ACTUS LOCALESÉCONOMIE Maina Sage « convaincue » que l’État « sera au rendez-vous » pour le second PGE Caroline Perdrix 2020-07-09 09 Juil 2020 Caroline Perdrix ©AN(archives) La députée Maina Sage est en mission à Paris depuis trois semaines, pour convaincre l’État de répondre favorablement aux demandes financières du Pays. Second PGE, aide aux compagnies aériennes et aux médias, et prise en charge des coûts des mesures sanitaires : elle a multiplié les « amendements d’appel », pour sensibiliser le Parlement et le nouveau gouvernement aux besoins du fenua. C’est à l’occasion des discussions sur le projet de loi de finances rectificative (3e collectif budgétaire national) que la députée Maina Sage est montée au créneau. Un premier Prêt garanti par l’État (PGE) pour 28 milliards de Fcfp à la Polynésie est inscrit dans l’article 16 du PLFR3, soit la moitié des besoins évalués par le Pays. Il correspond, dit le texte, « aux reports de paiement d’impositions et de cotisations sociales, aux pertes de recettes et au surcroît de dépenses exposées au titre des régimes d’aides aux particuliers et aux entreprises résultant de la crise sanitaire liée à la propagation de l’épidémie de covid-19, et dans la limite de 240 millions d’euros en principal. » Il est remboursable sur 25 ans maximum, un remboursement qui ne peut être différé de plus de deux ans. « Je pense que c’est en bonne voie, pour permettre à la Polynésie demain de signer des partenariats encore plus forts avec l’État. C’est vrai qu’il y a eu un engagement de principe sur la prise en compte des besoins qui ont été évalués localement. C’est quand même la grande priorité, c’est pour cela qu’on profite de ce projet de loi pour ouvrir les débats », disait-elle hier entre deux réunions à l’Assemblée nationale. Si certains des amendements qu’elle a proposés n’ont pas été retenus, c’est normal, explique-t-elle : « Ce sont des amendements dits d’appel, qui ouvrent les débats, pour permettre à la prochaine loi de finances de proposer de nouvelles mesures ». Un fonds pour les « entreprises d’intérêt stratégique pour les Outre-mers » Maina Sage travaille également sur le dossier de l’aérien, pour obtenir un soutien de l’État à Air Tahiti Nui et Air Tahiti. Elle s’inquiète notamment « des effets qu’aura le soutien massif que l’État apporte aux compagnies qui ont leur siège social en France hexagonale, et qui vont bénéficier d’un grand nombre de mesures dont ne bénéficient pas forcément nos compagnies aériennes. Pour moi c’est très important qu’il n’y ait pas de distorsion de concurrence. » « L’idée qui est lancée là, et j’espère qu’on pourra la concrétiser dans le prochain projet de loi de finances, en tout cas que le ministre des Outre-mer s’en saisisse, et le ministre de l’Économie et des Finances, c’est de créer un fonds dédié aux entreprises dites d’intérêt stratégique pour les outre-mers. Tout comme on l’a fait ici à hauteur de 20 milliards d’euros, on peut le faire aussi pour tous les territoires d’outre-mer. » Un coup de pouce aux médias ultramarins ? Autre dossier, celui du soutien aux médias, qui n’ont pas cessé leur activité durant la crise sanitaire : « Ils ont assuré toute l’information en continu sur la crise, et ils ont du mobiliser beaucoup d’équipes et payer des heures supplémentaires tout en vivant une baisse des recettes publicitaires. Et ils n’ont pas pu faire appel aux dispositifs d’aide basés sur l’activité partielle. Ce qui est demandé ici, c’est d’avoir un regard particulier sur les petites chaînes qui n’ont pas forcément beaucoup de trésorerie mais qui assurent la pluralité de l’expression démocratique. Ça a fait l’objet de beaucoup d’amendements, beaucoup de monde s’est mobilisé sur ce sujet. » Parmi les propositions qui ont été faites, une dotation spécifique pour « l’aide à la diffusion, parce que les coûts de diffusion payé à TDF sont très importants pour les télés et les radios. L’ancien ministre de la Culture, Franck Riester, avait proposé un amendement gouvernemental qui regroupait un peu toutes ces demandes, de 70 millions d’euros » La prise en charge des coûts des mesures sanitaires : une demande de 2 milliards Un autre amendement d’appel a visé à faire prendre en charge par l’Etat les achats de matériel médical et les frais de mise en quarantaine, une dépense «qui n’a pas été prise en compte dans le prochain PGE » mais, dit Maina Sage, « le rapporteur général a marqué une ouverture pour le prochain projet de loi de finances. Nous poursuivrons nos actions de rappel lors du débat sur l’article 16.» « Je suis toujours vigilante sur les conditions d’octroi » Ces discussions financières sont-elles l’occasion pour l’État de poser des conditions ? Maina Sage affirme : « Je suis toujours vigilante sur les conditions d’octroi, toujours. Moi j’ai été très claire dans les discussions qu’on a eues, ici et même en Polynésie avec le Haut-commissariat : on souhaite que les conditions soient extrêmement souples. » Maina Sage souligne que ce premier PGE est « en fait c’est un copier-coller du PGE calédonien, mais qui n’est pas dans la même situation financière et budgétaire, donc l’État, c’est vrai a fixé des conditions avec des obligations de réforme qui sont assez lourdes, et c’est ce que nous avons voulu éviter ici. Nous estimons que la Polynésie est en bonne santé financière, ce qui nous permet de garantir un bon remboursement de ce prêt, sachant que dans notre cas de nombreuses réformes ont été faites ou sont en cours. 2019 a été une de nos meilleures années, il y avait quand même un fonds de roulement important. Bonne élève ? Je peux me permettre de le dire, l’État sait que la Polynésie était sortie de l’ornière (…). Et donc c’est aussi le message qu’on fait passer ici, qu’il est important que l’État montre aussi son soutien massif tout de suite. De leur côté ils ont bien entendu le message, sur la suite à donner à ce partenariat. Donc moi je mets beaucoup d’espoir dans ce second volet qu’ils souhaitent inscrire plutôt dans le cadre du plan de relance national. C’est quand même le message principal qu’ils nous ont fait passer ces deux dernières semaines, c’est très encourageant. Je sais qu’il y a de grandes attentes de la société civile en Polynésie, donc je le dis, il n’y a pas d’ « hypothétique soutien », le soutien il est là, il est déjà majeur sur la situation d’urgence, et je suis convaincue qu’il sera également au rendez-vous pour cette seconde partie. » Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Tags:PGE