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L’analphabétisme à la barre

Ce lundi en comparution immédiate, le tribunal avait à statuer sur une affaire de vol. L’auteur des faits, 26 ans et sans emploi, car ne sachant ni lire ni écrire, volait pour subvenir aux besoins de sa famille. Multirécidiviste, il a écopé de un an de prison ferme.

Teva* a 26 ans et est inscrit au Séfi. Ne sachant ni lire ni écrire, difficile de trouver un travail dans de telles conditions. Alors, pour subvenir à ses besoins et nourrir ses deux enfants de quatre et un an, il vole. Á 26 ans, il a déjà 16 condamnations à son casier, pour des faits commis entre 2009 et 2019, dont 15 pour vols.

Ce qui le mène aujourd’hui à la barre, c’est encore un vol qu’il a commis dans l’appartement d’un particulier. Arborant un t-shirt gris sur lequel est floqué « Life’s Better In Tahiti », il a les traits tirés, les yeux rougis par les larmes et des cernes qui lui mangent le visage. Il sait que si le tribunal a fait preuve de mansuétude à son égard pour les dernières affaires dans lesquelles il était impliqué, la dernière remontant à un mois, cette fois, il risque fort d’en payer l’addition.

Une caméra de surveillance filme ses faits et gestes

Alors qu’il revenait d’avoir déposé un dossier au Séfi, en passant devant une résidence sécurisée, il emboite le pas d’un homme qui se rend dans le bâtiment s’y engageant in extrémis juste derrière lui avant la fermeture du portillon.

De là, il pénètre dans un appartement via la baie vitrée de la terrasse qui n’était pas fermée. Il y dérobe, un Iphone, un fusil pour le paint-ball, des savates, et environ 1 000 fcfp en pièces. Le tout estimé à un montant de 237 000 Fcfp par le propriétaire. Un butin qu’il revendra 20 000Fcfp à la gare routière de Vaitavatava.

Manque de chance, une caméra de surveillance installée dans le salon a filmé ses faits et gestes et le propriétaire des lieux a donné aux gendarmes la vidéo du larcin. Une fois l’individu reconnu, les gendarmes se rendent à son domicile pour l’interpeller.

Il vole pour nourrir ses enfants

« C’est impardonnable ce que j’ai fait. » reconnait-il d’entrée. « Ce ne doit pas être la première fois que vous dites cela », lui rétorque le juge, poursuivant, « Pourquoi vous avez recommencé ? » « Je suis au chômage, j’ai déposé des dossiers au Séfi, mais il y a rien. » « Donc, tant que vous serez au chômage, vous continuerez à voler ? » « Non ».

Interrogé sur ce qu’il a fait avec l’argent qu’il a récupéré de la vente des objets, il indique avoir acheté à manger pour ses enfants. Le juge revenant sur ses condamnations antérieures lui fait remarquer que « Ca va être compliqué de vous faire confiance à chaque fois » sous entendant que cette fois, il n’échappera à une  peine de prison. « Faut m’envoyer à Tahaa. » « Pourquoi à Tahaa ? » « Il y a moins de tentations là-bas. »

On apprendra par son avocate, que son beau-père compte y démarrer une affaire d’élevage de crabes et qu’il y aurait du travail pour lui et qu’il pourrait s’y installer avec sa concubine et leurs deux enfants.

Un an de prison ferme

Pour la procureure, « Il s’inscrit à nouveau dans la routine du vol. Il vole le fruit du travail d’autrui et malgré ses condamnations, il n’a pas pris la mesure de ses actes. ». Pour elle, estimant que « par souci de cohérence, il va falloir prononcer une peine de prison ferme », elle réclame un an de prison ferme avec un mandat de dépôt.

Quant à son avocate, elle demandera au tribunal de faire preuve de la plus grande clémence arguant que si « Il a volé, ce n’est pas pour posséder mais pour subvenir aux besoins de ses enfants. (…) Il cherche du travail, bien que le fait qu’il ne sache ni lire ni écrire ne lui facilite pas la tâche. Allez vous lui laissez une ultime chance ? » Supplique à laquelle le tribunal répondra par la négative en prononçant à son encontre 12 mois de prison ferme avec son maintien en détention et 237 000 Fcfp de dommages-intérêts à verser à sa victime.

*Nom d’emprunt

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2 Commentaires

  1. Maraamu
    16 décembre 2019 à 20h09 — Répondre

    Il pourra profiter de cette trêve pour apprendre à lire, à écrire et à compter. S’il souhaite vraiment s’en sortir il doit faire des efforts pour combler ses lacunes.
    On lui donne une nouvelle chance, qu’il la saisisse!

    • Aldo
      17 décembre 2019 à 10h32 — Répondre

      En prison depuis des années il y a des enseignant dédiés pour les personnes comme « Teva », en un an et s’il veut bien et s’il est volontaire, il pourra faire d’énorme progrès. A lui de saisir sa chance.

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