de trois ans, de 1,5 million de Fcfp de dommages-intérêts, et d’une inscription au fichier des délinquants sexuels. Me Dubois a conclu que sa cliente était « soulagée par la décision du tribunal. Elle peut enfin commencer le deuil de ses traumatismes et commencer à aller de l’avant. »

Article précedent

Patrick Capolsini : "C'est le rôle de l'université d'accueillir tout le monde"

Article suivant

Journal de 7h30, le 24/08/22

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

6 ans ferme pour 20 ans de viols conjugaux et de violences