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Diese, Deseti, CSE… Les mesures de soutien à l’emploi ont « joué leur rôle » pour Nicole Bouteau

Nicole Bouteau a fait le bilan, ce matin, des mesures de soutien à l’emploi mises en place depuis le début de la crise. Malgré des chiffres inquiétants sur le front de l’emploi, la ministre du Travail a estimé que ces mesures avaient rempli leurs missions. Une version « renforcée » des dispositifs Diese, Deseti et CSE restera en vigueur jusqu’à mars 2021 et peut-être au delà.

Les mesures d’aide à l’emploi ont « joué leur rôle » et « permis d’atténuer les conséquences de la crise ». C’est ce qu’a affirmé Nicole Bouteau, ce vendredi matin, lors d’un point presse en forme de bilan du plan de sauvegarde des emplois. Le gouvernement chiffre à 12 milliards de francs le coût du programme, dont une petite moitié a été consacrée à diverses aides d’urgence. S’y ajoutent 3,3 milliards dépensés dès les mois de confinement, notamment avec le « revenu exceptionnel de solidarité ». En mai, ce sont le Deseti et le Diese, compensations partielles des réductions de temps travail imposés aux salariés, qui ont pris le relais. Avec les CAES et surtout le CSE, préexistant à la crise, mais particulièrement sollicité depuis le début de l’épidémie, ces dispositifs avaient déjà pesé 5,6 milliards de francs dans le budget du Pays à la mi-novembre. Fin 2020, ce budget doit atteindre les 6,4 milliards. « Ce sont aujourd’hui près de 10 000 salariés en réduction du temps de travail due à la baisse de l’activité polynésienne qui sont aujourd’hui aidés », pointe la ministre.

L’objectif affiché, c’était bien sûr d’éviter les licenciements économiques, interdits par principe aux entreprises qui veulent continuer à bénéficier des mesures de soutien. Et pourtant la CPS compte plus de 3 700 pertes d’emplois salariés depuis mars. Son président, Patrick Galenon, parle même « d’au moins 4 000 emplois » et « au moins le double » en équivalent temps plein. Nicole Bouteau pointe que les pertes sèches concernent « surtout l’emploi précaire », avec des non-renouvellements de CDD, et des extras et intérimaires laissés sur le carreau. Les licenciements économiques n’auraient concerné, depuis mars, « que » 274 CDI, dont la plupart était rattachés à l’Intercontinental Moorea et à l’hôtel Tiare Tahiti. Des chiffres qui ne tiennent bien sûr pas compte des dégâts économiques pour les entrepreneurs indépendants et les patentés. Comme l’a précisé le Sefi, rien n’indique que la situation du marché du travail s’améliore : si certains secteurs, comme le BTP et l’industrie, « tiennent le coup », les offres d’emploi sont moins nombreuses ces derniers mois.

Pour le gouvernement, aucun doute : vu la situation sanitaire toujours grave, en Polynésie mais aussi dans les marchés touristiques émetteurs (Métropole, mais aussi Californie), les mesures de soutien à l’emploi, qui arrivaient à échéance ce 30 novembre, devaient être renouvelées. Certains demandaient au Pays « plus d’ambition », de « créativité », et surtout plus de soutien pour les entreprises et les salariés. C’est finalement la même formule qui a été choisie, dans une version « améliorée ». La « période de circonstances exceptionnelles » déclarée il y a 9 mois est étendue jusqu’au 31 mars prochain et pourra être ensuite prolongée. Le Diese, de même que le CSE par souci de cohérence, voient leurs plafonds de prise en charge augmenter, à partir du 1er janvier, pour limiter un peu plus les pertes de salaires des salariés en RTT. Le Deseti, réservés aux indépendants, suit le même mouvement, passant d’un plafond de 50 000 à 70 000 francs.

« Nous n’avons pas la planche à billets »

8,4 milliards de francs ont d’ores et déjà été prévus pour les aides à l’emploi en 2021, financés en partie par les budgets excédentaires alloués au Fonds pour l’emploi et la lutte contre la pauvreté cette année. D’autres dispositifs et financements pourraient toutefois se substituer ou s’ajouter à ces mesures prolongées. Hier l’ex-sénateur Nuihau Laurey avait demandé à l’assemblée « une véritable indemnisation du chômage », sur le modèle calédonien ou métropolitain. « Nous n’avons pas de planche à billets, nous faisons avec les moyens dont nous disposons », répond la ministre du Travail, qui rappelle que le Pays a déjà souscrit à un emprunt « qu’il faudra rembourser » auprès de l’État et en négocie actuellement un autre. Elle reproche à l’ancien vice-président d’être plus en pointe sur les mots que sur les actes.

À noter, tout de même que l’idée d’une aide d’État au chômage partiel n’est pas exclue par les parlementaires Tapura. Le weekend dernier, Teva Rohfritsch réaffirmait, au micro de nos confrères d’Outremer 360, le besoin d’une participation de l’État « à titre très exceptionnel » pour financer « du chômage partiel pour un temps limité sur des secteurs prioritaires » en Polynésie. Paris va-t-il accepter le principe ? Réponse dans le budget national outre-mer 2021, actuellement en discussion et dont le nouveau sénateur est d’ailleurs le co-rapporteur au Palais du Luxembourg.

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