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Nucléaire : l’opération transparence en marche

©CP/Radio1

La commission d’information auprès des anciens sites d’expérimentations nucléaires du Pacifique a tenu sa réunion mardi, et donné les derniers résultats de la surveillance radiologique et géomécanique de Mururoa et Fangataufa. Les Polynésiens aujourd’hui sont deux fois moins exposés que les habitants de France hexagonale, affirme le rapport.

La commission d’information auprès des anciens sites d’expérimentations nucléaires du Pacifique s’est réunie mardi matin, rassemblant Dominique Sorain, Édouard Fritch, Gaston Tong Sang, Heremoana Maamaatuaiahutapu et le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, ainsi que le délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les installations et activités intéressant la Défense, François Bugaut, le médecin-chef au département de suivi des centres d’expérimentations nucléaires de la Direction générale de l’armement, Marie-Pascale Petit, la déléguée polynésienne au suivi des conséquences des essais nucléaires, Yolande Vernaudon. Les parlementaires Nicole Sanquer, Maina Sage et Teva Rohfritsch, et des représentants des associations 193 et Manu étaient également invités. En outre, deux préfets ont fait le déplacement : Patrice Latron, directeur de cabinet de Geneviève Darrieussecq, la ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, et Michel Marquer, chargé de mission auprès du Premier ministre pour le suivi des conséquences des essais nucléaires en Polynésie française.

« En 2019-2020, la dose efficace totale (exposition externe, exposition interne par ingestion et inhalation) est évaluée à 1,4mSv en Polynésie française, deux fois plus faible qu’en France hexagonale, hors exposition médicale » : c’est la conclusion de la surveillance de la radioactivité en Polynésie française, rendue publique ce mardi et commentée par François Bugaut.

37 prélèvements d’air, d’eaux et de sols, et 297 prélèvements de denrées alimentaires ont été effectués pour mesurer la présence de radionucléides. Ils montrent, disent les experts, des niveaux de césium et de plutonium « inférieurs d’un facteur 100 » aux niveaux maximaux admissibles de la réglementation, et depuis plusieurs années déjà. « L’exposition de la population aux rayonnements ionisants est quasi-exclusivement d’origine naturelle. Le rayonnement cosmique, les radionucléides d’origine naturelle présents dans les sols et dans les denrées et le radon dans l’air contribuent, hors exposition médicale, pour plus de 99% à l’exposition de la population », indique le bilan. Les radionucléides détectés sont « localisés sur les atolls et ne diffusent pas au-delà ».

Même constat concernant la stabilité géologique de Moruroa et Fangataufa, qui « ne bougent quasiment plus ». En cas de casse du récif – improbable selon les experts – et de mise en contact avec l’océan des matières ionisantes restant dans les 10 puits de tir à Moruroa, la dispersion serait telle qu’il n’y aurait « aucun impact environnemental », affirme François Bugaut.

Des renforts pour aider à la constitution des dossiers d’indemnisation

Si le présent est « nuke-free », le passé continue de se rappeler aux Polynésiens. Il reste à favoriser, comme Emmanuel Macron l’a promis, la constitution et la résolution plus rapide des dossiers d’indemnisation des personnes exposées aux retombées des 6 tirs atmosphériques. Le Haut-commissariat est sur le point de recruter à cet effet trois personnes, parlant tahitien, qui seront formées par le médecin en charge du Centre médical de suivi avant de se rendre dans les îles.

Pour François Bugaut, les conclusions de l’enquête « Toxique » de Disclose qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre, sont « fausses ». Il remet en question les modes de calcul des retombées et affirme « ce n’est pas comme ça que ça marche ». Mais il reconnaît que la parution de l’enquête a accéléré l’action de l’État.

L’ouverture des archives en bonne voie

Patrice Latron a donné, lui, des précisions sur l’ouverture des archives. Six personnes ont été recrutées par le Service historique de la Défense pour s’attaquer aux « 100 mètres linéaires » de cartons d’archives, issus de plusieurs administrations et pas toujours correctement classés et référencés. « Il faut les prendre un par un et déterminer quels sont les documents contenant une information ‘proliférante’ (susceptible d’être exploitées par des terroristes ou des états voyous, ndlr) ». Au cours des premières recherches, portant sur 31 cartons (environ 3% des archives du nucléaire en Polynésie, et 72 journées de travail) demandés par des historiens, il a été considéré que le secret défense pouvait être levé sur 90% des 2 845 documents. Patrice Latron espère arriver au bout des archives à l’été 2022, et à un taux de transparence de 95 à 98%. Une rencontre avec Édouard Fritch est prévue vendredi sur le sujet du futur centre de mémoire qui doit voir le jour à Papeete.

Visite de terrain mercredi

Plusieurs membres de la commission se rendent demain à Moruroa, puis à Hao et Tureia, notamment pour rendre compte de l’avancée des travaux de dépollution. Il s’agit des terres polluées aux hydrocarbures, PCB et métaux lourds, et à des matériels laissés dans les lagons. Il est par exemple prévu de traiter 120 000 m3 de terre à Hao, selon un calendrier qui sera établi mi-2022. Les déchets « océanisés » à 2 000 ou 3 000 mètres de fond sont et resteront inaccessibles.

Le bilan de la surveillance radiologique et géomécanique en Polynésie :

30-11-2021 Dossier de Press…

 

 

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