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Mililani Ganivet, sur la trace des objets collectés par la London Missionary Society

Originaire de la presqu’île, elle a décroché en octobre dernier un contrat doctoral professionnalisant au sein du British Museum de Londres. Elle est chargée de documenter, sur une durée de trois ans et demi, les collections la London Missionary Society. Après seulement trois mois de recherches, la chercheuse organise le 18 janvier prochain sa toute première conférence sur le sujet au Petit théâtre de la Maison de la culture.

Mililani Ganivet veut susciter l’intérêt des Polynésiens pour leur histoire. Passionnée par les vestiges du passé, cette Polynésienne à la tête bien pleine a soif d’apprendre. Cette fille d’institutrice, née à Hawaii, a grandi à la presqu’île, goûtant très tôt aux joies de la lecture. C’est à 14 ans, alors qu’on lui décèle un lymphome, qu’elle se prend de passion pour l’histoire. « À ce moment-là, j’ai eu un sentiment d’urgence de faire les choses », confie la chercheuse. À 17 ans, elle quitte donc le fenua pour étudier à la Sorbonne. Après avoir obtenu sa licence, pendant qu’elle prépare son master, elle s’essaye à l’enseignement aux États-Unis. « Ça m’a beaucoup plu, mais je me suis dit, il y a un problème. J’apprenais l’histoire américaine, celles des autres peuples, alors que je ne connaissais pas la mienne », se souvient la jeune femme.

Des archives aux objets

Et c’est de fil en aiguille, grâce à des rencontres, qu’elle se penche en 2019 sur l’histoire du Pacifique qu’elle étudie à l’Université de Hawaii. Elle prépare d’ailleurs un mémoire qu’elle doit présenter en février, sur la collection de Daniel Palacz, rassemblant 700 objets du fenua, mais aussi de nombreuses boîtes d’archives datant de la période des essais nucléaires en Polynésie (1970-1990). C’est finalement ce projet qui l’a poussée à s’intéresser aux objets qui font l’histoire. « Ça m’a vraiment ouvert les yeux sur plusieurs pans de notre histoire qu’on ne nous raconte pas. Je me suis dit si moi ça m’intéresse, je pense que ça peut intéresser les enfants et les étudiants surtout. Car avec les objets, il y a une matérialité qui fait que même si tu ne connais rien à ton histoire, quand tu es en présence de l’objet tu as une certaine intuition qui te dit : ça me parle. »

 

« Aider les autres à s’intéresser à notre histoire »

Très active, elle était il y a quelques mois encore chargée de mission au ministère de la Culture, avant de décrocher en octobre dernier un contrat doctoral professionnalisant au British Museum. Elle est ainsi chargée de documenter les collections la London Missionnary Society. Ainsi, après ses trois premiers mois de recherches, elle souhaite partager ses travaux avec la population. Une démarche qui n’est pas très commune, surtout qu’elle va consacrer quatre ans à sa thèse, mais qui lui tient à cœur. « Il y a beaucoup de gens qui ont vu beaucoup de choses, mais souvent, ils ne partagent pas. C’est une question de privilège et pour moi ce doctorat, c’est une responsabilité et il m’appartient de partager pour que ça puisse aider les autres à s’intéresser à notre histoire. »

Au programme de cette toute première conférence qu’elle organise au fenua, la présentation de l’étendue de la collection, et de quelques pièces rares qu’elle a découvertes, témoins de la mobilité des pasteurs polynésiens, des îles Cook à Hawaii en passant par le fenua. L’objectif de Mililani Ganivet est de faire connaître l’histoire de cette collecte et le rôle joué par les pasteurs dans la politique de la London Missionary Society, mais aussi de nourrir sa propre réflexion. Elle parlera notamment du don de ses to’o familiaux par Pomare II à la LMS, en 1816, comme preuve de sa conversion religieuse. Un geste qui contribua à redéfinir la politique de collecte de la LMS, et sauva des flammes une centaine d’autres objets parmi les plus sacrés de Polynésie.

La chercheuse donne rendez-vous aux curieux le 18 janvier à la Maison de la culture à partir de 18 heures. L’entrée est libre.

 

 

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