Ce mardi au tribunal un détenu à été condamné à une peine de six mois ferme pour tentative de corruption sur un surveillant pénitentiaire.
Âgé d’une trentaine d’années, le prévenu n’en est pas à son coup d’essai dans ses tentatives de corruption. Il y a quelques années déjà il avait été condamné pour avoir offert de l’argent à un gendarme qui le contrôlait alors qu’il roulait sans permis. Actuellement en détention, cette fois c’est un « maton » qu’il a tenté de corrompre et voyant que cela ne marchait pas, l’a accusé de corruption et envoyé des courriers aux instances judiciaires pour le dénoncer.
C’est un paquet de cannabis qui est à l’origine de cette histoire, un paquet envoyé par-dessus le grillage dans la cour de promenade des détenus. Le destinataire de l’envoi, ne voulant pas se faire connaître, trouve un codétenu qui accepte de porter le chapeau en échange de quelques services.
On ne sait pour quelles raisons, l’accusé va alors voir le surveillant en disant que le vrai destinataire du cannabis n’est pas le prisonnier qui s’était dénoncé, mais un autre. Comme tout se sait en prison, son entrevue avec le surveillant lui vaut un passage à tabac de la part de ses codétenus.
Tentative de chantage
Persuadé que la fuite de son indiscrétion provient du surveillant, il décide de le faire chanter. Le deal est simple, en échange de divers avantages comme des cigarettes et des gâteaux il ne dira rien aux supérieurs hiérarchiques du surveillant. Celui-ci refuse, et c’est là que les lettres de dénonciation commencent à arriver dans les bureaux de la prison mais aussi dans les cellules. Le contenu est clair, le surveillant faciliterait la vie de certains détenus en fermant les yeux sur le trafic habituel dans les centres de détention.
Des courriers qui sont pris au pied de la lettre ses supérieurs, malgré ses 18 années de services sans aucune tache, « une carrière irréprochable » précisera l’avocat du surveillant. Il faut dire, à la décharge des hautes instances pénitentiaires, que dernièrement dans l’actualité judiciaire plusieurs surveillants se sont fait prendre les doigts dans le pot de confiture. Il va sans dire que ces affaires sont donc traitées avec beaucoup d’attention. Après enquête interne il s’est avéré que le surveillant n’avait rien à se reprocher et qu’il était la victime d’une cabale.
Malgré les nombreuses questions du juge, le prévenu est resté muet à la barre, n’apportant aucune preuve de ce qu’il avançait dans ses courriers. Seul « je voulais me venger » est sorti de sa bouche.
« C’est un dur métier que celui de surveillant » attaque le procureur qui poursuit, « on est à la merci de dénonciations, on craint parfois pour sa famille et c’est dans ce contexte que les rumeurs de corruption ont été alimentées par le prévenu et que sa victime est devenue une cible. » Puis regardant le prévenu, « il savait très bien ce qu’il faisait. » Le tribunal a suivi les résuisitions et l’a condamné à six mois ferme et à la révocation d’un sursis de trois mois qu’il avait obtenu suite à une condamnation pour dénonciation mensongère. Il devra verser 200 000 fcfp de dommages-intérêts au surveillant.
Alors que le juge lui demande si il a quelque chose à dire avant de retourner dans sa cellule, le prévenu le regarde et assène : « j’espère que la prochaine fois j’aurais plus de temps pour amener des preuves. »