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À TNTV, le « duo » de directeurs provoque l’incompréhension du personnel

Dans une lettre à Moetai Brotherson, les syndicats de la chaîne s’interrogent sur la méthode et les résultats du recrutement des deux nouveaux directeurs. Pourquoi avoir choisi Karl Tefaatau, arrivé dernier de la consultation interne ? Pourquoi avoir mis Yves Haupert en charge de l’information alors qu’il « occupait précédemment des postes éminemment politiques » ? Pourquoi débloquer 28 millions de francs pour payer des « salaires très importants » alors que les besoins ne manquent pas du côté des services ? Des questions posées au président du Pays, accusé d’un certain « mépris » des salariés.

Lire aussi : Deux salaires pour une direction : un « investissement dans l’avenir » pour Moetai Brotherson

« Dubitatifs », les salariés de TNTV. C’est en tout cas le sentiment dont font état les quatre syndicats représentatifs de la chaîne après un long – et médiatique – processus de sélection du nouveau dirigeant de l’établissement. Ou plutôt des nouveaux dirigeants, puisque Moetai Brotherson avait choisi, mercredi dernier de nommer Karl Tefaatau directeur général et Yves Haupert directeur général délégué de TNTV. Une annonce « surprenante » qui a causé un « émoi » parmi le personnel, expliquent les délégués de la CSTP-FO, de A Tia i Mua, de la CSIP et de Otahi dans une lettre adressée au président du Pays.

Ce « duo n’avait visiblement pas imaginé collaborer et devra certainement faire des concessions sur les objectifs initiaux respectifs de chacun, écrivent-ils. Le temps d’adaptation et de concertation imposera de nouveaux délais avant d’établir une stratégie cohérente ». En clair : ce management à deux têtes, inédit pour la chaîne et dont personne ne semble certain de l’articulation, va retarder les décisions et réformes de fond. Des réformes pourtant demandées par le président du Pays, qui n’est pas le président du conseil d’administration mais qui est en charge du portefeuille de l’audiovisuel. Et qui, à ce titre, s’est personnellement investi dans ces nominations.

Un jury et un vote du personnel… mais pour quoi faire ? 

Justement les syndicats « s’interrogent » sur la méthode et la « logique » qu’il a choisies. L’appel à candidature sur les réseaux sociaux était « dans l’air du temps », certes, mais il a encouragé « les pires spéculations sur le sort de la télévision locale ». Surtout, l’audition des trois finalistes devant le personnel et l’organisation d’un vote consultatif – une idée « louable » estiment les syndicats – a engendré beaucoup de frustrations. « Force est de constater que celui qui selon vos propos s’est ‘viandé’ a obtenu le poste », notent les syndicats. Karl Tefaatau, nouveau directeur général de l’établissement, avait en effet récolté 9 voix devant les salariés, contre 11 pour Mickaël Charlet et 42 pour Yves Haupert.

Pour « justifier cette décision, pour le moment mal comprise », les représentants syndicaux demandent la publication des notes attribués par le jury aux candidats, avant ce grand oral. D’après nos informations, Karl Tefaatau ne serait pas non plus arrivé premier de ce classement, mais second, derrière Mickaël Charlet, actuel directeur financier et seul finaliste à ne pas avoir hérité d’une nomination, ni d’un bon mot du président. Yves Haupert était, lui, arrivé troisième dans les notations remises par le jury au conseil d’administration et au président du Pays.

Même si l’ancien directeur de la chaîne – entre 2007 et 2013, alors que certains, notamment dans le camp indépendantiste, militaient pour la disparition de TNTV – a dominé le vote des salariés, la charge qui lui a été confiée a crispé du côté des journalistes. Car le nouveau « directeur général délégué » – un poste qui tire ses attributions directement du conseil d’administration et qui n’est donc pas placé sous les ordres du directeur général – a notamment été mis en charge de l’information. Or Yves Haupert, depuis quelques mois chargé de mission auprès du ministère des Grands Travaux de Jordy Chan, a aussi été en charge pendant de longues années de la communication de la présidence sous Gaston Flosse puis Édouard Fritch. Des postes « éminemment politiques » et une rédaction qui, malgré les engagements pris par l’ancien journaliste devant le jury puis le personnel, se dit « vigilante » contre « toute intrusion dans sa ligne éditoriale ».

Des revalorisations pour tous plutôt que des salaires de directeurs

Mais c’est surtout le coût de cette direction bicéphale qui interpelle à TNTV. 28 millions de francs de rallonge accordée par le gouvernement alors que « les salaires de la plupart des employés n’ont pas évolué pendant plus d’une décennie ». Les délégués demandent des revalorisations rapides, décrivent une « crise sociale » au sein de l’entreprise, un mal-être – 1 000 jours d’arrêts maladie par an pour 79 salariés – et une « précarité » qui ont, lors de ces annonces, « exacerbé un profond sentiment d’injustice et de non reconnaissance du travail effectué ».

Le discours, mercredi dernier, de Moetai Brotherson devant le personnel n’a visiblement pas aidé : « Il faut allumer vos lumières » avait répondu le président à un cadre s’interrogeant sur ce budget. Mieux vaut « avoir un mauvais plan que pas de plan du tout » avait-il lancé pour couper court au débat sur les nominations. Les salariés se sentiraient aujourd’hui « méprisés », assurent leurs représentants qui filent donc la métaphore du chef du gouvernement, qui expliquait qu’on ne « pouvait pas demander à TNTV de devenir Goldorak »… « Si Actarus est malade et sans possibilité d’évolution sociale ».

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