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Jason Man appelle le public à l’aider à mener son combat climatique à Paris

Jason Man

Après plusieurs années d’action au fenua, le militant environnemental s’est installé à Paris où il veut interpeller, au niveau national et international, sur la « situation critique » des îles polynésiennes face aux changements climatiques. Une « mission » qu’il s’est lui-même fixée, qui passe par la construction d’un réseau avec d’autres militants ultramarins, notamment dans le cercle de « l’écologie décoloniale » et qui nécessite des fonds, dit-il. « Dans l’attente » d’un soutien du Pays, Jason Man en appelle pour l’instant aux dons du grand public.   

« L’avenir de nos îles se joue hors de notre océan ». C’est la conclusion à laquelle est arrivée Jason Man, après avoir milité durant cinq ans, au fenua, pour interpeller sur l’urgence climatique et écologique. Connu à Tahiti pour ses tours de l’île en brouette, les marches pour le climat qu’il a participé a lancer, l’association Te Motu qu’il a cofondé, ses défis personnels comme le « régime 100% local », ou ses multiples interventions médiatiques, le jeune Polynésien est parti, en août dernier, vers Paris, où il est désormais installé. « Pas une décision facile » pour l’ancien étudiant en Physique-Chimie, qui a arrêté ses études en 2018, trois ans après son bac, pour se consacrer au militantisme. Mais une décision qui s’imposait, assure-t-il, pour continuer son combat.

Unir les militants ultramarins pour mettre la pression sur l’État, l’Europe et les grandes entreprises 

« Même si les Polynésiens arrivent à réduire à temps leurs impacts sur les écosystèmes, nous sommes tributaires d’efforts mondiaux, explique-t-il dans un communiqué, précisant que, dans la trajectoire actuelle de réchauffement, « la majorité des récifs » disparaitront et beaucoup d’îles polynésiennes seront « inhabitables » d’ici quelques décennies. Alors en plus de donner l’exemple nous devons inciter les autres pays à prendre ce virage sociétal ». Seule solution « faire du plaidoyer », « porter notre cause sur l’espace public hors de notre pays pour faire entendre notre situation critique et pour essayer d’influencer les principaux responsables des crises écologiques globales ».

Ce « plaidoyer » pour les îles, polynésiennes mais pas seulement, Jason Man se propose de lui-même de le porter en métropole. Un changement de base pour celui qui a milité aux côtés de Nana sac plastique, Colibris Tahiti, ou la FAPE, entre autres, et qu’il justifie par les trop grandes « contraintes » de la distance, et la nécessité de se rapprocher « des autres militants » et des « entités » qu’il veux influencer. Parmi elles, les autorités nationales et européennes. Mais aussi « certaines grandes entreprises françaises qui sont des criminels coloniaux et climatiques à l’échelle du monde ». Le militant en cite une seule : Total Énergies, compagnie pétrolière fréquemment ciblée par les militants climatiques français. « Nous subissons une réelle injustice qui risque de nous condamner, reprend l’ancien étudiant de l’UPF, passé aussi par l’Alsace pour ses études. Les grands pays du Nord et les grandes entreprises se sont développés et enrichis au prix de notre avenir. Ne les laissons pas aller au bout de cette tragédie ».

Concrètement, Jason Man veut – et aurait commencé – à structurer « un réseau de militants ultramarins », notamment dans le cercle de « l’écologie décoloniale » – pour « cibler », « aller influencer », voire mettre la pression, avec différents leviers sur « ceux qui décident de notre avenir » :

Jason Man, au milieu de la circulation à Papeete début 2022, avec une affiche frappée du logo d’Extinction Rebellion, un mouvement social écologiste international habitué des actions de « désobéissance civile ». ©D.R.

Cagnotte publique à défaut de soutien du Pays

Mais pour mener ce combat, il faut du soutien, insiste-t-il. Un soutien que le militant, qui s’était affiché en 2022 aux côtés de « l’Union Populaire Polynésie » de Jean-Luc Mélenchon pour soutenir les candidats Tavini aux législatives, a déjà demandé auprès du président Moetai Brotherson ou de la vice-présidente Éliane Tevahitua. Sans succès. « Malgré de l’enthousiasme rien ne se profile à court terme et je me retrouve sans soutien institutionnel ou financier », écrit Jason Man dans un communiqué, qui ne précise pas quel statut ou quelle aide il revendique auprès du gouvernement. En attendant, le jeune militant en appelle au public polynésien, au travers d’une cagnotte permanente sur la plateforme Tipeee, souvent utilisée par des créateurs de contenus internet pour financer leur activité. « J’ai mis de l’argent de coté pour ce projet, qui m’assure mes cinq  prochains mois en mode survie, précise-t-il, estimant pouvoir ensuite dégager « 700 ou 800 euros  par mois » avec « les aides de l’état et des missions par ci par là ».

Son objectif : atteindre les 1000 euros (« mode survie ») à 2500 euros par mois (« optimal de travail) pour se consacrer exclusivement au militantisme, et mener sa « mission », qui pourrait passer par des appels à prestataires, voire des recrutements. « Je peux trouver des solutions alternatives pour me financer notamment de trouver un travail mais ça va m’empêcher de me dédier à 100% au plaidoyer et surtout ça fait sens pour moi que le peuple soit capable de se financer sa résistance » écrit-il sur sa cagnotte en ligne. « Autant chez moi, j’ai mon Fa’a’apu et j’ai pas vraiment besoin d’argent, autant ici, dans une ville, c’est un autre monde, explique le militant joint à Paris par téléphone. J’ai besoin d’argent pour tenir mon combat et l’idée c’est demander aux gens qui peuvent le faire de contribuer à cette lutte hors de nos eaux sans avoir à se déplacer » :

 

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