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« Graves dysfonctionnements » au laboratoire d’Uturoa

Un rapport de l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass), auquel Radio 1 a eu accès, fait état de « graves dysfonctionnements » au sein du laboratoire d’analyses de biologie médicale de l’hôpital d’Uturoa. Principal personnage mis en cause, le responsable du service, François Devaud, s’est vu retirer la responsabilité du management du laboratoire.

Non-conformité, absence d’autorisation d’ouverture, effectifs insuffisants et contraires à la loi, résultats d’analyses faux ou incohérents, conflits ouverts entre biologistes, népotisme du responsable de service… La liste des « graves dysfonctionnements » au laboratoire d’analyses de biologie médicale de l’hôpital d’Uturoa est conséquente et sérieuse.

Ces dysfonctionnements figurent noir sur blanc dans un rapport établi par les docteurs Pascal Gouëzel et Didier Mathis, médecins-inspecteurs de santé publique à l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass), à l’issue d’une mission qu’ils ont effectuée au sein de ce laboratoire d’Uturoa le 26 mars 2018. Ce rapport, commandé par la direction de la santé publique, a été adressé à sa directrice le 12 avril 2018, qui l’a transmis au directeur de l’hôpital d’Uturoa le 20 avril 2018.

Les conclusions de ces deux médecins sont édifiantes. En premier lieu sur le plan administratif. Le laboratoire « ne dispose pas de l’autorisation permettant son ouverture », « le directeur du laboratoire, qui est le directeur de l’hôpital, ne remplit pas les conditions pour exercer ces fonctions », et le nombre de techniciens à temps complet est insuffisant et contraire à la loi. Enfin, « les analyses de biochimie ne sont pas réalisées dans une salle réservée à cet effet et c’est un point de non-conformité », écrivent notamment les inspecteurs.

La « pénurie de techniciens de laboratoire », et la « pénurie itérative de réactifs due à la mauvaise gestion des commandes » ont « interdit la réalisation de certains actes » ces dernières années. Le laboratoire remet parfois « des résultats faux (erreurs de dosage de la TSH par exemple) » et commet « de nombreux écarts aux procédures de transport ».

Le principal biologiste pointé du doigt

Le rapport des deux médecins-inspecteurs dresse ensuite une longue liste de griefs à l’endroit du biologiste responsable du laboratoire, qui s’est depuis vu retirer le management du laboratoire. François Devaud y est décrit comme « un pharmacien-biologiste n’ayant pas suivi de formation continue depuis plusieurs années, n’ayant pas intégré l’évolution vers une démarche qualité, réunissant autour de lui quelques fidèles travaillant depuis toujours au laboratoire, dont son beau-fils (assistant qualifié de laboratoire) ».

Le rapport note, « sur la période de janvier 2017 à mars 2018, 36 fiches de déclaration d’évènements indésirables concernant le laboratoire », un « conflit ouvert » avec le deuxième pharmacien biologiste (aujourd’hui parti), et les « départs de nombreux techniciens (démission, changement de poste, arrêt maladie, décès) » clairement causés par la « dégradation des conditions de travail ».

Les trois derniers biologistes assistants recrutés en CDD ont fait long feu. Le contrat de Catherine Chagnon « n’a pas été renouvelé, sans justification ». À sa suite, Christelle Auvray n’a pas demandé son renouvellement, « en raison d’une incompatibilité de travail avec François Devaud ». Enfin, le dernier en date, Cédric Shawall, « a sollicité son renouvellement mais uniquement pour une période de six mois et à la condition de ne pas travailler avec François Devaud ». Ce dernier a été contraint par la direction de l’hôpital à solder ses 90 jours de congés.

Treize recommandations

Les deux inspecteurs auteurs du rapport ont donc écrit treize recommandations à la direction de la santé, dont ces trois premières : « Entamer une procédure disciplinaire pour faute à l’encontre de François Devaud, retirer la responsabilité du service à François Devaud, désigner les chefferies de service. » Ils recommandent aussi de « nommer un cadre de laboratoire à temps plein, au moins jusqu’à la correction de l’ensemble des dysfonctionnements ».

