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Mouvements sociaux : la semaine où tout peut basculer

Une rencontre à ADT, aucune à l’OPT, et deux conflits prêts à démarrer. La situation sociale du fenua, tendue la semaine passée, a tout d’explosif pour les jours à venir. Les deux grands conflits en cours, menés par la même intersyndicale, font tout de même l’objet de nouveaux rounds de négociation ce lundi matin. Des discussions sous pression puisque trois autres préavis de grève sont prêts à être déclenchés : dans les sociétés de sûreté de l’aéroport, dès mardi, et chez les fonctionnaires d’État, ce jeudi.

Lire aussi : Les grévistes d’ADT, conscients de leur « impopularité », tout de même déterminés à se faire entendre

  • À ADT, des discussions plus apaisées, mais toujours pas d’accord

Certes, le trafic aérien interinsulaire, entièrement paralysé sur ses trois plus grosses lignes en début de semaine dernière, n’a été que peu perturbé ce week-end. Mais les « redéploiements » de personnel – et notamment de pompiers d’aéroport – opérés par la direction d’ADT ne pourront tenir éternellement. Vendredi, le directeur Gwenvael Ronsin-Hardy, rassurait, en expliquant que le retour de formation de certains effectifs, pas réellement datés, devrait donner plus de marge à l’entreprise. Mais aux dernières nouvelles, les atterrissages et décollages de Bora Bora, Rangiroa et Raiatea n’étaient encadrés que par un seul pompier par plateforme. Il faudra bien, à un moment ou à un autre les remplacer. Et, à terme, revenir à un niveau de sécurité classique.

Les compagnies aériennes locales, très soucieuses de l’évolution de ce conflit, pouvaient espérer un accord, samedi, avec la tenue d’un nouveau round de négociations entre l’intersyndicale et la direction. Les chefs de centrale, qui avaient claqué la porte des discussions quelques jours plus tôt, ont cette fois salué des dirigeants qui ont « compris » les revendications sur « certains points » et proposé « quelques solutions », notamment un programme de rénovation des locaux professionnels de Tahiti-Faa’a, jugés insalubres et dangereux. Mais les garanties sont encore jugées trop faibles et la question de l’organisation et de la gouvernance des ressources humaines de l’entreprise n’a pas été réglée. Lors d’une conférence de presse vendredi après-midi, les représentants syndicaux d’ADT, conscients de l’impopularité de leur mouvement, ont tenu à expliquer leur démarche, et assuré qu’ils entendaient aller jusqu’au bout pour se faire entendre. Une autre rencontre est prévue ce lundi en fin de matinée.

  • À l’OPT, silence radio d’un week-end

Pas de protocole signé, non plus, à l’OPT où des ébauches d’accord étaient pourtant sérieusement étudiées dès mercredi soir, juste avant le déclenchement du mouvement. Jeudi et vendredi, la direction et l’intersyndicale – la même qu’à ADT, avec le syndicat maison Sapot – n’avaient échangé, à distance, que des propositions de modification du projet. La direction avait alors proposé des rencontres dans le weekend : ce sera finalement ce lundi matin, pas avant, comme l’ont souhaité les syndicats.

Les négociations, si elles ont bien avancé mercredi, restent très complexes : elles touchent plusieurs filiales – Fare Rata, principal centre de mobilisation avec plus de 50% de gréviste le premier jour, Onati, Vini distribution, Pacific Cash Service, la holding… -, elles balaient des sujets très divers – conventions collectives, pouvoir d’achat, stratégie du groupe, réorganisation règlementation… – et surtout elles impliquent la direction de l’établissement public autant que le gouvernement. La rencontre entre l’intersyndicale et Moetai Brotherson mardi soir avait « rassuré » sur certains points, mais les engagements écrits de la présidence sont toujours jugés trop maigres par les grévistes.

  • Trois préavis pour faire « monter en puissance » le front social

Parallèlement à ces mouvements qui durent, trois préavis de grève pourraient être déclenchés dans la semaine. Les deux premiers concernent des sociétés de sûreté prestataire d’ADT à Tahiti – Faa’a. Les agents de South Pacific Sécurité et Tahiti Sûreté menacent d’arrêter le travail dès mardi à moins d’obtenir une amélioration de leur régime indemnitaire. Des rencontres ont eu lieu ce week-end, mais aucune levée de préavis n’a été annoncée par les syndicats. La perspective d’une grève des agents qui assurent la sûreté du terminal de Tahiti – Faa’a et le contrôle des bagages au départ a de quoi inquiéter ADT et les compagnies, puisqu’elle devrait perturber tous les embarquements, domestiques comme internationaux.

Le troisième préavis, c’est celui qui a été déposé, là encore par l’intersyndicale CSTP-FO, CSIP, O oe to oe rima, Otahi vendredi dans la fonction publique d’État. Les revendications n’ont rien à voir avec celles de l’OPT ou d’ADT – elles portent sur les retraites des fonctionnaires – mais le mouvement, annoncé comme une « montée en puissance » du front social, peut lui aussi perturber l’activité dans le pays, par exemple du côté de la tour de contrôle, des forces de l’ordre, ou de la justice. Peut-être les agents de l’État veulent profiter de la présence – jusqu’à lundi – de la ministre déléguée aux Outremers au fenua, malgré le fait que son gouvernement, en gestion d’affaires courantes, n’a quasiment aucun pouvoir d’action, et qu’elle-même a perdu son siège de parlementaire. Aucune rencontre n’a pour l’instant été annoncée au Haut-commissariat.

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