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Venezuela : l'opposition manifeste et appelle à la désobéissance

Caracas (AFP) – L’opposition vénézuélienne, qui exige le départ du président et appelle à la désobéissance la population et l’armée, a commencé à manifester mercredi contre Nicolas Maduro, qui a placé ce pays au bord de l’explosion en décrétant l’état d’exception.

A l’appel de la coalition d’opposition, la Table de l’unité démocratique (MUD), majoritaire au parlement, les manifestants tentaient de se diriger vers les sièges des autorités électorales dans une vingtaine de villes. 

A Caracas, où 14 stations de métro avaient été fermées mercredi matin, compliquant les déplacements dans la capitale, un imposant dispositif policier bloquait les manifestants, dont les leaders de l’opposition. 

« Maduro dehors ! » et « référendum, référendum !, criait la foule dans la capitale. 

Pour l’heure, aucun incident grave n’a été signalé, en dehors de tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. Les autorités n’ont pas autorisé ces mobilisations.

« Avec ces mesures extrêmes, il (le président Nicolas Maduro) dévoile sa faiblesse. Ils vont nous envoyer du gaz lacrymogène ? Qu’il en soit ainsi, mais nous allons défiler pour défendre le référendum », a déclaré mercredi avant de manifester le président de l’Assemblée et un des leaders de l’opposition, Henry Ramos Allup.

Cette mobilisation intervient au lendemain d’une brusque crispation des deux camps : l’opposition, majoritaire au Parlement, a appelé mercredi l’armée et la population à la désobéissance, tandis que le président Maduro a invoqué une « fraude » pour écarter le référendum qui le menace.

En réponse, dans la nuit de mardi à mercredi, l’Assemblée nationale a rejeté le décret présidentiel sur l’état d’exception. Les députés, qui ont voté à main levée, ont estimé que l’état d’exception « approfondit la grave altération de l’ordre constitutionnel et démocratique que subit le Venezuela ».

– ‘Ca va exploser ‘ –

Pillages, lynchages et protestations se multiplient dans le pays  où l’électricité et l’accès aux services publics sont limités, alimentant un énorme mécontentement parmi les Vénézuéliens qui doivent déjà faire des heures de queue devant les supermarchés. 

Les experts pointent le risque « d’explosion » du pays et d’affrontements civils alors que sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion de leur président, selon l’institut Datanalisis.

« Les gens sont fatigués. La situation est très mauvaise, ça va exploser à tout moment », a déclaré à l’AFP Lilimar Carrillo, une infirmière de 39 ans qui attendait pour acheter de la nourriture à Guarenas, une ville à 45 km de Caracas, où des protestations ont eu lieu mardi à cause de la pénurie.

Refuser d’écouter l’opposition fait de Maduro un « dictateur en herbe », a réagi le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), l’Uruguayen Luis Almagro.

En cas de vote négatif des députés sur le décret, « nous serons, nous Vénézuéliens, dans l’obligation d’ignorer ce décret », avait averti plus tôt dans la journée Henrique Capriles, le principal leader de l’opposition et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2013 face à Nicolas Maduro.

– ‘Espionnage’ –

« Tous les actes que nous considérons nuls car ils violent la Constitution (…) ignorons-les », avait-il ajouté au cours d’une interview à la radio, appelant une nouvelle fois à descendre dans la rue dès mercredi matin pour réclamer un référendum en vue de destituer le chef de l’Etat. 

M. Capriles a aussi demandé à l’armée de choisir entre la Constitution et le président Maduro. « Je dis aux forces armées: l’heure de la vérité a sonné, celle de décider s’ils sont avec la Constitution ou avec Maduro », a-t-il lancé.

Depuis lundi, le pays a fait un pas de plus vers l’autoritarisme après la proclamation de « l’état d’exception » par Nicolas Maduro, qui multiplie les déclarations à l’emporte-pièce face à une « menace extérieure ». 

Mardi, il a directement accusé les Etats-Unis d’intrusion dans l’espace aérien vénézuélien la semaine dernière, et annoncé une protestation diplomatique officielle.

Washington, qui nie tenter d’influer sur le cours des événements au Venezuela, a de nouveau fait part de sa préoccupation concernant le pays mardi. 

Un décret publié dans la soirée de lundi a étendu durant 60 jours les prérogatives du gouvernement en matière de sécurité et de distribution alimentaire et énergétique.

Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et anti-chavistes s’est intensifié depuis que l’opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour lancer le processus d’un référendum pour révoquer le président, qu’elle espère organiser d’ici fin 2016.

Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive.

Manifestation de l'opposition à Caracas, au Venezuela, le 18 mai 2016. © AFP

© AFP JUAN BARRETO
Manifestation de l’opposition à Caracas, au Venezuela, le 18 mai 2016

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