Selon nos informations, la direction de la santé, qui a commandé ce rapport à l’Arass au mois de février après avoir reçu plusieurs plaintes, a décidé de suivre plusieurs de ces recommandations, mais pas toutes. Il n’y aura pas de procédure disciplinaire pour faute à l’encontre de François Devaud, qui reste donc en poste au laboratoire. En revanche, la responsabilité du service lui a été retirée et confiée au président de la Commission médicale d’établissement de l’hôpital d’Uturoa, Pierre Cantiteau. Enfin, Cédric Shawall ayant aujourd’hui quitté le service, il reste à recruter un second biologiste au sein du laboratoire, deux biologistes étant le minimum obligatoire pour refaire une demande d’autorisation d’ouverture et retrouver un début de conformité légale.

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4 Commentaires

  1. 13 septembre 2018 à 5h41 — Répondre

    Est-on certain que ce responsable du laboratoire n’est pas « serpillothérapeute » ce qui confirmerait les erreurs que l’ont peut qualifier de graves dans les analyses conduites sous la responsabilité de ce monsieur ? On peut se poser la question sur la décision suivante : « Il n’y aura pas de procédure disciplinaire pour faute à l’encontre de François Devaud, qui reste donc en poste au laboratoire.  » Deux des trois derniers biologistes ne voulaient plus travailler avec ce monsieur, c’est explicite non ?

  2. Teina
    13 septembre 2018 à 9h51 — Répondre

    Le pays est incapable de gérer ses hôpitaux Taravao, Uturoa et Taihoae. Je conseille au président de confier la gestion de la santé à l’Etat. Vivement que l’on devient un département d’outremer

  3. KRAUSE
    13 septembre 2018 à 15h18 — Répondre

    Les hôpitaux periferiques doivent être gérer par le CHPF comme les hôpitaux de la Salpetrieres de Paris il troues été questions mais les autorités n’osent pas se prononcées

  4. Max
    20 septembre 2018 à 6h21 — Répondre

    AVALCHA ou LE POPOTI TARAVANA (le cafard déchaîné)

    Avant toute réponse à cet « article », « pamphlet » ou « torchon », nous allons rappeler à ce « journaliste ? », la Charte d’éthique professionnelle des journalistes issue du Syndicat National des Journalistes (http://www.snj.fr), dernière version de la Charte de déontologie, fondatrice de la profession, adoptée par le Comité national en mars 2011, pour le 93ème anniversaire du SNJ.

    Le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, rappelé dans la Déclaration des droits de l’homme et la Constitution Française, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre.

    Ces principes et les règles éthiques ci-après engagent chaque journaliste, quelles que soient sa fonction, sa responsabilité au sein de la chaîne éditoriale et la forme de presse dans laquelle il exerce.

    Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ; il ne peut se confondre avec la communication.

    La notion d’urgence dans la diffusion d’une information ou d’exclusivité ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources.

    C’est dans ces conditions qu’un journaliste digne de ce nom :

    • Prend la responsabilité de toutes ses productions professionnelles, mêmes anonymes ; respecte la dignité des personnes et la présomption d’innocence ;

    • Tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ; tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles ;

    • Exerce la plus grande vigilance avant de diffuser des informations d’où qu’elles viennent ;

    • Dispose d’un droit de suite, qui est aussi un devoir, sur les informations qu’il diffuse et fait en sorte de rectifier rapidement toute information diffusée qui se révèlerait

    • Cite les confrères dont il utilise le travail, ne commet aucun plagiat. Ne confond pas son rôle avec celui du policier ou du juge.

    Nous en arrivons alors, par définition, écartés de toute question existentielle sérieuse (la division du travail interdit tout questionnement qui embrasse l’existence), à ce que le spécialiste abandonne l’important au journaliste, ce virtuose de la culture générale, cette machine à réponses immédiates pour des questions actuelles, ce « maître de l’instant ». Le journalisme est au carrefour de l’élargissement et de la réduction de la culture : il dispense le spécialiste de toute généralité, et fournit aux masses les opinions immédiatement consommables nécessaires à une culture générale rapide.

    Certes, le genre pamphlétaire appelle l’excès. C’est pourquoi il est d’abord affaire de style. L’excès, en lui-même, est parfaitement insignifiant. Il est vrai que l’on ne s’improvise pas pamphlétaire, pas plus que l’on ne s’invente une plume.

    « Il n’y a pas de fait ; il n’y a que des interprétations » disait Nietzsche.

    Un observateur des dérives journalistiques.

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