ACTUS LOCALESCULTURE Titouan Lamazou jette l’ancre en Polynésie Charlie Réné 2020-10-06 06 Oct 2020 Charlie Réné Titouan Lamazou à côté de Heiniti, Nave nave Fenua, clin d’oeil à Gauguin et « plaisanterie » en forme de message de service, qui ouvre l’exposition Mona Lisa TAPA tout dit, à l’UPF. ©C.R. Parrain de l’exposition Mona Lisa TAPA tout dit, l’artiste-navigateur envisage de s’installer pour de bon au fenua. Titouan Lamazou voyage entre les archipels pour préparer une exposition au musée de Tahiti et des Îles en 2021. Et compte bien, enfin, concrétiser son rêve de bateau-atelier, qui sera basé à Papeete. On aurait pu imaginer que les restrictions de déplacements planétaires aient meurtri un éternel voyageur comme Titouan Lamazou. Pas le moins du monde. Son confinement, il l’a passé sur la côte Ouest de Tahiti, « dans un fare pas loin de la plage », où il a, dit-il, apprécié la tranquillité et le temps devant soi. « J’étais venu pour voyager aux Tuamotu, je devais repartir aux Australes plus tard dans l’année, je me suis dit, pourquoi pas rester ? » explique le navigateur. Il y a trente ans cette année, l’ancien élève des Beaux-Arts remportait la première édition du Vendée Globe, et se faisait au passage connaître du grand public. Mais, plus que jamais, il décrit ses exploits en course au large comme une heureuse parenthèse dans une vie d’artiste. Et c’est bien en Polynésie, découverte pour la première fois en 1977, à bord du voilier d’Éric Tabarly, qu’il se voit continuer à peindre, dessiner et écrire. « C’est une évolution dans la vie, je m’installe pour la première fois quelque part, sourit-t-il. Bizarrement, c’est même la première fois que j’achète une voiture ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/10/LAMAZOU-premiere-voiture.wav Des récifs des atolls aux fleurs des jardins, l’œil de Titouan Lamazou est attiré « par le vivant dans son ensemble » et par la nouveauté en particulier. Ce qui l’a mené, par exemple, à poser son chevalet aux Tuamotu, à terre, mais aussi à quelques mètres de fond, en bouteilles et combinaison plombée, pour reproduire au pastel la couleur des poissons du lagon. Pour beaucoup, pourtant, il reste l’artiste aux portraits colorés, aux regards lumineux, de femmes notamment, capturés tout autour du monde. Ses carnets de voyage ont donné à beaucoup des envies de Caraïbes, d’Amériques ou d’Afrique. De Pacifique, aussi. Exposition « enrichie » au Musée de Tahiti et des Îles En 2018 et 2019, le natif du Maroc – son prénom, officialisé plus tard, est un surnom emprunté à la ville de Tétouan, près de laquelle il a vécu enfant – a relaté son voyage aux Marquises dans une exposition au Quai Branly. Un succès que Miriama Bono lui a demandé d’importer au musée pour une exposition temporaire en octobre 2021. À condition d’enrichir son travail polynésien. « On m’a demandé de rajouter à cette inspiration marquisienne celle des autres archipels, et ça fait quelques mois que je m’y applique », explique l’artiste, qui sillonne donc le fenua, des Raromata’i aux Gambier. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/10/LAMAZOU-expo-musee-des-îles.wav À chaque escale, ou presque, la même démarche : celle d’une création « collaborative ». Titouan Lamazou aime ainsi se faire accompagner de scientifiques, qu’ils soient biologistes ou ethnologues, pour l’aider à comprendre ce qui l’entoure. Plusieurs spécialistes venus du Criobe, de l’UPF ou de l’Ifremer se sont déjà prêtés à ce jeu où chacun trouve son compte. Les chercheurs voient dans les expositions, conférences et beaux livres de l’artiste un nouveau vecteur, puissant, pour faire passer leurs connaissances. « De mon côté, ça me permet de ne pas dire de conneries, rigole Titouan Lamazou. Ou en tout cas d’éviter de véhiculer des poncifs et des idées reçues », si fréquentes à propos de la Polynésie. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/10/LAMAZOU-scientifiques.wav Au musée de Tahiti et des Îles d’ici un an, le public devrait retrouver des dessins, peintures, des textes explicatifs, souvent pas dénués d’humour… Mais aussi des objets traditionnels « chinés dans les collections du musée », ou des œuvres d’artistes polynésiens prêtées pour l’occasion. Le navigateur n’aime décidemment pas être solitaire. À quand le « bateau-atelier » à Papeete ? Pour continuer a explorer la Polynésie et le Pacifique, Titouan Lamazou compte sur son « bateau-atelier ». Un rêve évoqué « depuis presque 30 ans », alors que les micros et objectifs se tournaient encore vers lui pour parler de voile plus que d’art. Bien que relégué, comme d’autres, en bas de certaines piles pour cause de Covid, le projet serait « tout près d’aboutir ». « Les partenaires sont là, les plans sont prêts depuis longtemps, on attend juste de pouvoir lancer la construction », qui devait commencer l’année passée, précise-t-il. Le voilier de 28 mètres, aux formes inspirées par les doubles pirogues polynésiennes, sera basé à Papeete. D’où dans l’esprit du concepteur, il embarquera des équipages constitués « d’artistes, d’historiens, d’océanographe, de botaniste », et ouvrira ses portes à des classes du fenua. Un accès à l’art et la connaissance « ludique, ou du moins attrayant », explique le navigateur, qui fait « l’éloge de la lenteur » du futur atelier flottant. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/10/LAMAZOU-bateau-atelier.wav Variations contemporaines sur le tapa à l’université Titouan Lamazou se dit « très fier » d’avoir été choisi comme parrain « surprise » de l’exposition collective Mona Lisa TAPA tout dit. On y croise les œuvres d’une quarantaine d’artistes contemporains de Polynésie, qui s’expriment, sur toile, en sculpture, installations, en vidéo, ou même en parfum, sur la « philosophie du tapa ». L’artiste-navigateur, lui, a prêté une de ses œuvres qui, de son propre aveu, « n’a rien à voir avec le thème ». Mais sa vahine gauguinesque et masquée, « une plaisanterie, un clin d’œil » a le mérite de rappeler aux visiteurs les gestes barrières. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/10/LAMAZOU-expo-tapa.wav L’exposition est en place jusqu’au 24 octobre à la bibliothèque universitaire du campus d’Outumaoro. La BU est ouverte de 7h30 à 19 heures du lundi au vendredi et de 8 heures à 16 heures le samedi. Entrée libre, étudiant ou pas et visites gratuites le mardi. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)