ACTUS LOCALESJUSTICE Affaire Tetiaroa Royal Race : 500 000 francs d’amende requis contre Phillip Schyle Pascal Bastianaggi 2024-06-18 18 Juin 2024 Pascal Bastianaggi ©PB/Radio1 Journée chargée pour Phillip Schyle qui après avoir été relaxé dans une affaire de marché public, comparaissait aussi pour prise illégale d’intérêt. On lui reproche d’avoir fait bénéficier l’association Tetiaroa Royal Race de 11 millions de subventions communales, alors que des membres du conseil municipal faisaient partie de l’association. L’ancien tavana, lui, assure qu’il ne le savait pas. Le délibéré sera rendu le 25 juin. Lire aussi : Marché public à Arue : Philip Schyle relaxé L’affaire avait été dénoncée, comme la précédente, par Teura Iriti qui avait succédé à Philip Schyle à la tête de la commune de Arue en 2020. Elle avait dénoncé le fait que l’association Tetiaroa Royal Race, en 2018, avait bénéficié de deux subventions communales de cinq et six millions de francs. Cette association, créée pour l’organisation d’une course de va’a entre Tahiti et Tetiaroa, comptait plusieurs élus municipaux, dont le trésorier. L’ancien maire de Arue est soupçonné par la justice d’avoir attribué ces subventions dans le but de servir son intérêt politique. Appelé à la barre, l’ex premier magistrat de la commune de Arue ne conteste pas les liens entre la commune et l’association et explique que son souhait était de « rendre hommage à mon prédécesseur Boris Leontieff qui a toujours voulu organiser cette course. » Une course qui n’a pas rencontré le succès escompté, puisqu’elle s’est arrêtée à la deuxième édition. « Pour l’opinion publique, Schyle s’est servi » Il l’assure : « Je ne savais pas que des élus faisaient partie de cette association. » « Cela paraît étrange » remarque le juge. « Je vous le concéde mais je vous assure que j’ai découvert cela lors du dépôt de la plainte. », répond Philip Schyle. « C’était pourtant un peu votre bébé cette course, vous étiez impliqué dans cette association », insiste le juge. « J’assistais de temps à autre à des réunions mais pas de manière systématique. Je vous le dis de bonne foi, je n’étais pas au courant qu’il y avait des membres du conseil municipal qui avaient des intérêts au sein de cette association. » « Si j’ai commis des erreurs, je les assume, affirme l’ancien tavana. Ce que je veux aujourd’hui c’est que justice soit faite et que la vérité éclate, car je me suis retiré de la vie politique à cause de cela. Pour l’opinion publique, Schyle s’est servi, et je ne supporte pas qu’on mette en doute mon intégrité. » Me Varrod, son défenseur, prend la parole. « Vous arrive-t-il de présenter des subventions pour des associations en disant, c’est super ce qu’elles font, il faut les aider. » « Oui bien sûr cela m’arrive. » « Mais vous savez que vous tombez sur le coup de prise illégale d’intérêts en faisant cela ? » « Oui, je le découvre. » Il faut dire que Me Varrod avant l’audience avait déposé des Questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) arguant que « un élu qui aime jouer au tennis et qui dégage des fonds pour rénover un terrain de tennis peut tomber sur le coup de prise illégale d’intérêt. » Des QPC qui ont été rejetées et donc non transmises à la Cour de Cassation, auquel cas le jugement aurait été ajourné. Aux autres prévenus, tous au casier judiciaire vierge, il est reproché de ne pas être sortis de la salle du conseil municipal au moment du vote. Ils ont tous déclaré avoir agi de bonne foi, précisant que lors des délibérations pour les subventions, il y avait plusieurs associations concernées et qu’il n’y avait eu qu’un seul vote pour l’ensemble des associations. « On a tous commis la même erreur de ne pas sortir de la salle au moment du vote » reconnaît l’un d’entre eux. « Ce dossier est un cas d’école » Pour la procureure la prise illégale d’intérêts est un délit qui sanctionne un risque d’interférence et « dans l’affaire qui nous occupe, c’est le cas. Il y eu une situation d’interférence qui est de nature à influencer les élus. C’est un cas d’école même s’il n’y a pas d’intention de détourner des fonds ou de malversations (…) » Elle a requis contre Philip Schyle 500 000 fcfp d’amende. Quant aux autres prévenus elle a réclamé des amendes allant entre 300 000 et 150 000 fcfp d’amende. Le délibéré sera rendu le 25 juin prochain. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)