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Un timbre polynésien reçoit l’équivalent du « Goncourt de la philatélie »

« Les 200 ans du tour du monde de La Coquille« , mis en circulation fin 2022 par Fare Rata, a reçu le Grand Prix de l’art philatélique à l’occasion d’un salon spécialisé à Paris. Une « consécration » pour la branche postale de l’OPT. Le timbre commémore la première circumnavigation de Jules Dumont d’Urville, entre 1822 et 1825, à bord de La Coquille, futur Astrolabe. Lors de sa première émission, il avait justement souffert… d’une coquille.

Dans le milieu c’est l’équivalent du « prix Goncourt de la philatélie », se félicite Fare Rata, habitué des salons internationaux du timbre de collection. Ses représentants animent en ce moment même un stand au Salon philatélique d’automne de Paris, dont la Polynésie était l’invitée d’honneur cette année. Un évènement a été l’occasion d’une très bonne surprise : le Grand Prix de l’art philatélique a été décerné pour la première fois à une réalisation polynésienne. Le timbre en question, émis fin 2022, a été réalisé par le célèbre graveur et illustrateur français Yves Beujard pour le compte de la branche postale de l’OPT.

Son nom : « Les 200 ans du tour du monde de La Coquille« , en référence au trois-mâts qui, entre 1822 et 1825, a entrepris un tour du monde à visée scientifique qui passera notamment par la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande, et les côtes australiennes. Fare Rata avait déjà reçu des prix philatéliques, notamment en 2021 avec le prix Cérès du groupe La Poste pour un timbre intitulé « Les Vahine masquées », un deuxième prix l’année suivante pour « Les 500 ans de Magellan » dans ce concours organisé par la Chambre syndicale française des négociants et experts en philatélie (CNEP)… mais jamais de Grand Prix. « Une consécration », écrit la poste polynésienne, qui vend ses créations à des collectionneurs tout autour de la planète, et au grand public sur fenuamarket.pf.

Dumont d’Urville, celui qui a « classifié » la Polynésie en Europe

C’est à bord de La Coquille, navire pas si frêle que ça avec ses trois mâts et ses 31 mètres, que Jules Dumont d’Urville effectue son premier tour du monde. L’explorateur est alors lieutenant de vaisseau, chargé de la botanique et de l’entomologie (l’étude des insectes) et c’est Louis Isidore Duperrey qui commande le navire. La mission ramènera vers l’Europe, outre des récits de voyages, d’importantes collections végétales et animales, qui ont passionné les scientifiques et le grand public européen. Un succès qui lui vaudra d’être de nouveau missionné, en 1826, pour un voyage en Océanie, toujours à bord de La Coquille. Avant ce deuxième tour du monde, le bateau sera rebaptisé L’Astrolabe, en référence au navire de Lapérouse, disparu avec La Boussole près de 40 ans plus tôt. Dumont D’Urville, devenu capitaine, était d’ailleurs chargé de retrouver trace de cette expédition, ce qu’il fera en localisant l’ancre et les canons d’un des navires naufragés au large de Vanikoro, aux Salomon. Ce voyage sera aussi l’occasion pour l’explorateur de découvrir les côtes de Tahiti, où il reviendra lors d’une autre expédition, vers l’Antarctique cette fois, entre 1837 et 1840. Les rapports et études de Jules Dumont D’Urville ont d’ailleurs laissé une trace pérenne sur le fenua : c’est à lui que l’on doit la classification et la délimitation des îles du Pacifique en Polynésie (un terme déjà utilisé depuis le XVIIIe), Mélanésie et Micronésie. L’explorateur ajoutait à l’époque à cette liste la Malaisie qui sera plus tard retirée du continent océanien.

Une « coquille » pour La Coquille

À noter qu’une première version du timbre, fin 2022, avait défrayé la chronique, dans le petit monde des collectionneurs, puisqu’elle faisait référence au « centenaire » du voyage de la Coquille. Une erreur d’un petit siècle qui a abouti à une réédition, le 30 décembre dernier. « 200 ans du tour du monde », lit-on sur la version corrigée, éditée à 10 320 exemples et toujours en circulation. L’erreur – « la coquille », comme disent les professionnels de l’imprimerie – n’a semble-t-il pas déplu aux passionnés… qui ont pris soin d’ajouter l’une et l’autre des versions à leur collection.

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