INTERNATIONALSOCIÉTÉ Les robots vont-ils « tuer » nos emplois d’ici 2025 ? Laurent Bitouzet 2014-10-27 27 Oct 2014 Laurent Bitouzet © Reuters © Reuters ÉCONOMIE – 3,5 millions d’emplois pourraient être occupés par des robots d’ici 2025. Faut-il s’inquiéter ? Vous avez suivi cette année la série ‘Real Human’ sur Arte diffusée et cela vous a effrayé ? Ce scénario pourrait pourtant devenir réalité. Selon une étude du cabinet Roland Berger rapportée par le Journal du dimanche, les robots pourraient prendre l’emploi de 3,5 millions de salariés d’ici à 2025. Déjà utilisés dans les tâches répétitives et simples, ils pourraient désormais investir les emplois occupés jusqu’ici par les classes moyennes. >> VIDÉO – Les robots-soldats 3 millions d’emplois en danger. Le cabinet juge probable que d’ici à 2025, 20% des tâches effectuées puissent être automatisées. Une telle proportion représente pas moins de 3 millions d’emplois. La majorité des secteurs seraient impactés et le chômage pourrait alors s’élever à 18%. Le bon sens vous fait dire que tous ces robots vont créer beaucoup d’emplois ? Aucunement car le développement de la robotique ne créerait que 500.000 postes dans les nouvelles technologies, la relation client ou encore la maintenance des appareils. Les classes moyennes ont du souci à se faire. On connaît déjà les nombreux robots qui peuplent nos usines et dont l’Allemagne s’est fait une spécialité à l’exportation. Par exemple, ceux s’activant sur les lignes de montage des voitures. Mais les robots de demain auront bien plus de compétences explique Hakim El Karoui, le pilote de l’étude : » la robotisation pourrait être aux cols blancs ce que la mondialisation fut aux cols bleus ». « Elle va toucher les classes moyennes, y compris les classes moyennes supérieures », ajoute-il, « c’est-à-dire certaines professions intellectuelles, dont on va pouvoir automatiser certaines tâches, comme les comptables, les juristes, les journalistes… La machine saura faire sans l’homme à très court terme ». >> LIRE AUSSI – Chine : des robots cuisinent et servent dans un restaurant La recherche a créé des robots plus intelligents que nous. Si les robots peuvent désormais s’attaquer aux emplois des classes moyennes, c’est que la recherche a fait un véritable bond de géant, rapporte Sciences et Vie dans son numéro de novembre. « On ne s’intéresse plus à un seul aspect, comme la reconnaissance vocale ou la vision robotique. On est en train de voir l’émergence de l’intelligence artificielle générale », avance Patrick Régnier du laboratoire d’informatique de Grenoble. Alors que les supercalculateurs des années 1990 opéraient 1.800 milliards d’opérations par seconde, la génération des années 2010 en abat 80.000 milliards par seconde, essentiellement grâce à l’expansion d’internet et à ses capacités de stockage. © Reuters Ma psy est un robot. Grâce à leur intelligence artificielle, les robots pourraient donc investir des domaines qu’on croyait jusque là réservés aux humains. Ellie par exemple est un prototype épatant de psychologue-robot. Capable de mener un entretien de 25 minutes, elle alterne questions informatives, médicales et intimes tout en analysant 68 capteurs braqués sur votre visage. Elle est ainsi capable de diagnostiquer avec succès les troubles dont souffre un patient. Et à la différence d’un psychologue-humain, elle n’est jamais fatiguée et ne se laisse jamais distraire. Des humains oisifs. Devons-nous réjouir de notre future inactivité ? Selon Charles-Édouard Bouée, PDG du cabinet et auteur de l’ouvrage « Confucius chez les automates » : « Nous aurons plus de temps libre pour nos loisirs, mais moins de travail ». Cette « déflagration économique » qui va creuser les inégalités pourrait ainsi conduire à une explosion sociale. >> LIRE AUSSI – Près d’un compte Twitter sur 20 est un robot Moins d’emplois mais plus de pouvoir d’achat ? Le cabinet Roland Berger ne nous prédit pas un avenir uniquement sombre. En effet, investir dans des robots se traduira pour les entreprises par un gain de productivité puisqu’ils peuvent travailler plus vite, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ce qui permettrait, selon l’étude, d’engranger 30 milliards d’euros de recettes fiscales et d’économies budgétaires, et de dégager des investissements privés de l’ordre de 30 milliards d’euros. Les entreprises pourraient enfin dégager 13 milliards d’euros de pouvoir d’achats, redistribués sous forme de dividende et de baisse des prix. Lot de consolation pour pour les particuliers qui auront perdu leur emploi dans l’histoire. Un danger pour notre démocratie ? Hakim El Karoui, le pilote de l’étude, prévient : « les classes moyennes sont le cœur de la démocratie ». Si elles aussi perdent leurs emplois, c’est le modèle politique de nos sociétés qui pourrait vaciller. Si cela n’a pas déjà commencé … le numérique a remis en cause beaucoup d’emplois notamment dans les médias ou la musique mais » on fait comme s’il s’agissait de cas isolés », regrette-il. « Il n’y a aucun débat politique sur le sujet, alors qu’il faudrait anticiper, dire la vérité…Lorsqu’un élu perdra une entreprise du tertiaire, dans sa ville, à cause des robots, il réagira peut-être. Mais ce sera trop tard », prédit-il. >> ECOUTER AUSSI – Hitchbot, le robot auto-stoppeur Source : Europe1 Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)