INTERNATIONAL Le "rêve" exaucé d'un Soudanais, passé en Angleterre juste avant le démantèlement de la "Jungle" AFP 2016-11-03 03 Nov 2016 AFP Lille (AFP) – Aux premières lueurs du jour, le 24 octobre, alors que des centaines de migrants faisaient la queue devant le centre de transit installé près de la « Jungle », Bakhit et trois autres Soudanais exaucent leur « rêve » d’Angleterre après avoir payé un passeur, sans doute les derniers habitants du bidonville à traverser la Manche. « Après toutes ces souffrances, je ne sais pas si je dois être heureux, mais la +Jungle+ est désormais derrière moi », souffle Bakhit, 36 ans, rencontré dans lors du démantèlement de la zone sud en mars, et recontacté par l’AFP via un réseau social. Cachés dans un poids lourd grâce aux services d’un passeur, les quatre hommes sont découverts par la police aux frontières à Douvres, où « on a demandé l’asile » et où « une association en charge des réfugiés nous a conduits à Manchester ». Dans la grande ville du nord de l’Angleterre, ils sont depuis logés et nourris par le ministère britannique de l’Intérieur, en attendant les suites données à leur demande d’asile, que Bakhit dit attendre avec une certaine anxiété. « Ma plus grande inquiétude est d’être renvoyé au Soudan. Ma vie y est en danger », témoigne-t-il, tout en se disant « soulagé » d’avoir réussi à passer. Cet ancien employé du ministère du Tourisme a fui Khartoum, capitale du Soudan, début 2015. Après sa participation à une manifestation contre le président Omar El-Béchir, raconte-t-il, « les services de renseignements sont arrivés chez nous. Ils m’ont manqué et sont repartis avec mon petit frère. Depuis, on n’a plus de ses nouvelles ». « A-t-il été tué ? Je ne sais pas. Je sais que c’est moi qu’ils voulaient ». – Promo sur les passages clandestins – Arrivé en Libye dans un camion, il a dû attendre « plusieurs mois dans des conditions difficiles », avant de pouvoir s’embarquer sur un bateau pour 200 euros, direction l’Italie. Il arrive à Calais en septembre 2015. « Quand j’étais au Soudan, des amis qui se trouvaient en Angleterre m’ont dit qu’il était facile de passer la frontière », se souvient-il. Mais au cours de son séjour dans la « Jungle », long d’une année, Bakhit a compris que « les choses avaient changé ». « J’ai tenté à trois reprises de passer par la rocade portuaire (où les migrants créaient des barrages pour grimper sur les camions, ndlr). Je me suis retrouvé avec trois cicatrices au ventre, au bras et à la jambe », regrette-t-il. Et « j’ai même pris le risque de donner 7.000 euros, mes dernières économies, à un passeur que je n’ai jamais revu ». Le 22 octobre, alors qu’il avait perdu tout espoir de rejoindre l’Angleterre et préparait ses affaires en attendant le démantèlement du bidonville pour monter dans un car, il reçoit une proposition d’un de ses amis. « Il m’a dit qu’il y avait une sorte de promotion où plusieurs passeurs ont baissé les tarifs, que quelqu’un était prêt à nous faire traverser contre 6.000 euros pour nous quatre. On n’a pu rassembler que 4.000 euros, mais il a accepté. La traversée a duré toute la nuit ». Aujourd’hui, à Manchester, la sécurité est sa priorité. « Quand j’aurai le statut de réfugié, je suivrai des cours de langue avant de chercher un travail. Ensuite, je mettrai ma famille en sécurité », glisse-t-il, espérant à terme la faire venir du Soudan. © AFP PHILIPPE HUGUENDes migrants quittent le centre Jules Ferry, le 3 novembre 2016 à Calais Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)