ACTUS LOCALESENVIRONNEMENT

Le « bac marron » bientôt en test… avant une généralisation ?


Le syndicat des déchets Fenua Ma s’apprête à sélectionner deux communes pour expérimenter un bac dédié aux biodéchets. Restes alimentaires, déchets verts, papiers cartons… De quoi alléger considérablement le bac gris – et ainsi allonger la durée de vie du CET de Paihoro – mais aussi le bac vert qui pourrait se muer en bornes de collectes à l’entrée des quartiers. Reste à vérifier que les déchets organiques du « bac marron » peuvent produire un compost d’assez bonne qualité pour être valorisé localement.

C’est une petite révolution qui est déjà en cours dans les poubelles métropolitaines. Depuis le 1er janvier, au terme d’une décision européenne retranscrite dans le droit national, il est obligatoire de trier ses « biodéchets ». Les particuliers, collectivités et même professionnels sont donc tenus de s’organiser pour éviter que ces déchets alimentaires, déchets verts, papiers, cartons et autres matières organiques ne viennent alourdir les flux d’ordures destinés à l’enfouissement ou l’incinération. Et puissent plutôt être orientés vers des bacs compost ou des collectes spécialisées pour en tirer tout leur potentiel en termes d’énergie ou d’engrais.

Cette obligation de « tri à la source », saluée par les défenseurs de l’environnement et mais qui donne déjà du fil à retordre à certains dirigeants locaux, ne s’applique en rien à la Polynésie. Et pourtant, Fenua ma l’a déjà « intégré » dans ses plans de développement. « C’est depuis 2017 dans nos programmes, et ça a été voté en 2021 par notre comité syndical », explique Benoit Layrle, le directeur général de ce syndicat mixte qui compte en son sein 12 des 13 communes des îles du Vent ainsi que le Pays. Certaines solutions de tri sont déjà utilisées, ajoute-t-il, comme le compostage individuel : Fenua Ma a importé, avant le Covid, 3 000 composteurs en bois ou en plastique, qui ont montré des résultats « fantastiques », notamment en zones rurales, mais dont quelques centaines restent encore à être distribués par les mairies. « Mais il y a aussi des solutions collectives, avec la mise en place de bacs spécifiques » précise le directeur.

50 à 100 foyers dans des quartiers test

Des « bacs marron » avaient effectivement déjà été évoqués dans le schéma directeur de Fenua ma en 2021. D’autres projets ont dû, depuis, être menés de front, mais il s’agit désormais pour le syndicat de concrétiser l’idée… Après l’avoir testée. « Nous allons choisir avec deux communes volontaires un quartier 50 à 100 foyers pour justement mettre en place ce bac marron, reprend Benoit Layrle. Ça va permettre de voir si la qualité du compost produit à partir de ce bac dans lequel vous allez pouvoir mettre tous les restes de repas, de préparation, de repas, mais aussi vos petits déchets verts de la cour et vos papiers cartons, s’il y a une valorisation locale qui peut être vraiment réussie. »

La valorisation locale, c’est le cœur de ce projet qui vise, au final, à réduire le poids des bacs gris et ainsi rallonger au maximum la durée de vie du CET de Paihoro. Car les déchets organiques représentent à eux seuls plus de 45% de la masse d’ordures destinées à l’enfouissement. Et ces déchets, par nature dégradables, sont aussi ceux qui causent le plus de problème au centre technique.

Des bacs gris moins sales et moins pleins, des bornes plutôt qu’un bac vert

« Ce sont aussi ceux que vous ne voulez pas avoir dans votre poubelle, puisque c’est eux qui créent au bout de deux jours des mauvaises odeurs, des asticots…, précise le directeur de Fenua ma. Les gens qui font déjà au moins du compost à la maison peuvent se permettre de ne sortir leur bac gris que tous les 8 à 10 jours. Donc c’est aussi potentiellement des économies de collecte pour la commune qui pourrait décider, en tout cas, de proposer à des quartiers, de diminuer la fréquence de collecte pour diminuer les coûts, et les charges des usagers. Mais en contrepartie, il va falloir trier un peu mieux le compost, le bac vert, etc. »

D’ici quelques semaines, donc, deux communes – elles restent à être officiellement désignées, mais deux candidates, une sur la côte Est et l’autre sur la côte Ouest, semblent déjà volontaires – seront sélectionnées, et le test « en conditions réelles » pourra commencer d’ici le début d’année prochaine pour 18 mois. Des bacs marron seront mis à disposition dans les quartiers tests, et les bacs verts, eux, seront retirés. Les papiers et cartons, qui représentent 80% du contenu de ces poubelles de tri, sont joindront aux biodéchets, quand les plastiques recyclables (bouteilles et flacons mais pas emballages de repas « à emporter » qui ne sont pas recyclables et vont dans le bac gris), et les canettes et conserves en aluminium seront collectés dans des bornes qui seront installées à l’entrée de ces quartiers. Des économies en perspective pour les collectivités : en matière de déchets, la collecte représente les deux tiers des coûts.

« L’idée est d’avoir avant 2027 des résultats quantifiés de détournements de déchets et aussi de qualité du compost produit à l’arrivée », complète Benoit Layrle. Et si les essais sont concluants, le cap est tout tracé : une généralisation de ce système, synonyme de gain de durée de vie important pour le CET de Paihoro, qui, dans la dynamique et la structure actuelle du centre, ne peut voir au-delà de 2035.

Article précedent

Dengue : un "cluster extensif" à Rangiroa

Article suivant

Ra'au tahiti : l'ILM va étudier les propriétés des extraits de plantes du fenua

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Le « bac marron » bientôt en test… avant une généralisation ?