ACTUS LOCALESJUSTICE

Justice : 8 mois ferme pour l’ado de 65 ans

C’est à un drôle de client qu’a eu affaire au tribunal de Papeete ce jeudi en comparution immédiate. L’homme âgé de 65 ans a fait un mauvais remake de Fast and Furious. Il a grillé un feu rouge, percuté une voiture et pris la fuite. Le tout sous l’emprise de l’alcool. Il a été condamné à 12 mois de prison dont quatre avec sursis.

Matahiapo – c’est son deuxième prénom –  a 65 ans mais il est visiblement atteint du syndrome de Peter Pan. Tour de tête rasé avec juste une toison grise sur le haut du crâne, short baggy, débardeur XXL et basket de d’jeunes aux pieds. Il a l’allure d’un ado, excepté son ventre de buveur de bière, et l’âge mental qui va avec. Un esprit jeune dans un corps fatigué.

Il comparaissait ce jeudi pour avoir grillé un feu rouge, tamponné un véhicule, pris la fuite avec deux prostituées à bord de son véhicule, le tout en étant saoul. Et pour couronner le tout, son permis de conduire était suspendu.

Il achète des bières et embarque deux prostituées

Les faits se sont déroulés sur l’avenue Prince Hinoi, aux environs de 21 heures. Alors que Matahiapo avait passé une bonne partie de la journée à s’envoyer des obus de bière, il décide de passer voir sa femme à son travail, qui tresse des couronnes de fleurs.

Sur le chemin du retour, il s’arrête au magasin, fait le plein d’obus et repart. En roulant, il croise deux prostituées qu’il invite à bord de sa voiture. Arrivé sur l’avenue du Prince Hinoi, il voit le feu rouge, mais il « n’avait pas envie de s’arrêter » Il le grille, mais ne voit pas la voiture qui s’engageait sur sa droite. Il la percute. Au lieu de s’arrêter, il prend la fuite. S’ensuit alors une course poursuite entre les deux véhicules qui finira près du magasin Araka à Pirae. « Il s’est arrêté parce qu’il n’avait pas le choix, explique sa victime à la barre, car il y avait un véhicule devant lui qui roulait doucement. À mon avis, il n’avait pas du tout l’intention de s’arrêter. »

Prévenu par le conducteur du véhicule, la DSP arrive. Les policiers décrivent Matahiapo comme « ivre mort, tenant à peine sur ses jambes. »

« Pendant que madame fait des couronnes, monsieur se fait tailler autre chose »

Le juge l’interroge, « elles étaient majeures, les filles que vous avez embarquées ? » « Oui, oui. » « Pourquoi vous conduisiez alors que votre permis était suspendu ? » Tout penaud, « j’sais pas quoi dire. » Le juge poursuit, « si j’ai bien compris, vous buvez, vous allez voir votre femme qui travaille, vous buvez encore et vous ramassez deux prostituées. C’est bien cela ? » « Oui » « Votre vie est un peu dissolue, non ? »

Récapitulant les condamnations inscrites sur son casier,dont certaines pour conduite en état d’ivresse, le juge s’étonne, « vous ne vous êtes jamais posé la question d’arrêter vos bêtises, sinon vous risquez d’aller en prison ? » « J’y ai pensé et je ne veux pas y aller. »

Revenant sur les prostituées, « vous comptiez faire quoi avec ces deux jeunes filles ? » Le prévenu ne répond pas. « Des relations sexuelles ? Vous les avez payées ? » insiste le juge. « Je ne paie jamais » assure Matahiapo.

La procureure prend la parole, et visiblement goûte peu les exploits du jeune rebelle. « Pendant que madame fait des couronnes, monsieur se fait tailler autre chose ! Il boit cinq litres de bière, il a un gros pick-up, deux filles à l’intérieur, il se sent en sécurité et fait fi des véhicules qui croisent sa route. Il grille les feux rouges, il se fout de tout. » Pour elle, « cet accident est le reflet de la personnalité de monsieur. Il grille un feu rouge et fuit pour échapper une fois de plus à ses responsabilités. »

Elle requiert à son encontre un an de prison dont cinq mois avec un sursis probatoire de deux années, la confiscation du véhicule, le tout couronné d’un mandat de dépôt.

« Elle en a ras la casquette et demande le divorce »

La défense quant à elle, se montre étonnée par les réquisitions de la procureure. « Vous avez décrit un prévenu qui ne correspond pas à la réalité (…) Qu’il ait recours à la prostitution ne nous regarde pas… Pas besoin de noircir son portrait ! Les infractions, il les a reconnues ! On est loin de l’image que veut donner la procureure de ce dossier. » Elle évoque sa femme, « elle en a ras la casquette et demande le divorce. » Revenant sur les réquisitions, elle demande l’annulation du mandat de dépôt.

Après en avoir délibéré, le tribunal l’a condamné à 12 mois de prison dont quatre avec sursis avec obligation de soins, interdiction de conduire pendant 12 mois, confiscation du véhicule et mandat de dépôt.

Article précedent

Recette du jour : Soupe froide de légumes

Article suivant

La nouvelle composition du gouvernement

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Justice : 8 mois ferme pour l’ado de 65 ans