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Covid : plus de non-vaccinés que d’obèses en réanimation

Les premières analyses des données d’hospitalisations de cette vague de Delta confirment le risque important que constitue la corpulence dans le développement de la maladie. Environ 68% des patients passés en réanimation au CHPF souffraient d’obésité, 20% de plus de surpoids. Dans le même temps, au moins 94% de l’ensemble des admis en « réa » n’avaient pas ou pas complètement été vaccinés.

C’est une « première analyse », mais elle était très attendue. Depuis le début de la seconde vague épidémique au fenua, certains s’étonnaient de ne pas retrouver dans les bulletins épidémiologiques hebdomadaires les « chiffres de comorbidités », qui avaient pourtant été partiellement communiqués au fur et à mesure de la première vague. Des chiffres qui analysent les « facteurs de risques » retrouvés chez les personnes hospitalisées ou décédées. Pas de mystère du côté des autorités sanitaires, on a déjà plusieurs fois précisé que l’ensemble ou du moins la vaste majorité des personnes hospitalisées étaient atteints par un ou plusieurs facteurs de risques importants ou des maladies préexistantes (respiratoires, cardio-vasculaires…) qui ont aggravé les conséquences de leur contamination au coronavirus. Mais vu l’intensité de cette nouvelle vague, et le temps  demandé par le traitement et l’analyse de ces données, la plateforme Covid avait annoncé que ces données ne seraient communiquées qu’en décalé. Le bulletin épidémiologique hebdomadaire publié jeudi en donne une première aperçue, pour l’instant limitée à l’état corporel des patients, et aux seuls admis en service réanimation du CHPF.

68% d’obèses, 22% de surpoids

On apprend ainsi que 110 de ces 162 malades, soit 67,9% du total, étaient atteints d’obésité, dont 73 (45%) souffraient « d’obésité sévère ou morbide ». Comme lors de la première vague, les obèses sont donc largement surreprésentés parmi les cas les plus graves, puisque, d’après les données de la direction de la santé datant de 2010, un peu plus de 40% des Polynésiens sont concernés. La corpulence est un facteur de risque d’autant plus important qu’en incluant le surpoids – une qualification qui concerne toutes les personnes dont l’IMC* est supérieur à 25, soit environ 70% de la population – c’est 89,5% des patients de réanimation qui sont concernés. Au total, seul 8% des patients passés en « réa » au cours de cette deuxième vague avaient une corpulence dite « normale ».

Moins de 4% de « pleinement vaccinés »

Mais là n’est pourtant pas la caractéristique la plus fréquente observable chez ces cas graves. Toujours d’après le bulletin épidémiologique de la semaine passée, seuls 3,7% des patients de « réa » entre le 1er juillet et le 9 septembre étaient vaccinés avec un schéma complet. 15,4% d’entre eux n’avaient reçu qu’une dose, et 79% avaient choisi de ne pas en recevoir. « L’analyse du statut vaccinal de ces patients au 09/09/2021 confirme que 87,5% d’entre eux n’avaient pas bénéficié d’un schéma vaccinal complet, et 94,4% des patients de réanimation », pointent les épidémiologistes de a plateforme Covid. Les non-vaccinés sont donc davantage surreprésentés dans les statistiques hospitalières que les obèses ou les personnes en surpoids, puisque, entre le 9 août et le 9 septembre, le taux de vaccination complète des plus de 12 ans a évolué entre 33% et 54%. En attendant d’autres données de comorbidités, plusieurs médecins des urgences du Taaone ont déjà pointé que la non-vaccination a une prévalence plus importante que n’importe quel facteur de risque dans les admissions à l’hôpital.

Le bulletin épidémiologique précise aussi que la moyenne d’âge globale des patients hospitalisés au CHPF est de 55,5 ans. Seuls 41% des admis en filière Covid depuis le 1er juillet ont entre 45 et 64 ans. D’autres analyses de données sont en cours pour décrypter les facteurs de risques ayant conduit à l’afflux hospitalier inédit et à la mortalité exceptionnelle que le fenua déplore aujourd’hui. Si le variant Delta semble avoir touché des personnes plus jeunes que la souche originelle du virus (76% des décès de la première vague avaient plus de 65 ans), on devrait retrouver les mêmes « comorbidités », probablement avec des répartitions différentes, lors de cette vague. Sur les 125 décès Covid enregistrés avant le 15 janvier, 85% avaient des antécédents-cardiovasculaires (dont hypertension), 35% souffraient de diabète, 27% d’une pathologie respiratoire, 21% de déficiences immunitaires. Mais seuls 32% souffraient alors d’obésité.

Analyse des décès de la première vague, publiée par la plateforme Covid en février 2020. ©GouvPF

*Indice de masse corporelle  = poids en kg / (taille en m)2

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