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Pour garantir la stabilité du Pacifique Sud, les ministres de la Défense font bloc

Le 8e sommet régional des ministres de la Défense s’est clos mercredi à Nouméa,. Réchauffement climatique, catastrophes naturelles, menaces cyber, durcissement des blocs entre les « grandes puissances », lutte contre la pêche illégale… Les États membres veulent renforcer davantage encore leur coopération. L’Etat a également rappelé que cinq milliards d’euros seront alloués aux forces armées de Polynésie et de Calédonie. Le point avec notre partenaire, Les Nouvelles calédoniennes.

« Si on fait tout cela, c’est pour avoir la paix et (garantir) un respect du droit international, en matière de circulation maritime, de respect des souverainetés, de volonté de vivre dans une zone indopacifique libre et exempte de toutes tensions. » Alors qu’une « logique de bloc » au niveau mondial « se forme sous nos yeux », pour clore le 8e sommet régional des ministres de la Défense du Pacifique Sud (SPDMM), le patron des Armées françaises Sébastien Lecornu a réitéré ce mercredi, en conférence de presse, la nécessité de renforcer la coopération régionale. L’objectif est double : répondre aux « attentes collectives » des pays de la zone et en garantir la stabilité en les préservant des impacts de la « compétition stratégique » qui se renforce actuellement entre les « grandes puissances » mondiales.

Partage d’informations
Pour mémoire, le SPDMM a réuni, à Nouméa, les ministres ou autorités militaires de sept États membres de la région dotés de forces armées : l’Australie, le Chili, les Fidji, la France, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Tonga. Participent également à cet événement, en tant qu’observateurs, des représentants des États-Unis, du Japon et du Royaume-Uni. Objectif pour ces États : « travailler collectivement pour promouvoir la prospérité, la souveraineté et la solidarité régionale ». Et ce, à travers une meilleure coordination des moyens militaires déployés entre ces « nations alliées ».

Le ministre français a eu des échanges bilatéraux avec l’ensemble de ses homologues, dont Win Bakri Daki, ministre de la Défense de Papouasie Nouvelle-Guinée. Photo Anthony Tejero
Pour ce faire, les ministres des sept États membres ont ainsi signé, ce mercredi, une lettre d’intention instaurant des « protocoles de partage d’informations » entre « partenaires de confiance ». Autres avancées des travaux lors de ce sommet : les membres ont convenu d’étudier la proposition de l’Australie de créer un « groupe d’intervention dans le Pacifique », ainsi que de mieux coordonner leurs offres et leurs besoins en matière de formation.

Vers un nouveau réseau universitaire dédié à la sécurité
Sur ce volet spécifique de la formation, sous l’impulsion du Chili, un réseau universitaire du SPDMM devrait être créé en vue de « jeter des ponts entre les institutions universitaires de défense pour améliorer le partage des analyses de sécurité ». L’occasion, également, pour Sébastien Lecornu de présenter les contours de la nouvelle Académie du Pacifique annoncée en juillet dernier par le président de la République, qui sera implantée sur le Caillou, et qui vise à former les militaires de la région.

Réchauffement climatique et catastrophes naturelles
Côté menaces, les membres du sommet s’accordent pour dire qu’elles sont essentiellement de deux natures dans le Pacifique Sud. Tout d’abord climatiques : avec le réchauffement global, les catastrophes naturelles deviennent « de plus en plus violentes et de plus en plus récurrentes » au point, dorénavant, de nécessiter des réponses militaires de plus en plus poussées. Et c’est tout l’enjeu de ce travail de coordination pour envoyer de manière conjointe des corps d’armée de différents pays sur les territoires sinistrés.

Lutte contre la pêche illégale et les menaces cyber
Par ailleurs, ces menaces peuvent être « hybrides », notamment en termes de sûreté maritime : « La pêche illégale est un bon exemple car la démographie dans Pacifique Nord est de plus en plus importante. Par conséquent, il faut aller de plus en plus loin pour aller prélever la ressource », analyse le ministre des Armées françaises, qui n’oublie pas non plus « les menaces cyber » qui « par définition ne sont pas une histoire de distances et peuvent venir de l’autre bout de la planète par des réseaux de télécommunication. « 

Autant de sujets sur lesquels se pencheront de nouveau les membres du SPDMM, l’an prochain en Nouvelle-Zélande (à Auckland), pays désigné pour accueillir la 9e édition du sommet.

Anthony Tejero/LNC

Cinq milliards d’euros pour les forces armées calédoniennes et polynésiennes

La conférence de presse de bilan du SPDMM était l’opportunité pour le ministre des Armées, de rappeler les ambitions de l’État et les moyens financiers qui seront débloqués dans les territoires français du Pacifique.

Ainsi, dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit une enveloppe de 413 milliards d’euros au niveau national, un montant de cinq milliards d’euros sera débloqué envers les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (Fanc) et de Polynésie française (FAPF), rien que pour le volet « infrastructures ». Dans le détail, 17 milliards de francs seront ainsi injectés sur le Caillou pour divers chantiers.

« On paie trente ans d’économies faites sur les armées de France »
Un changement de paradigme à en croire le ministre : « Pour la France, il faut se montrer solidaire et toujours au rendez-vous quand un ami a besoin de nous, notamment le Vanuatu. La solidarité entre les îles du Pacifique repose sur quelque chose de simple : quand on a donné sa parole, il faut la respecter. Et pour la respecter, il faut avoir une diplomatie visible et enfin des moyens. Mais on paie aujourd’hui le fait qu’il y a eu tellement d’économies réalisées sur les armées de France pendant ces 30 dernières années. Le retour de moyens permet d’être plus au rendez-vous et de projeter du matériel. C’est le réel changement. »

Enfin, Sébastien Lecornu n’a pas pu s’empêcher de troquer sa casquette de patron de la Défense, contre celle d’ancien ministre des Outre-mer notamment en charge de la tenue du troisième référendum, pour se livrer à une interprétation plus personnelle sur la situation actuelle du pays : « La France a toujours été une Nation du Pacifique et nous nous sommes toujours déployés quand nos amis en ont eu besoin. Mais parfois l’agenda institutionnel calédonien a pu conduire le Caillou à se replier sur lui-même. La nouveauté, dorénavant, c’est que nous pouvons nous rouvrir et les Fanc peuvent de nouveau avoir un agenda de solidarité et de propositions pour des enjeux utiles à l’ensemble de la région. »

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