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Hura Tapairu : « Noir, c’est noir » et la divine Matatini 

Le Hura Tapairu rentre dans sa deuxième semaine. Les groupes en scène mercredi soir avaient fait des choix esthétiques affirmés, avec notamment des noirs profonds pour évoquer la nuit ou la souffrance. Quelques prestations colorées se dégagent néanmoins du lot avec de beaux ‘aparima et surtout la performance de la troupe de Vaito’ura de l’ultra-charismatique danseuse Matatini Mou, en tapairu et pahu nui.

Devant la salle comble du Grand théâtre de la Maison de la culture, la troupe Tāmau en catégorie Mehura tente de convaincre le jury avec sa très sensuelle prestation qui fait la part belle à la nature  :« O Vau Te Tumu, Je suis l’origine, l’essence et la quintessence ». Tāmau est une jeune troupe, avec à sa tête deux chefs-chorégraphes qui œuvrent en tandem à la ville comme à la scène : Hiroarii Chong et Heifano Laflaquière. L’année dernière, ils ont embarqué une équipe motivée sur leur pirogue avec le thème de la navigation, et ont eu à cœur de poursuivre ce beau voyage culturel en revenant avec leur nouveau thème axé sur cette nature qu’ils affectionnent tant.

C’est ensuite au tour de la troupe Tematahira de fouler les planches de la scène. Tematahira s’était présenté pour la première fois au concours du Hura Tapairu 2018 en catégorie mehura, puis souhaitant se démarquer des 28 formations en lice dans la même catégorie, le groupe avait transporté le public présent ainsi que les membres du jury, sur des mélodies paumotu bien rythmées et connues de tous. Fort de cette première expérience, Tematahira revient cette année en catégorie mehura, et vous propose un tout autre voyage bercé par de douces mélodies. Pour agrémenter ce voyage, le groupe a choisi comme thème une véritable déclaration d’amour à l’île de Tahiti.

O Maire Raurii en catégorie mehura est un groupe créé en 2019, qui réunit une mère, ses filles et ses nièces. Le groupe de Eva Durietz avait participé en 2019 en catégorie tapairu. Il revient en catégorie mehura avec un choix esthétique très sombre et porté sur une mélodie écrite par Varua Info et ré-orchestrée par Marc Desclaux.

La toute  jeune troupe ‘Iriātai, créée specialement pour l’occasion par les ambassadrices du groupe Degage, entend donner à chaque danseuse, qu’elle soit expérimentée ou débutante, l’opportunité de s’adonner au ‘ori tahiti, de se réapproprier sa culture en retrouvant le plaisir simple de la danse. Avec pour thème « Au commencement était le verbe », Iriatai va à l’essentiel. Le thème aborde l’hégémonie de l’oralité en Polynésie, le rôle de la langue dans la construction identitaire et le besoin de transmission inhérent à chacun. Très belle prestation de l’entrée en scène à l’ouverture du rideau.

O Meha’i Nui en catégorie mehura aura su se démarquer avec ses choix de costumes rouge et noir et sa prestation quasi nocturne, sur le thème « Conseils de nuit pour un futur meilleur – Mana’o tītī’aifaro nō te hō’ē patura’a maita’i a’e ». Les maquillages sont remarquables et brillent dans la pénombre. La chorégraphie de Honoua Pani est travaillée en étroite collaboration avec sa femme, elle-même danseuse de la troupe. C’est en 2018 que O Meha’i Nui, originaire de la commune de Mahina, nait sous la direction de Vaitiare Varuahi. A noter, la belle prestation des 3 chanteuses assistées de sept guitaristes.

Puis, en clôture de cette première soirée, vint Matatini Mou, la cheffe et chorégraphe de la troupe Vaito’ura qui, pour la première fois, foulait le sol du Grand théâtre de la Maison de la culture. Matatini est une jeune femme dynamique, meilleure danseuse du Heiva I Tahiti en 2019. Elle a ressenti cette année le besoin de créer son propre groupe. Aidée de Patu Mamatui, figure culturelle emblématique de la scène polynésienne, la troupe Vaito’ura offre une performance sur le thème de « L’empreinte – Tapua’e », où plane toute la symbolique des objets attachés à la pirogue ancienne et à la danse personnifiée par la forte et puissante femme Araaramano interprétée par, bien sûr, Matatini, devant laquelle tous devraient s’incliner.

Textes et photos  : Stéphane Sayeb / Tahiti Zoom

 

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