ACTUS LOCALESSANTÉSOCIÉTÉ Une manifestation pour le cannabis thérapeutique le 5 mars à Tarahoi Marau Biret 2022-02-07 07 Fév 2022 Marau Biret L’association Tahiti Herb Culture demande des actions concrètes. ©MB/Radio1 Karl Anihia de l’association THC lance un coup de gueule à la classe politique à la veille des élections : il pointe le retard de la Polynésie sur la légalisation du cannabis thérapeutique et il estime que « ce n’est pas à lui de jouer au docteur ». L’association demande des réponses concrètes et un accompagnement du corps médical. Une manifestation est prévue le 5 mars devant l’assemblée. Alors qu’elle va fêter ses 9 ans, l’association Tahiti Herb Culture qui prône les bénéfices du cannabis thérapeutique a voulu « faire un point sur ces deux dernières années d’activité » ou plutôt lancer un appel à la classe politique à la veille des élections. « C’est un appel au secours », indique Karl Anihia, le président de l’association, à l’ensemble de la classe politique. Il était entouré pour l’occasion des représentants du Syndicat du chanvre de Polynésie et de plusieurs personnes souffrant de pathologies diverses qui se soignent avec les produits proposés par THC. Karl Anihia fidèle à son combat S’il salue la proposition de loi de Nicole Sanquer (qui a reçu un avis défavorable du Cesec et n’a pas été examinée par l’assemblée) ou le colloque organisé en novembre par Moetai Brotherson, il ne veut pas être rattaché à un mouvement politique. Il a aussi salué le courrier du président du Pays à Emmanuel Macron à ce sujet. « Quels que soient les vainqueurs des élections, je soutiens tous les projets en faveur de la légalisation du cannabis thérapeutique », précise-t-il. En clair, il souhaite que tous intègrent cette cause à leurs programmes électoraux. Car le constat de l’association, c’est que les 600 malades du cancer recensés qui pourraient bénéficier de ces produits et les professionnels du secteur sont toujours dans l’attente d’un cadre règlementaire en Polynésie. Selon lui ce sont à la fois l’État et le Pays qui sont impliqués dans cette évolution réglementaire. Il souligne que l’État, qui a la compétence de « l’expérimentation sur les humains », a rappelé au Pays sa souveraineté en matière de santé il y a quelques mois et que tout dépend donc d’une volonté politique. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/02/THC-01-appel.wav De la responsabilité médicale Si le but est d’arriver à une légalisation d’un usage thérapeutique du cannabis, l’usage lui est déjà présent en Polynésie et, notoirement, par le biais de THC. Karl Anihia avoue que son association cultive du cannabis et le transforme « en désobéissance civile, en connaissant les conséquences ». Des pratiques non sans risques, puisque les différentes transformations impliquent l’utilisation de produits spécifiques. Mais Karl Anihia « ne veut plus jouer au docteur ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/02/THC-02-distinction.wav S’ils le font, dit-il, c’est pour répondre à une demande de plus en plus importante : les utilisateurs souffrant de pathologies chroniques témoignent d’effets positifs du CBD (cannabidiol, la composante non psychotrope du cannabis) sous forme d’huile, de baume, de monoi ou encore de gélules, de l’absence d’effets secondaires, de l’impression de « retrouver la vie ». Tahiti Herb Culture veut un cadre réglementaire et se déclare prêt à travailler avec le corps médical. ©MB/Radio1 Tahiti Herb Culture veut donc remobiliser alors que vont démarrer la campagne présidentielle et la campagne pour les élections législatives. L’association prévoit une manifestation le 5 mars, devant l’assemblée de la Polynésie, deux ans après y avoir planté un pied de « paka » qui avait valu à Karl Ahinia une condamnation à 3 mois de prison avec sursis puis une relaxe en appel. Les défenseurs du cannabis thérapeutique seront invités à déposer une feuille de cannabis dans une urne. En métropole, un message gouvernemental brouillé La confusion qui entoure encore le sujet en métropole ne facilite pas la compréhension du sujet. En 2020, la Cour de justice de l’Union européenne estimait, comme l’OMS, que le CBD ne peut pas être considéré comme un stupéfiant. Depuis le 26 mars 2021, le ministère de la Santé français a autorisé l’expérimentation du cannabis médical pour une liste restreinte de 5 pathologies : les douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements accessibles, certaines formes d’épilepsie sévères et résistantes aux médicaments, certains symptômes rebelles en oncologie, certaines situations palliatives et la spasticité douloureuse accompagnant certaines maladies du système nerveux central. Mais, le 31 décembre dernier, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) considérait, elle, que « des études scientifiques ont montré que le CBD agissait au niveau du cerveau sur les récepteurs à la dopamine et à la sérotonine en faisant ainsi un produit psychoactif à part entière », avec des effets possibles de « sédation » et de « somnolence ». Le même jour, et alors que depuis deux ans les boutiques de CBD sous toutes ses formes se multiplient en métropole, un arrêté interdisait la vente et la consommation de fleurs de chanvre, arrêté suspendu par le Conseil d’État moins d’un mois plus tard. Il est vrai que la France a toujours eu une position plus répressive du cannabis sous toutes ses formes que nombre de ses voisins européens. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait publiquement regretté la décision du Conseil d’État : « De manière générale toutes les substances qui relèvent du cannabis, de la drogue, sont très mauvaises pour la santé. On n’a pas augmenté le prix du tabac à 10 euros pour qu’on accepte la légalisation, la dépénalisation du cannabis. » Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)