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OPT : le projet Hinoi « suspendu » pour être « réorienté »

Le conseil d’administration de l’OPT a acté la « suspension » du projet de nouveau siège à Prince Hinoi, que le gouvernement avait déjà demandé à « redimensionner » l’année dernière. Pour la nouvelle PDG Hina Delva, le projet, même si son coût avait été ramené de 13 à 6 milliards de francs, ne collait pas à la situation financière « critique » de l’établissement public. L’idée serait de développer sur le site un projet « davantage orienté vers la recherche de revenus », et pas seulement vers le « confort » des équipes.

« Pas un abandon », mais une « réorientation », insiste-t-on à l’OPT. Lors d’un conseil d’administration qui s’est tenu début avril, le groupe public a acté la « suspension » du projet de nouveau siège qui devait se construire sur le grand terrain de l’avenue Prince-Hinoi, à Papeete, entre Easy Market et Hyper Brico.

Redimensionné… Mais pas assez

Un terrain acquis par l’office dès 2000 et qui attend patiemment, depuis près d’un quart de siècle, une construction. Plusieurs réflexions ont été lancées au fil des ans, mais ces 7 400 mètres carrés à l’entrée de la ville, sur un axe passant, méritaient bien un « grand projet ». Il est mûri, longuement, sous la mandature de Jean-François Martin. Études, architectes, montages financiers… Les travaux préparatoires se chiffrent en centaine de millions, et en 2022, après d’ultimes rebondissements de la période Covid, un complexe de 18 000 mètres carrés sur 8 étages – parking compris – obtient son permis de construire. Certaines critiques sur les dimensions « pharaoniques » du projet se font déjà entendre, mais des appels d’offres sont tout de même lancés. La première pierre devait être posée courant 2023. Le calendrier est remis en cause par le renouvellement du gouvernement, qui s’inquiète, dès sa prise de fonction des finances plongeantes de l’OPT et s’étonne, face aux bilans présentés, du coût du projet. 13 milliards de francs après inflation d’après Vannina Crolas. En août, la ministre des télécoms exige un « redimensionnement ».

La nouvelle copie est vite rendue : courant novembre, un projet de siège ne rassemblant « que » 377 agents contre 670 pour la version précédente, et qui s’est débarrassé, entre autres, de la « Maison des communes » du SPC, est présenté au Conseil d’administration. La nouvelle note, à 6,1 milliards de francs, est cette fois validée. Beaucoup reste alors à faire : confirmer les emprunts bancaires, remonter les dossiers de défiscalisation, préparer de nouveaux appels d’offres et lancer la vente de certains biens immobiliers non utilisés par l’OPT pour boucler le budget… Une machine qui a donc été stoppée net en conseil d’administration, le 4 avril.

Des « revenus » plutôt que du « confort »

Il faut dire que la nouvelle PDG Hina Delva, nommée en décembre par Moetai Brotherson a, dès sa prise de fonction en février, réétudié ce coûteux dossier, sollicitant même le regard de consultants extérieurs pour faire le point. Aucun doute : il faut « donner une nouvelle orientation au projet », imaginé dans une période plus abondante pour l’OPT et qui ne colle plus, aujourd’hui, au contexte financier « critique » de l’établissement public. Les comptes 2023 du groupe n’ont pas été officiellement présentés, mais les deux milliards de francs de déficit de 2022 ont annoncé la couleur. En conseil d’administration, la dirigeante explique que ce terrain, vaste, plat et bien placé, une rareté à Papeete, devait être mis à profit pour un projet « davantage tourné vers la rentabilité et la recherche de revenu pour le groupe ». Et donc moins vers le seul « confort » des équipes, certes éparpillées entre plusieurs locaux, mais sur des sites dont l’OPT est, pour l’essentiel, propriétaire. Pas d’urgence, donc.

Pas d’indication sur les activités qui pourraient être développées à Prince-Hinoi, mais la direction assure que le projet, tel qu’il est réfléchi depuis de longues années, n’est pas entièrement abandonné. En clair : que les centaines de millions de francs d’études et de consultations diverses ne sont pas perdues. Au GIE Fare Hono, qui pilote les cinq sociétés immobilières du groupe, dont la SCI Fare Hinoi, de faire des propositions. La direction précise au passage que cette suspension permettra de garder le foncier qui devait être vendu pour financer les travaux.

En attendant, une partie du terrain de Prince-Hinoi, où trône toujours le panneau de permis de construire en date de 2022, a été loué à un groupe automobile du quartier pour y stocker des voitures neuves. Mieux que rien, mais l’OPT devrait pouvoir trouver mieux en termes de rentabilité.

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