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Yvonnick Raffin veut être « optimiste et pragmatique » sur l’avenir économique du Pays

Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi, le ministre de l’Économie et des finances Yvonnnick Raffin tenait à rassurer : la trajectoire budgétaire du Pays reste bonne, les investissements structurants comme l’habitat social restent au programme, la dette est soutenable, les contrôles des prix n’auraient pas révélé « d’abus flagrants », la rénovation des listes des PPN et PGC sera votée jeudi par l’assemblée, et une baisse des cotisations maladie sera proposée au prochain conseil d’administration de la CPS. Le gouvernement tient bien les manettes, semble dire le ministre, malgré un contexte économique et budgétaire qui ne laisse de marge que pour des ajustements par petites touches.

Quelques jours après la brutale augmentation des prix à la pompe, Yvonnick Raffin défend la décision de temporiser durant le premier semestre 2022 – ce qui s’est traduit par 9 milliards de soutien aux prix des carburants via le FRPH. « On n’a pas cramé 9 milliards pour rien », affirme le ministre, mais « pour préserver le pouvoir d’achat des Polynésiens » d’une « augmentation beaucoup plus rapide de l’inflation. » Un premier semestre marqué, rappelons-le, par d’importantes échéances électorales. Faut-il envisager, comme certains, la suppression du FRPH ? Yvonnick Raffin répond non, « parce que les conséquences seraient désastreuses. »

Si le collectif budgétaire voté la semaine dernière a eu raison des dernières réserves du Pays, la fiscalité douanière se porte bien, boostée par un effet mécanique : le renchérissement des matières premières, des biens et des tarifs de transport maritime augmentent la valeur CAF des importations, sur laquelle est basée la taxation douanière.

Baisse de cotisations en vue

La TVA sociale de 1%, affirme le ministre, fait également rentrer de l’argent dans les caisses du Pays au rythme attendu, afin de renflouer le RSPF et la branche maladie du régime des salariés. Yvonnick Raffin n’envisage donc pas de porter son taux à 1,5% comme initialement prévu. « Je vais même plus loin : je vais proposer au prochain conseil d’administration (de la CPS) de baisser comme nous l’avions annoncé le taux des cotisations sur la maladie », sans toutefois préciser l’ampleur de cette baisse, contrepartie déjà promise de la TVA sociale.

Sur la dette, qui avoisinera 155 milliards de Fcfp à la fin de l’année, Yvonnick Raffin veut rassurer. D’abord en rappelant que l’augmentation de la dette a servi « à sauvegarder les emplois, à accompagner le pouvoir d’achat, tout le monde l’oublie. » Puis en soulignant qu’une grande partie de la dette est garantie par l’État, et que le niveau d’endettement a été jugé soutenable par l’agence de notation Moody’s. Le reste de la dette, détenue par les banques locales, qui elles-mêmes bénéficient de garanties nationales, et l’Agence française de développement, organisme d’État, sera exposée à la remontée annoncée du taux directeur de la Banque centrale européenne (+0,75% d’ici septembre). « Mais nous sommes en discussion avec les bailleurs de fonds pour essayer de contenir cette augmentation », dit le ministre.

Contrôle des prix : pas « d’abus flagrants »

Le gouvernement avait annoncé, dans le cadre de son « bouclier anti-inflation », des contrôles renforcés. Les équipes ont été constituées et formées : « Nous avons effectivement multiplié les contrôles, dans l’ensemble les commerçants jouent le jeu, sont plutôt honnêtes. Il y a quelques avertissements, dans l’ensemble on n’a pas vraiment vu d’abus flagrants. Il y en a, il ne faut pas se le cacher, et nous redressons effectivement ces sociétés et commerçants. »

PPN et PGC : le projet de loi présenté à l’assemblée jeudi

La fameuse révision de la liste des produits de première nécessité et de la liste des produits de grande consommation, annoncée en février, passée au Cesec en mars, arrive finalement devant l’assemblée de la Polynésie. L’arrêté fixant ces listes est prêt, assure le ministre, et sera présenté au prochain conseil des ministres pour une application rapide. Seule indication pour l’instant, des « produits à base de pâtes » devraient entrer dans la liste de PPN.

La réforme fiscale inachevée

Le gouvernement a appuyé sur « pause » avant de procéder à la seconde partie de la réforme et modernisation de la fiscalité, celle qui concerne le patrimoine financier et foncier, peu fiscalisé en Polynésie. Le président Fritch avait confié à Radio1 qu’elle serait remise à l’ordre du jour en 2023, mais Yvonnick Raffin n’est pas aussi affirmatif, et le Pays pourrait se passer plus longtemps de ce gisement fiscal peu exploité : l’administration doit déjà s’adapter aux réformes récentes, comme celles qui allègent la fiscalité des entreprises.

Quel « nouveau modèle économique » ?

Yvonnick Raffin l’a répété la semaine dernière à Tarahoi, la Polynésie a besoin d’un nouveau modèle économique : passer d’une « économie de comptoir » à une « économie active et responsable ». Il se dit « optimiste et pragmatique » : « Il faut qu’on se prenne en charge, réellement, et qu’on arrête de se cacher derrière notre petit doigt » tonne le ministre qui oppose le discours sur la souveraineté alimentaire à la réalité d’une production locale défaillante. Il estime que les Polynésiens doivent changer leur approche au travail.

Sur ce dernier point Yvonnick Raffin annonce des travaux prometteurs avec les partenaires sociaux sur l’annualisation du temps de travail (la possibilité de moduler les heures de travail selon les besoins saisonniers – d’augmenter la durée de travail en période forte et de la réduire lorsque l’activité est plus faible) via une prochaine modernisation du code du travail.

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