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« Les Maori vivent aujourd’hui dans la crainte de voir leur identité disparaitre »

Des milliers de Néozélandais protestent, depuis décembre, contre le nouveau gouvernement conservateur qui veut revenir sur certains droits des Maori, issus du traité de Waitangi et des réformes des exécutifs précédents. Un mouvement qui n’a pas laissé indifférent Heia Parau et une partie de sa famille, descendants maori du fenua qui ont lancé ce lundi le mouvement de soutien Maori Ora. Une pétition est en ligne et une délégation doit participer le 6 février prochain aux festivités du Waitangi day à Aotearoa.

Une mobilisation pour aider des « cousins » dans leur lutte. À quelques jours du Waitangi Day – la grande fête nationale Néo-Zélandaise, célébrée chaque 6 février en l’honneur de la signature du traité éponyme – Heia Parau, et sa « grande famille » originaire des Australes, ont annoncé le lancement du collectif local de soutien Maori Ora. Une initiative qui s’inscrit dans le contexte d’importantes protestations, menées depuis décembre en Nouvelle-Zélande, contre la politique du gouvernement conservateur élu en octobre dernier. Après six ans de majorité travailliste et progressiste, sous la direction notamment de l’ex-première ministre Jacinda Ardern, qui avait acquis une popularité mondiale durant le Covid, la nouvelle coalition menée par Christopher Luxon semble déterminée à détricoter certaines politiques sur le droit des maori, qui représentent aujourd’hui un peu plus de 17% de la population d’Aotearoa.

Manifestations et grand « hui » royal

Le nouvel exécutif a notamment annoncé son intention de restreindre l’usage officiel du reo Maori dans les services publics, de dissoudre l’Autorité de Santé maori, agence concentrée sur la prévention dans cette communauté particulièrement touchée par les problèmes sanitaires… Mais surtout, le ministère de la Justice préparerait, pour honorer un accord électoral formé avec le parti libertarien « ACT », un texte qui pourrait, s’il était voté, modifier l’interprétation du traité de Waitangi. Et donc remettre en cause certains acquis qui en sont issus en matière de droit du peuple autochtone. « Le traité de Waitangi, il a été signé le 6 février 1840 par tous les grands chefs de Aotearoa et la couronne britannique, rappelle Heia Parau Dans ce traité, sont bien définis les droits des maori, que ce soit sur le foncier, sur leurs terres ou sur leur langue, leur culture, ou leur mode de vie… Ça a été une surprise pour tout le monde que ce gouvernement s’attaque directement à ce qui fait ce qu’est un maori ».

Une surprise qui s’est mué en mouvement de protestation au long terme. Des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont eu lieu ces dernières semaines dans les grandes villes de Nouvelle-Zélande avec comme slogan « Honour Te Tiriti » (honorez le traité) ou « 4 our Mokopuna » (« Pour nos petits-enfants »). D’après Radio New Zealand, environ 10 000 personnes se sont rassemblées, le weekend dernier, au Marae Tūrangawaewae, à l’appel du Kīngitanga, mouvement monarchiste maori, qui avait convoqué un « hui » national pour discuter de la défense des droits du peuple autochtone. « La population Maori vit dans la crainte de voir son identité disparaitre » résume Heia Parau qui accuse même le gouvernement de Wellington de vouloir « exterminer » culturellement ce peuple polynésien – une accusation beaucoup plus dure que celles qui sont proférées dans le débat public néozélandais.

Pétition de soutien du fenua

Si l’animatrice de télévision, passée par le syndicalisme et la politique, au Tavini, avec son mouvement A Tia Mai, ou aux côté  de Tauhiti Nena aux dernières territoriales, a choisi de se lancer dans ce combat, c’est avant tout par lien familial. « Nous sommes originaires de Nouvelle-Zélande, nous avons des ancêtres qui se sont levés, qui se sont battu pour défendre et protéger les terres des maori explique-t-elle, précisant qu’un ascendant de la famille Parau était même signataire du traité de Waitangi. Il nous paraissait important de faire quelque chose, ne serait-ce que pour montrer à nos frères et soeurs maori que nous sommes avec eux aussi ».

Les membres du mouvement, pour l’instant restreint à cercle familial, prévoient de participer aux festivités du Waitangi Day le 6 février en Nouvelle-Zélande. Et souhaitent, pour l’occasion, présenter une pétition aux dirigeants du peuple Maori. « Un témoignage du soutien du fenua » ajoute encore la porte-parole de la famille qui espère sensibiliser au maximum la population du fenua. Elle invite ainsi, « tout ceux qui se sentent concernés à se manifester » et leur propose même de se joindre à l’expédition. Retrouvez plus d’informations sur ce mouvement sur la page Facebook Maori ora.

 

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