Cinq des seize Calédoniens qui ont été diagnostiqués positifs au coronavirus suivent depuis quelques jours un traitement à la chloroquine. A Nouméa, médecins et élus  précisent toutefois que ce traitement « n’a pas prouvé son efficacité » et peut, en cas d’utilisation hors des structures hospitalières, s’avérer dangereux pour les patients. 

Cinq patients en isolement au CHT de Koutio, près de Nouméa, ont commencé à recevoir des cachets d’hydroxychloroquine (molécule de base du Plaquénil), afin de les aider à combattre leur infection par le virus covid-19. Les bénéficiaires du traitement sont tous volontaires, ont été choisis « au cas par cas », au travers d’un protocole strict correspondant aux recommandations nationales, précise le gouvernement calédonien. Son président Thierry Santa indiquait hier que « ce traitement n’est pas la panacée car il peut entraîner des effets secondaires », mais qu’il « faisait confiance au personnel hospitalier pour traiter au mieux les patients et prendre les bonnes décisions ». Les autorités calédoniennes – comme tous les spécialistes mondiaux, y compris le Professeur Didier Raoult – mettent en garde contre l’automédication.

Le confinement et les gestes barrières « marchent cent fois mieux que le traitement »

Dans les Nouvelles Calédoniennes, le docteur Jad Kerbaj, médecin  au CHT Gaston-Bourret, rappelle qu’il ne s’agit en aucun cas d’un traitement miracle. « Je le répète, il n’a pas encore prouvé son efficacité, insiste l’infectiologue. La Chine, qui a quatre mois d’avance sur nous, a traité de nombreux patients sans trouver le traitement miracle. Peut-être qu’il a une efficacité, mais même si elle est là, elle sera partielle ». Si l’hôpital de Nouvelle-Calédonie ne participe pas formellement aux tests cliniques menés sur la chloroquine, il suit de près les résultats de l’étude Discovery, lancée par les autorités françaises et européennes sur différents types de traitements contre le coronavirus. « Je sais que les gens veulent absolument prendre des traitements. Mais restez chez vous, faites les gestes barrières, ne sortez pas sauf si vous êtes obligés, ça marche cent fois mieux que les traitements », conseille le spécialiste.

Beaucoup de dépistages, peu de cas

La Nouvelle-Calédonie subit elle aussi l’épidémie de coronavirus, mais peut se féliciter d’un bilan plutôt léger depuis le début de la crise. Malgré l’important effort de dépistage déployé sur le Caillou (129 tests dans la seule journée d’hier contre 483 en plus de 3 semaines en Polynésie), seuls 16 cas positifs ont été détectés. Tous sont placés en isolement au centre hospitalier de Koutio. Le gouvernement a annoncé en début de semaine qu’un patient guéri a pu rentrer chez lui. Un autre a en revanche été placé en réanimation depuis hier. Il ferait partie du groupe traité à la chloroquine depuis quelques jours.