INTERNATIONAL JO-2016: à Rio, Habiba Ghribi voudra décrocher « sur le terrain » son or du 3.000 m steeple AFP 2016-03-30 30 Mar 2016 AFP Tunis (AFP) – Récupérer l’or olympique des années après suscite-t-il plus de joie ou de frustration? Encore hésitante, la championne tunisienne du 3.000 m steeple, Habiba Ghribi, affiche en revanche une certitude: à Rio, « ce titre, je veux le gagner sur le terrain! ». Jeudi dernier, c’est en pleine préparation pour les JO-2016, que la jeune trentenaire a appris la bonne nouvelle. Saisi par la Fédération internationale (IAAF), le Tribunal arbitral du sport (TAS) a validé les sanctions contre six athlètes russes pour des anomalies dans leur passeport biologique. Parmi elles, Yuliya Zaripova, déchue de son titre mondial de 2011 et de celui des JO de 2012, sur 3.000 mètres steeple. Dauphine malheureuse de la Russe à chaque fois, Habiba Ghribi s’est aussitôt dite « émue » et « fière » à l’idée de récupérer ces médailles d’or. Rencontrée quelques jours plus tard à Tunis, à l’issue d’un entraînement matinal, elle affiche, à froid, des sentiments plus mitigés. Bien sûr, ces deux titres trouveront finalement leur place « dans l’histoire de la Tunisie et de l’athlétisme », se réjouit-elle. Mais « quand on apprend qu’on s’est fait voler la joie au moment de la victoire, ça fait mal. J’aurais voulu qu’on entende l’hymne tunisien à Londres (en 2012) et Daegu » (en 2011), fait valoir la jeune femme. – ‘Le moment ou jamais’ – Pour l’athlète, « tout ça a pris beaucoup d’années ». « Je me suis quand même posée la question de savoir pourquoi ça prenait tant de temps », soupire-t-elle. Alors, pour retrouver un peu du « goût » de ces titres, elle aimerait « qu’on refasse le podium avant (l’épreuve du) 3.000 m steeple à Rio ». Rapidement, Habiba Ghribi regarde néanmoins devant elle, avec la force de caractère entrevue dès ses courses d’adolescente à Sfax, dans le sud tunisien. « Au final, tout ça tombe l’année des JO, et c’est une responsabilité et une énergie en plus: j’ai envie de gagner ce titre sur le terrain. C’est le moment ou jamais », clame celle qui s’est aussi inclinée aux Mondiaux l’an dernier face à la Kényane Hyvin Kiyeng. Revancharde après cette nouvelle 2e place, la Tunisienne avait signé dans la foulée la meilleure performance mondiale de l’année à Bruxelles (9:05.36). « Dans la mesure où je suis la plus rapide, il n’y a pas de raison que je ne gagne pas aux JO », argue Ghribi, désignée « meilleure sportive arabe de 2015 » par les journalistes sportifs arabes. Pour mettre toutes les chances de son côté d’ici août, elle s’apprête à poursuivre sa préparation en altitude, en Afrique du sud puis à Font-Romeu, dans les Pyrénées catalanes. – ‘Sport pauvre’ – « Aujourd’hui, j’ai toutes les conditions pour réussir. Mais ça n’a pas toujours été le cas », enchaîne la jeune femme qui, à ses débuts, n’avait « même pas de quoi acheter des chaussures pour courir ». En Tunisie, « l’athlétisme est un sport pauvre. On a une seule piste correcte. C’est malheureux », déplore l’actuelle pensionnaire du club français de Franconville, en région parisienne. Son expérience « difficile », Habiba Ghribi souhaite qu’elle profite à d’autres athlètes de son pays. « Pour l’instant, je n’ai pas le temps, j’ai ma carrière. (…) Mais après, je pense que je peux faire quelque chose », jure-t-elle. D’ores et déjà, elle espère que sa réussite a permis de faire évoluer les mentalités en Tunisie. « A mon époque, on n’avait pas de précédent. Pas comme en Algérie avec Hassiba Boulmerka ou au Maroc avec Nawal al Moutawakel. On se disait, +la fille (athlète) dès qu’elle va prendre un peu d’âge, elle va se marier et rester à la maison+. Moi je n’avais pas cette idée, je voulais être une championne », raconte-t-elle. Plus largement, la championne pense-t-elle avoir un rôle extra-sportif à jouer, dans un pays confronté à la menace jihadiste cinq ans après sa révolution? Sur ce terrain, Habiba Ghribi avance avec prudence, sans se défausser. « Souvent, on me dit +oui, tu vas être ministre+. Moi je suis dans mon sport, je ne fais pas de politique », dit-t-elle. Pour autant, « le drapeau, à l’arrivée, c’est quelque chose d’énorme », juge la jeune femme. « Parfois j’entends que des athlètes ont changé de nationalité. Moi j’ai besoin du sentiment de gloire pour mon pays, de l’impression de porter toute la Tunisie sur mes épaules ». © AFP FETHI BELAIDHabiba Ghribi lors d’une séance d’entraînement à Rades, dans la banlieue de Tunis, le 26 mars 2016 Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)