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La bière d’une microbrasserie canadienne laisse un goût amer en Nouvelle-Zélande

Selon nos confrères canadiens de La Presse, une microbrasserie canadienne a suscité la colère en Nouvelle-Zélande après avoir emprunté le nom et l’image caricaturale du premier roi maori pour l’une de ses bières.

Pour le porte-parole du mouvement monarchiste Kīngitanga, Rahui Papa, mettre le nom d’un roi maori et son visage sur une bouteille de bière est « un geste stupide ».

Selon Taima Moeke-Pickering, directrice de l’École des services sociaux pour les autochtones à l’Université Laurentienne de Sudbury, en Ontario, il y a une part d’ indécence dans ce geste : « Comment vous sentiriez-vous si une personne que vous aimez, que vous vénérez, se retrouvait sur une bouteille de bière ou de vin ? »  Cette affiche représenterait davantage un raisonnement raciste et traduirait une forme d’ignorance à l’égard de la culture maori. « Les indigènes ne sont pas des mascottes », insiste-t-elle. La jeune femme, à la double nationalité canadienne et néo-zélandaise,et descendante des tribus Ngati Awa et Tuho, souligne que les Maori sont toujours grandement attachés à la monarchie et au premier roi Potatau Te Wherowhero.

Une grosse maladresse

Si la Nouvelle-Zélande s’indigne aujourd’hui, cette bière a déjà été fabriquée à trois reprises au cours des cinq dernières années. La brasserie canadienne basée à Saint-Jean-Port-Joli explique avoir voulu rendre hommage à la culture maorie en nommant ainsi cette bière brassée avec des houblons 100% néo-zéalandais. Prenant conscience de sa maladresse, la microbrasserie a présenté ses excuses, et sa direction a promis de retirer l’intégralité des références à la Potatau Te Wherowhero sur son site internet et sur les réseaux sociaux. « C’était de l’appropriation culturelle et c’était clairement une erreur », regrette Alexandre Caron, copropriétaire de l’établissement de Saint-Jean-Port-Joli.

Pour Rahui Papa, président du conseil exécutif des peuples Waikato Tainui, la réaction est un peu tardive. « S’ils avaient demandé notre avis, ce ne serait jamais arrivé. Les Maori devraient rendre illégale l’utilisation commerciale, dans d’autres pays, de leurs mots et de leur culture. » Une conviction partagée par Mme Moeke-Pickering.

Un problème d’appropriation culturelle

En matière d’appropriation culturelle, les exemples sont nombreux, notamment dans le secteur du luxe. Entre le défilé de « blancs africanisés » du créateur Junya Watanabe, les dreadlocks coiffant les mannequins blancs des défilés Marc Jacobs, ou encore le boomerang Chanel inspiré de l’artisanat aborigène vendu à plus de 1 000 dollars…. chacun se fera son opinion. En Nouvelle-Zélande, d’un des incidents les plus récents est celui du Golden Princess, un navire de croisière qui avait (mal) grimé certains de ses employés en guerriers maori pour effectuer une pseudo-cérémonie d’accueil sur le paquebot.

©DR

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