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À quand une « filière tapa » au fenua ?

Festival des Tapa © Présidence

‘Arioi Experience et l’Agence française de développement (AFD) ont récemment signé un partenariat pour réaliser une étude sur « l’élaboration d’une filière dédiée au tapa en Polynésie française, sous le prisme de l’Économie Sociale et Solidaire ». Un double défi puisque la production de tapa n’est en rien structurée au fenua et que « l’ESS », qui implique notamment une gestion participative et un réinvestissement systématique des profits, n’est pas réglementée dans le pays. Le projet a été lancé en août et doit perdurer jusqu’en novembre 2024.

Plusieurs acteurs sont impliqués dans l’étude de faisabilité d’une filière dédiée au tapa en Polynésie française. Mais c’est bien le centre ‘Arioi qui la porte. Fondé par Hinatea Colombani, le centre culturel et artistique a récemment signé un partenariat avec l’Agence française de développement (AFD) pour mener cette étude, démarrée en août dernier et va durer jusqu’au mois de novembre 2024. L’idée est de savoir comment cette production traditionnelle peut être structurée au sein d’une filière qui s’inscrirait dans les principes de l’économie sociale et solidaire.

Un vivier, mais pas d’outil pour l’ESS

Ce concept d’ESS désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations ou fondations et dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l’utilisation des bénéfices qu’elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis. Leurs ressources financières sont généralement en partie publiques. Elles bénéficient d’un cadre juridique renforcé par une loi dédiée. En Polynésie, seuls deux structures, le centre ‘Arioi et le Food & Cook lab d’Audrey Lachaud, intègrent dans leurs statuts les principes de l’ESS. Mais il n’y a ni loi pour régir cette pratique, ni même connaissance du concept, alors même qu’un vivier existe.

Lucile Bambridge, coordinatrice de l’étude, indique : « on s’est aperçu ces derniers mois qu’il y avait une vraie méconnaissance à l’échelle globale sur le territoire de l’existence de l’ESS. Or, quand je dis que ce n’est pas rien, il faut savoir qu’en France cela génère 10 % du PIB, c’est plus de 2,5 millions d’emplois, plus de 200 000 entreprises plus les associations, coopératives… Il y a un vrai vivier qui pourrait en relever mais qui ne le sait pas. »

Aussi, il y a dans le projet l’idée de renforcer une communauté préexistante, d’expliquer le concept, de monter comment cela fonctionne et de poser le cadre en sollicitant les politiques pour rédiger une loi.

Pertinence, viabilité, et cohérence de la filière tapa

À propos de la filière tapa, il ne s’agira pas seulement de vérifier l’intérêt économique, mais aussi de s’enquérir des intérêts humain et technique, de la disponibilité de la matière première. Plus l’étude avance et plus les questionnements se précisent et se multiplient. Lucile Bambridge précise : « C’est une étude de préfaisabilité où on questionne la pertinence, la viabilité, la cohérence. Est-ce que cela répond à un vrai besoin ? Ensuite, cela se poursuivra par une étude de faisabilité pour rendre opérationnel des scénarios identifiés dans l’année. »

D’ici là, des événements seront organisés autour des deux thématiques comme des concours, expositions, conférences… Ce projet à une dimension régionale car le tapa est « un ciment », « un socle culturel » qui a trouvé sa place tout au long des chemins de peuplement depuis l’Asie du sud-est. L’étude supposera, dans le temps, de renforcer certains liens, mais aussi s’interroger sur le partage des savoirs.

 

 

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