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Journée mondiale de lutte contre le sida : combattre les préjugés et le manque d’information

Karel Luciani entouré de Chantal Spitz, Chantal Galenon, Eliane Tevahitua, Teura Tarahu-Atuahiva et du Dr Lam Nguyen. ©CP/Radio1

Le 1er décembre est la Journée mondiale de lutte contre le sida. En Polynésie, où la maladie a fait 92 victimes et où 146 personnes sont séropositives, l’association Agir contre le sida et son nouveau président, Karel Luciani, ont lancé l’opération « Tifai no te haamanao » qui est parrainée par la présidente du Conseil des femmes, Chantal Galenon. Les proches des victimes sont invités à coudre un tifaifai pour constituer un « patchwork des noms » en mémoire de leurs êtres chers touchés par le sida. Trop de préjugés et un déficit d’information auprès des jeunes sont les principaux freins à l’éradication du VIH.

Le sida est toujours présent en Polynésie, même s’il ne tient pas le haut de l’affiche. La crise du covid-19 n’a pas arrangé les choses pour les patients séropositifs au fenua, explique le Dr Lam Nguyen, responsable du centre des maladies infectieuses et tropicales à la direction de la Santé. « Les patients qui étaient au RNS mais qui n’ont plus de clients ne peuvent plus cotiser à la CPS, perdent leurs droits, du coup ils ne sont plus suivis… », dit-il, et ces personnes dont le traitement coûte environ 120 000 Fcfp par mois ne se soignent plus.

 

Il rappelle que le dépistage du HIV est gratuit, anonymisé, et possible dans tous les dispensaires. Et que la meilleure protection contre le HIV reste le préservatif. « Malheureusement, 75% des gens ne l’utilisent pas de façon régulière », quelque soit la tranche d’âge. Car, faut-il encore le rappeler, utiliser un procédé contraceptif – pilule, stérilet, implant – ne protège en rien contre les infections sexuellement transmissibles. Il incite en particulier les femmes à ne pas hésiter à imposer le préservatif à leurs partenaires.

Les jeunes très mal informés

« De nos jours on pense que les jeunes ont Internet et qu’ils ont accès à tout. Mais ils ont accès à tout et à rien. Ils ont l’air de connaître les choses mais quand on commence à creuser un peu, ils ne savent rien, en fait. » Et ce ne sont pas les trois heures par année scolaire consacrées à l’éducation sexuelle à l’école qui vont changer les choses, dit le médecin, « c’est une approche trop académique ». Pas ou peu d’information dans les familles, constate-t-il aussi, plusieurs décennies après sa propre expérience : « Mon père était médecin, ma mère sage-femme, et on n’a jamais parlé de sexualité dans notre famille… »

C’est Chantal Galenon, présidente du Conseil des femmes, qui est la marraine de l’opération cette année : « Pour moi, le sida c’est une forme de violence aussi. » Une violence accentuée par le silence qui plane toujours sur le sujet. Elle espère donc que le nouveau président d’Agir contre le sida, Karel Luciani, pourra remettre la prévention au premier plan.

Chantal Spitz a été l’une des premières à coudre un tifaifai en mémoire d’un ami. Elle a signé le « cadre des signatures », entouré de 92 fleurs comme autant de victimes au fenua, auquel seront cousus les tifaifai à l’issue de l’opération.

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