INTERNATIONALPOLITIQUE Bientôt une région Picardie-Nord-Pas-de-Calais aux mains du FN ? Laurent Bitouzet 2014-07-22 22 Juil 2014 Laurent Bitouzet Le Front national a fait ses meilleurs scores aux européennes, fin mai, dans ces deux régions, où il est arrivé en tête : 38,4% des voix en Picardie, 35,2% dans le Nord-Pas-de-Calais, et 36,2% dans l'ensemble des deux. © REUTERS Le Front national a fait ses meilleurs scores aux européennes, fin mai, dans ces deux régions, où il est arrivé en tête : 38,4% des voix en Picardie, 35,2% dans le Nord-Pas-de-Calais, et 36,2% dans l’ensemble des deux. © REUTERS QUE DISENT LES CHIFFRES ? – Florian Philippot l’assure : en cas de fusion entre les deux régions nordiques, la victoire du FN aux régionales y serait « quasi-assurée ». Vraiment ? Si le projet de réforme territoriale restait en l’état, verrait-on l’une des nouvelles super-régions tomber dans les mains du FN ? La dernière mouture du texte établie à l’Assemblée envisage une fusion entre le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie. Et Florian Philippot en est persuadé, un tel maillage donnerait une victoire « quasi assurée » de son parti aux prochaines élections régionales fin 2015. « D’un grand mal pourrait naître un bien, notre victoire quasi assurée », a écrit le vice-président du parti de Marine le Pen, lundi sur Twitter. Réforme territoriale : nous la combattrons, mais d’un grand mal pourrait naître un bien, notre victoire région NPDC/Picardie,quasi assurée. — Florian Philippot (@f_philippot) 21 Juillet 2014 Petit rappel du mode de scrutin des régionales. Les conseillers régionaux sont élus après un scrutin par liste. Au premier tour, si une liste remporte plus de 50% des voix, elle gagne d’office un quart des sièges. Le reste des sièges est alors réparti entre les autres listes ayant fait plus de 5%, y compris la liste majoritaire. Si aucune liste ne fait plus de 50% au premier tour, toutes les listes ayant fait plus de 10% peuvent se maintenir au second tour. La liste gagnante remporte alors, là aussi, au moins le quart des sièges. Et les autres se partagent le reste avec la gagnante, en fonction des scores. >> Le Vice-président du FN s’est-il emballé ? Eléments de réponse. Le FN cartonne dans ces régions… Le Front national a fait ses meilleurs scores aux européennes, fin mai, dans ces deux régions, où il est arrivé en tête : 38,4% des voix en Picardie, 35,2% dans le Nord-Pas-de-Calais, et 36,2% dans l’ensemble des deux. Le FN y a ainsi fait plus du double que les deux autres principaux partis, le PS et l’UMP. Avec de tels scores aux régionales, en cas de second tour, le FN l’emporterait à coup sûr si deux listes concurrentes se présentaient face à lui (une alliance de la gauche ainsi qu’une alliance de l’UMP et du centre par exemple). … Et la gauche est au plus mal… Un scénario d’autant plus probable que la gauche, qui détient la région Picardie depuis 2004 et le Nord-Pas-de-Calais depuis 1986, est en perte de vitesse dans les deux. Les différentes listes de gauche ont déjà perdu environ 600.000 voix (sur un peu plus d’un million) dans les deux régions, entre les régionales de 2010 et les européennes de 2014. >> LIRE AUSSI – Réforme territoriale : cette autre bataille qui ne dit pas son nom … Mais tout n’est pas encore gagné. Toutefois, la victoire est loin d’être déjà « quasi assurée » pour le Front national. D’une part, les dernières européennes ont été marquées par une très forte abstention. Or, entre les européennes de 2009 et les régionales de 2010, l’abstention avait baissé de 10%. Et à part les européennes de 2014, le FN n’est jusqu’à maintenant jamais arrivé en tête dans les deux régions, y compris aux régionales de 2010. En outre, même si le FN arrivait en tête au premier tour, un « front républicain » serait toujours possible. Car aux régionales, contrairement aux européennes, le mode de scrutin laisse la possibilité d’un second tour. Et donc d’une possibilité de faire barrage. >> LIRE AUSSI – Le « Front républicain » a pris des rides Une chance pour l’UMP ? La droite dite « républicaine » et la gauche pourraient en effet toujours s’allier au second tour pour faire barrage. Une stratégie que l’UMP semble majoritairement rejeter. Mais si le candidat de gauche arrive troisième, on peut imaginer qu’il décide de se ranger derrière la liste conduite par l’UMP. Un scénario tout à fait probable, puisqu’aux Européennes, les listes UMP-UDI avaient rassemblé 458.509 électeurs. Elles représentaient donc la deuxième force derrière le FN (618.398 voix) et devant les listes PS, Front de gauche et écologiste réunies (417.881 voix en tout). Si le même scénario se produisait aux régionales, la gauche pourrait se désister au profit de la droite républicaine. Qui aurait alors assez de voix pour l’emporter. Reste que tout le monde, à gauche, n’est pas non plus pour le « Front républicain ». Et que le FN a, à l’heure actuelle, bel et bien toutes ses chances. Source : Europe1 Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)