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Douze mois avec sursis pour harcèlement

Certains ont du mal à rompre définitivement avec leur ex. Que ce soit par dépit amoureux ou par orgueil de voir quelqu’un sur qui on avait une forte emprise s’éloigner. Teva, 33 ans, fait partie de ceux-ci. En l’espace de quinze jours il a harcelé son ex à raison de plus de 50 appels par jour et parfois même jusqu’à 200. Chantage au suicide, diffusion de photos intimes sur les réseaux sociaux, tout l’arsenal de l’harceleur y est passé. Il a été condamné à 12 mois de prison avec sursis.

Teva* gère un snack à Fakarava et en l’espace de quinze jours il a harcelé son ex, qui vit à Tahiti, à raison de plus de 50 appels par jour et parfois même jusqu’à 200. La cause ? celle-ci avait rompu avec lui après deux ans de vie commune et il ne s’en remettait pas. On pourrait croire à un amoureux éperdu ne pouvant vivre sans celle qui l’a éconduit et qui de dépit tente le tout pour le tout pour la reconquérir, même si la manière employée n’est pas des plus élégante. Son audition de ce jour à la barre et celle de son ex montre tout le contraire.

Car Teva ne se contente pas de la harceler par téléphone, il lui fait du chantage. Tout d’abord de l’affectif, « tu reviens avec moi ou je me tue » phrase accompagnée de sanglots, et si cela ne suffit pas, « tu reviens avec moi sinon je diffuse des photos intimes de toi sur internet. » Joignant le geste à la parole, il met en ligne les photos pour les faire disparaitre peu de temps après, suite aux supplications de son ex, avec toutefois des conditions de type, « tu me montres ton sexe, et je les retire. » Le tout par visio-conférence.

« Qui voudrais de toi avec un sein en moins ? ».

Durant le temps qu’ils étaient ensemble, il n’a eu de cesse de la rabaisser. Avant leur rencontre, la jeune fille souffrant d’un cancer du sein avait dû subir une ablation, « qui voudrais de toi avec un sein en moins ? ». Elle était sous son emprise. Il déchire son passeport afin qu’elle ne parte pas en voyage avec des amies. Un soir qu’il la séquestre, elle avale des cachets « pour mourir ou pour qu’il m’emmène aux urgences » avoue-t-elle à a barre, « peu m’importait ce qu’il m’arrive je n’en pouvais plus. » Ce soir-là il prend la bonne décision.

Debout face au juge, Teva semble perdu, lui qui avait la main mise sur sa concubine ne maitrise plus rien, encore moins ses nerfs. À plusieurs reprises le magistrat a dû le rappeler à l’ordre, car le jeune homme monte vite dans les tours. Les raisons de son comportement, il n’en voit pas. « Je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela. Je suis là pour assumer, d’ailleurs je n’ai pas pris d’avocat. » Quand les questions du juge se font plus pressantes, « je ne veux pas rentrer dans les détails. »

Appelée à témoigner la jeune femme confirme l’idée que l’on s’était fait du prévenu, le type même du pervers narcissique doublé du tyran domestique. « Il fallait que je lui obéisse au doigt et à l’œil », « quand il m’appelait il fallait que je réponde dès la première sonnerie » et, plus terrible car cela la touchait au plus profond de son être, « il me faisait sentir que j’avais de la chance d’être avec lui, qu’il m’accepte comme cela. » Il a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à une interdiction d’entrer en contact avec la victime. Il devra lui payer 250 000 Fcfp de dommage et intérêt.

*prénom d’emprunt

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