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Manate Vivish : « Il n’y a de la place que pour un » dans le ciel polynésien

Le directeur d’Air Tahiti, Manate Vivish, était l’invité de la rédaction de Radio1, ce mardi. Se montrant optimiste sur la reprise de l’activité, il annonce des baisses de prix sur les grandes lignes, et explique qu’Air Tahiti se prépare à faire face à la concurrence. Même s’il émet les plus grandes réserves sur les promesses de baisses de prix et de hausse de trafic des nouveaux acteurs du secteur. 

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En avril 2020, le directeur d’Air Tahiti tirait la sonnette d’alarme sur une crise sanitaire qui pouvait « profondément déstabiliser » la compagnie. Près de deux ans plus tard, le choc est passé et a en partie été absorbé : 1,7 milliards de francs de déficit en 2020, 1,3 milliards prévus en 2021. Trois milliards de perte au total, c’est beaucoup, mais c’est moins que les 7 milliards de francs qui avaient été un temps redoutés. Si Air Tahiti a pu tenir, c’est grâce au « matelas financier » qu’elle s’était constitué les années précédentes – 1,2% de marge en moyenne entre 2009 et 2019, mais 5% la dernière année -, grâce au « régime d’amaigrissement » qu’a imposé la direction aux charges d’exploitation depuis 2020, grâce à un prêt garanti par l’État obtenu au même titre que beaucoup d’autres sociétés… Et grâce à l’intervention du Pays pour financer les lignes déficitaires. D’abord par des subventions – « de notre point de vue, une simple contrepartie de la mission de service public d’Air Tahiti », précise Manate Vivish -, puis, depuis juillet 2021, au travers d’une DSP demandée de longue date par la compagnie. Les perspectives sont aujourd’hui plus optimistes : « Les niveaux de réservations pour cette année sont plutôt encourageants », explique le dirigeant. L’équilibre pourrait se « rapprocher » dès cette fin d’année 2022″. « Mais c’est sans compter l’impact de la concurrence », précise-t-il.

Baisses de prix sur les grandes lignes

Motu Link, Air Moana, Air Bora Bora Après les navettes des Raromatai, qui ont eu un « impact significatif » sur le trafic, la concurrence se profile, et même si l’identité des investisseurs dans chaque projet reste encore floue, les responsables de ces projets de compagnie annonce des lancements dans l’année à venir. Air Tahiti se dit prête et son directeur général annonce même, sur le plateau de Radio1, des baisses de tarifs des billets. Des baisses déjà observées sur les 32 aéroports de désenclavement : -25% depuis juin dernier, financés par le Pays dans le cadre de la DSP accordée à Air Tahiti. La compagnie veut elle aussi faire un effort, cette fois sur les 12 aéroports restés en libre concurrence. Bora Bora, RaiateaHuahineRangiroaHiva OaRurutu « Fort de la contribution du Pays, Air Tahiti est en mesure de réaliser des baisses tarifaires dans le courant de cette année », explique Manate Vivish, qui rappelle que ces baisses étaient à l’ordre du jour en 2019 et aurait été mises en application si le Covid n’était pas survenu. Pas encore de calendrier ou de chiffres exacts : « ces baisses correspondront à l’effort de la contribution fait par le Pays sur les lignes de désenclavement » explique seulement le dirigeant qui dit vouloir l’arrivée éventuelle de concurrents.  Et ce même si le directeur général doute de la pertinence de la multiplication des acteurs. « À mon avis, il n’y a de la place pour qu’un » explique Manate Vivish, qui met en avant la particularité du réseau Polynésien, « très éclaté mais avec « des dominantes de trafic sur des îles rapprochées et touristiques ». « Il y a un mixage des contraintes qui est complexe à organiser et à prendre en considération pour pouvoir offrir le meilleur service possible », analyse-t-il.

Tarifs de la concurrence : « Je demande à voir où est le miracle »

Mais qu’Air Tahiti le veuille ou pas, la concurrence est bien là : des licences de vols ont été accordées par le gouvernement, des dossiers d’autorisations ont commencé à être constitués auprès des services techniques de l’État. Les « nouvelles compagnies » partagent un même discours : elles pourront casser les prix en modernisant l’exploitation et en réduisant les charges, « J’attend de voir, répond Manate Vivish. La plupart des charges d’une compagnie sont calculées à l’avance. La marge de manœuvre c’est la masse salariale : la rémunération et le nombre de personnels engagés et là aussi il y a des contraintes règlementaires importantes qui fait qu’on ne peut pas se départir de certains standards (…) Je demande à voir où est ce miracle du gain… »

Manate Vivish en convient : comme dans la téléphonie, la « guerre des prix » profitera bien aux consommateurs en cas d’ouverture du marché. « Mais ça va être une situation de courte durée », prévient-il. D’abord parce qu’à l’entendre, le marché n’est pas extensible. « On va stimuler en baissant les tarifs, mais il ne faut pas s’imaginer qu’on va passer à 30 ou 40% de passagers en plus, il faut être raisonnable », continue le dirigeant. Les chiffres d’affaires vont donc baisser avec la multiplication des acteurs, et devront être compensés par des baisses de charges. « Le nouvel équilibre sera ce qu’il sera ».

Quant à l’idée, évoquée par Jean-Christophe Bouissou ou Georges Puchon, que Air Tahiti puisse être prestataires pour les nouvelles compagnies afin de mutualiser certains moyens, ou qu’elle puisse discuter de l’ouverture de sa propre DSP avec des concurrents, le directeur la balaie. « Nous n’envisageons pas de discuter avec ces compagnies », explique-t-il, avant d’interroger : « Quand Casino s’est installé, est ce que Carrefour les a aidés ? ».

 

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