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Législatives : le face-à-face Moetai Brotherson – Tuterai Tumahai

Les deux candidats qui s’affronteront dans les urnes ce samedi 18 juin dans la troisième circonscription (Punaauia, Faa’a, Raromatai) ont défendu leurs propositions sur le plateau de Radio1 ce mercredi. Aucune animosité, des analyses qui sont même souvent partagées, mais une vision de l’avenir différente pour le fenua, ou pour la prochaine mandature. Pour le député sortant, c’est au sein de l’union des Gauches (Nupes) que la Polynésie pourra au mieux défendre ses intérêts. Pour le candidat Tapura, c’est auprès du groupe présidentiel qu’elle pourra se faire entendre.

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Avec 593 voix séparant les deux premiers candidats, la troisième circonscription présente, sur le papier le duel le plus serré de ce second tour. Pas de tensions apparentes, pourtant, entre Moetai Brotherson, arrivé en tête le 4 juin et Tuterai Tumahai. L’élu indépendantiste est le seul député sortant toujours en course dans le scrutin, et il met en avant son bilan. Il évoque sa première proposition de loi, en 2018, visant à renforcer l’intégrité des mandats électifs – avec notamment l’inéligibilité des élus condamnés pour corruption – qui n’a pas été entièrement écartée, « mais seulement renvoyée à la prochaine mandature ». D’autres propositions de texte – sur la prise en charge et l’indemnisation des conséquences des essais (2021) ou sur l’expérimentation de la régulation sociale du cannabis en Polynésie (2022) – ont été écartées, mais « bien accueillies » et « débattues ».

Dette nucléaire : chiffrer et concrétiser

L’élu tavini s’appuie sur des chiffres : plus de 9 000 amendements cosignés, dont 300 qui ont été votés à Paris, et trois amendements adoptés sur les plus de 300 qu’il a lui-même proposé. De quoi prouver, pour Moetai Brotherson, que l’activité parlementaire peut-être « fructueuse » depuis l’opposition.

Un bilan quantitativement important, reconnait Tuterai Tumahai. Pourtant pour le candidat Tapura, l’action du député aurait été plus efficace s’il n’avait pas été dans l’opposition. C’est au sein de la majorité, qu’il espère du côté d’Emmanuel Macron, que le fils de l’ancien maire de Punaauia, élu sur la liste de Simplicio Lissant en 2020, veut faire avancer les dossiers polynésiens. Notamment celui du remboursement à la CPS des dépenses liées aux maladies radio-induites.

Un dossier qu’il connait bien, en tant que médecin chef du contrôle médical de la caisse. À l’entendre, les travaux sont lancés pour faire aboutir ce remboursement chiffré par certains, dont le Tavini qui en a fait un combat de longue date, à 100 milliards de francs. Le candidat se montre beaucoup plus prudent sur le chiffre, mais assure qu’il parviendra, à Paris, à concrétiser :

Autonomie : réformer ou « changer le moteur » ?

Moins de débat en revanche sur les questions d’emploi ou de foncier. D’un côté comme de l’autre on estime qu’il faut donner la priorité aux Polynésiens. Mais reste à savoir comment. Pour Tuterai Tumahai, si le statut actuel coince de côté, l’autonomie n’a pas dit son dernier mot. Et il faut profiter des discussions en Nouvelle-Calédonie et de la « dynamique » ultramarine pour obtenir certains aménagements clés. Dont bien sûr la citoyenneté polynésienne, un temps défendue sans succès par Gaston Flosse à Paris, mais à laquelle l’Elysée porterait aujourd’hui une oreille attentive. Une raison de plus pour s’inscrire dans la « majorité » du président de la République, insiste-t-il.

Une proposition « unijambiste », rétorque Moetai Brotherson : sans processus d’autodétermination, engagé avec l’État, sur le long terme sous l’égide des Nations unies, et avec un corps électoral spécial – comme en Nouvelle-Calédonie – ces changements constitutionnels et statutaires resteraient stériles. En bout de course une consultation des Polynésiens – à laquelle Tuterai Tumahai ne s’oppose pas, mais dont il estime qu’elle est encore prématurée – sur l’indépendance et le statut du pays. « Le statut d’autonomie, à force de le repeindre, il commence à ressembler à une vielle voiture volée qu’on se refile dans les fonds de vallées, lance le candidat bleu ciel. Nous on dit il faut changer de moteur ».

Le débat en vidéo :

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