ACTUS LOCALESSANTÉ Covid : quel taux de vaccination pour protéger le fenua ? Charlie Réné 2021-04-30 30 Avr 2021 Charlie Réné Environ 21% des adultes en Polynésie ont déjà reçu une dose de vaccin. Les autorités veulent accélérer le rythme, mais peinent aujourd’hui, variants obligent, à donner des objectifs chiffrés. La campagne, en tout cas, doit encore convaincre les 18-60 ans et mieux s’exporter aux Australes ou aux Tuamotu. 67 500. C’est le nombre de doses de vaccins contre le Covid-19 utilisées au fenua depuis la première livraison de l’État, le 7 janvier dernier. Plus de la moitié d’entre elles – environ 35 000 – ont été administrées au cours du mois d’avril, preuve que la campagne n’a cessé de s’intensifier. Et les autorités l’assurent : avec un total de 40 000 doses livrées cette semaine, dont 22 000 de vaccins Janssen / Johnson & Johnson, les stocks sont au rendez-vous pour augmenter encore la cadence au mois de mai. Une « nécessité », insistent le Haussariat autant que le Pays, qui font de la « protection de la population » la condition sine qua non de la levée des restrictions sanitaires et des limitations de voyage qui pèsent encore sur la vie et sur l’économie du fenua. « On vise le maximum » Mais quel taux de vaccination pour atteindre cette « protection » ? Difficile à dire, au fenua comme ailleurs. Aujourd’hui, les 42 355 personnes qui ont reçu au moins une dose de vaccin Pfizer représentent environ 21% de la population adulte. Un chiffre légèrement en deçà de la moyenne nationale (22,7%), largement inférieur au taux observés aux Etats-Unis (43,6% des adultes ont reçu au moins une dose). Il est surtout très loin de l’immunité requise pour éviter toute nouvelle vague épidémique, estimée à 60 à 80% par les épidémiologiste. Mais ces estimations prennent normalement en compte les immunisations acquises naturellement et elles sont nombreuses en Polynésie : 25% des habitants de Tahiti et Moorea ( et un peu moins à l’échelle du fenua) auraient déjà été contaminés. Plus de 40% de la population serait donc déjà protégée ? Non. D’abord parce que la vaccination est ouverte aux anciens contaminés, 3 à 6 mois après la maladie, et que les deux chiffres ne peuvent donc pas s’additionner. Ensuite parce que les variants brouillent eux aussi les calculs. De nombreux cas de recontaminations par un variant ont été observés dans le monde et l’apparition de nouvelles versions (indienne, notamment) soulèvent toujours de nouvelles question. Fort heureusement les vaccins – et notamment le vaccin Pfizer, qui était jusqu’à présent le seul utilisé au fenua – ont montré une certaines d’efficacité contre les mutants anglais, brésiliens et, dans une moindre mesure, sud-africains. Mais la communauté scientifique, qui manque encore de recul sur la question, appelle à la prudence sur le sujet. Difficile, donc de fixer un cap. « On vise le maximum, même si aucun pays ne peut prétendre avoir 100% d’immunité », explique un spécialiste. Le seul objectif qui a été mis sur la table politiquement est la vaccination de 80 000 Polynésiens, soit environ 40% des adultes. Édouard Fritch avait parlé d’une barre à dépasser avant septembre, puis avant le mois d’août. Les autorités espèrent aujourd’hui l’atteindre d’ici juillet. Au rythme de vaccination actuel, l’objectif pourrait finalement être atteint en juillet, voire dès le mois de juin si les promesses de montée en cadence sont tenues. Beaucoup à faire chez les jeunes et dans les îles Mais les autorités savent aussi que pour garder la dynamique de la campagne de vaccination, il faudra convaincre. Le taux de vaccination des plus âgés – plus de 65% chez les 75 ans et plus, et 36% chez les 60-74 ans – est encourageant, mais il était prévisible que les populations les plus fragiles se pressent dans les centres en premier. « Il faut que toutes les classes d’âge se fassent vacciner si on veut espérer atteindre une immunité collective », confiait il y a quelques jours un spécialiste du côté du Pays. Or le taux est encore très maigre chez les 18 – 60 ans (14,6% en fin de semaine dernière) et encore plus faible chez les moins de 40 ans. Désintérêt ? Doute sur la sécurité ou l’efficacité des vaccins ? Les centres de vaccination ayant été encore très fréquentés cette semaine, il est probable que beaucoup d’actifs attendent de pouvoir avoir une dose sans patienter. Mais le Pays prévoit tout de même de relancer la communication et les tournées dans les vallées pour mieux informer et potentiellement convaincre. Source : bulletin épidémiologique semaine du 19 au 25 avril. Autre défi de la campagne : la géographie de la Polynésie. Si les Marquises, où les tavana ont beaucoup insisté sur la nécessité de la vaccination, brillent par leur couverture, les taux d’injection sont encore faibles aux Australes, au Tuamotu et, dans une moindre mesure, aux Raromatai. Au gouvernement, on compte beaucoup sur le vaccin Janssen, monodose, pour atteindre les îles éloignées. Livré jeudi soir au fenua, il devrait commencer à être proposé dès ce dimanche au vaccinodrome de la présidence. De lundi 3 au jeudi 6 mai inclus, un nouveau centre de vaccination qui ne proposera que le vaccin Janssen ouvre au fare potee de la Direction de la santé (5 rue des poilus tahitien – quartier Paofai), de 8 heures à 16 heures, pour toute personne de plus de 18 ans. Source : bulletin épidémiologique semaine du 19 au 25 avril. À noter enfin que cet effort de vaccination s’accompagne toujours d’une surveillance des effets secondaires et d’éventuelles complications liées au vaccin. Si environ 60% des volontaires ressentent une douleur au point d’injection, et 10% déclarent des maux de tête ou une fatigue dans les heures suivant une injection, les effets secondaires graves sont très rares. Onze cas de symptômes graves dans les jours ou semaines suivant une injection ont été signalés depuis le début de la campagne, « et aucun depuis deux semaines », précisait la plateforme Covid ce mercredi. L’ensemble des signalements font l’objet d’une enquête et jusqu’à présent aucun de ces « effets indésirables » n’a pu être lié au vaccin. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)