AFPINTERNATIONALMONDE Eloge funèbre à New York d'Elie Wiesel, salué par des hommages du monde entier AFP 2016-07-03 03 Juil 2016 AFP New York (AFP) – L’éloge funèbre d’Elie Wiesel, décédé samedi à 87 ans, s’est tenu dimanche matin à New York, avant son inhumation prévue dans l’après-midi, tandis que les hommages se multipliaient à travers le monde pour saluer la mémoire du prix Nobel de la paix 1986. La cérémonie, réservée à la famille et aux amis proches, soit quelques dizaines de personnes seulement, a duré une heure environ et s’est achevée vers midi (16H00 GMT) dans une synagogue du quartier de l’Upper East Side à New York, où vivait Elie Wiesel. L’inhumation devait se dérouler dans l’après-midi dans le carré juif d’un cimetière situé dans le comté de Westchester, au nord de l’Etat de New York, selon une source proche de l’organisation des funérailles. « C’était extrêmement émouvant, surtout quand le fils et le petit-fils d’Elie Wiesel ont parlé », a expliqué l’écrivaine et professeure spécialiste de cinéma Annette Insdorf, après la cérémonie. « Ca a rendu très personnelle la perte d’un être qui existait pour tout le monde », a-t-elle ajouté. Durant la cérémonie, le journaliste de télévision Ted Koppel a rappelé qu’Elie Wiesel « aimait rire », qu’il était toujours friand d’une « bonne histoire », selon Mme Insdorf. – ‘Mémorial vivant’ – « C’était très digne. Ils ont réussi à dépeindre la vraie personnalité d’Elie », celle d’un homme qui « respectait l’humanité, qui respectait les gens », a décrit Beatrice Malovany, épouse du hazan (personne qui dirige la prière chantée lors des offices) de la synagogue, Joseph Malovany. La disparition du célèbre écrivain juif américain a été annoncée samedi à Jérusalem par le mémorial de l’Holocauste Yad Vashem. Dès l’annonce de cette disparition, les hommages ont afflué du monde entier. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué sa mémoire, estimant dans un communiqué qu’il était « un rayon de lumière et un exemple d’humanité qui croit en la bonté de l’Homme ». « Elie, maître des mots, a exprimé par sa personnalité unique et ses livres fascinants la victoire de l’humanité sur la cruauté et le mal », a ajouté le Premier ministre. Pour le président américain Barack Obama, avec lequel il avait un projet de livre, « Elie n’était pas seulement le plus célèbre survivant de la Shoah, il était un mémorial vivant ». « Sa vie et la force de son exemple nous poussent à être meilleurs ». Le président français François Hollande a salué « la mémoire d’un grand humaniste, inlassable défenseur de la paix ». La chancelière allemande Angela Merkel a estimé qu’avec la mort « de l’une des personnalités les plus marquantes du siècle passé », « une voix de la morale et de l’humanité s’était (s’est) tue ». « Elie Wiesel nous a tendu la main à nous, les Allemands et a travaillé avec nous inlassablement pour rendre possible un monde meilleur », a-t-elle insisté. Il avait accompagné M. Obama et Mme Merkel sur le site du camp de concentration de Buchenwald. « Après que nous avons marché ensemble parmi les fils de fer barbelés et les miradors de Buchenwald, Elie m’a dit des mots que je n’ai jamais oubliés – +La mémoire est devenue un devoir sacré pour tous les hommes de bonne volonté+ », a déclaré samedi M. Obama. Rescapé des camps de la mort nazis, Elie Wiesel a consacré sa vie à la mémoire de la Shoah et à la lutte contre l’indifférence, l’intolérance et l’injustice. – ‘L’oubli, une maladie collective’ – « L’oubli n’est pas une maladie individuelle mais collective », estimait-il. Pour « empêcher l’oubli » de la Shoah et favoriser la compréhension entre les peuples, ce « messager de l’humanité », comme l’a qualifié le comité Nobel, a créé la Fondation Elie Wiesel pour l’Humanité, avec son épouse Marion, et l’Académie universelle des cultures. Elie Wiesel s’est engagé pour de multiples causes, contre le génocide rwandais ou les massacres ethniques en Bosnie notamment, car il avait fait le voeu « que toujours, partout où un être humain serait persécuté, (il ne demeurerait) pas silencieux ». Né le 30 septembre 1928 à Sighet en Roumanie (alors Transylvanie), dans une famille pauvre, Elie Wiesel est déporté à 15 ans au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, où sa mère et sa plus jeune soeur sont assassinées. Son père meurt devant lui à Buchenwald où ils ont été transférés. A sa sortie du camp, en 1945, il est recueilli en France par l’OSE (oeuvre juive de secours aux enfants) et y vit jusqu’à 28 ans. Après des études de philosophie à la Sorbonne, il devient journaliste et écrivain. Son premier roman, « La nuit » (1958), sur ses souvenirs d’enfant déporté, reste le plus connu. Il sera suivi d’une quinzaine d’autres (en français, en anglais, en hébreu et en yiddish), de trois pièces de théâtre et de nombreux essais. Citoyen américain depuis 1963, Elie Wiesel a partagé sa vie entre les Etats-Unis, la France et Israël, dont il avait refusé la présidence en 2006. © AFP KENA BETANCURLe cerceuil d’Elie Wiesel à la sortie de la synagogue, le 3 juillet 2016 à New York Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)