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Vahine Fierro, « hyper déçue » mais pas abattue, accepte les « leçons de Teahupo’o »

Éliminée en huitièmes de finale des JO par la Française Johanne Defay, Vahine Fierro n’a pas pu retenir ses larmes ce jeudi matin. Teahupo’o ne lui a pas offert le tube qu’elle a cherché tout au long du heat, pendant que sa concurrente enchaînait les manoeuvres techniques. Mais l’esprit combattant de la Polynésienne reste intact : cette « leçon » de plus à Hava’e, elle la prend avec bonté, prête à rebondir ailleurs. Johanne Defay, elle, salue celle qui « reste la patronne » au PK0.

Vagues molles et grises mines à Teahupo’o ce jeudi matin. De la fan zone, plus remplie qu’en début de compétition malgré l’heure matinale, jusque dans dans les rangs des bénévoles et des forces de sécurité, l’annonce de la victoire de Johanne Defay contre Vahine Fierro a déclenché plus de dépit que d’applaudissements. Il faut dire que tous les soutiens de la surfeuse de Huahine, au fenua et probablement au delà, avaient de quoi espérer pendant ce huitième de finale.

D’abord parce que le passé jouait largement en faveur de la Polynésienne, qui a survolé son premier tour, alors que Johanne Defay, pas réputée à l’aise dans la passe de Hava’e, avait connu une entrée en lice catastrophique, et même sanglante, après une mauvaise chute près du récif. Espérer aussi parce que Vahine connait ce spot par cœur, comme elle l’a montré en y dominant l’élite mondiale du surf, pas plus tard qu’en avril à la dernière Tahiti Pro. Johanne Defay, elle n’a jamais accédé au tableau final dans cette étape locale du tour WSL.

Et puis espérer, enfin, parce que Vahine était bien rentrée dans sa série, marquant, malgré les petites vagues désordonnées et pas franchement déroulantes, les deux meilleurs scores de la première partie du heat. À ce moment_là, tout le pays espérait encore voir la surfeuse de Huahine en quarts de finale. Et probablement beaucoup plus loin dans la compétition olympique.

Tubes qui ferment et rollers gagnants

Seulemement voilà, Johanne Defay n’est pas une championne pour rien. La Réunionnaise de 30 ans, actuelle numéro 6 mondiale, ancienne numéro 3 en fin de saison, multiple gagnante d’étape sur le Championship Tour, est une spécialiste des manoeuvres rapides et engagées, y compris tout proche du récif comme ce jeudi. Les conditions – loin du Teahupo’o des grands jours – jouaient en faveur de son surf technique et de son stance regular, dos à la vague. « J’ai fait ce que je savais faire », explique la championne Française. 5.0, 4.0… Ses rollers parfaitement maitrisés paient auprès des juges alors que Vahine Fierro continue, elle, à chercher le tube victorieux. Celui qui a toujours fait sa force au PK0. Celui qu’elle sera tout près de trouver à trois reprises.

Une vague qui se ferme très tôt, trop tôt, deux chutes auxquelles l’athlète de 25 ans devrait encore penser longtemps… Le public, y compris la presse internationale, semble-t-il toute acquises à la locale, serre les dents mais Johanne Defay gère d’une planche de maître ses priorités. Score final 9.0 contre 7.54 pour Vahine. La fin du rêve olympique pour la reine de Teahupo’o.

« Je me sentais à l’aise, j’étais prête à faire des malheurs, mais c’était compliqué sur l’eau »

La fin pour l’instant en tout cas, puisque Vahine, quelques minutes après le heat, rappelera qu’elle est bien décidé de se parer d’or un jour aux JO. À sa sortie de l’eau, la aito fait tout pour garder son sourire, désormais connu de tous dans le surf mondial. Mais entre les étreintes de la team France, l’ovation unanime que lui a réservé la fan zone du PK0 lors de son passage en jet ski, et les interviews à répétition, difficile de ne pas éclater en sanglots. Derrière les larmes, le mental de combattante subsiste. Cette défaite, c’est un pas de plus, sur cette vague qui lui a « toujours donné les plus belles leçons de sa vie » :

Vahine Fierro salue bien sûr sa concurrente et coéquipière, qu’elle suit depuis petite, et avec qui elle partage repas et logement depuis plusieurs jours. Et hors de question pour elle d’attribuer cette déception aux seules conditions météo : « Je me suis beaucoup entrainée cette année dans toutes sortes de conditions pour être à l’aise à Teahupo’o, peu importe ce que la vague nous donne. Je suis tombée sur des tubes qui auraient bien scoré. C’était compliqué de les trouver, je les ai trouvés, c’est juste que dans les tubes, ça bougeait beaucoup et j’ai pas su tenir ». La pression du surf olympique à la maison ? Même pas : « je me sentais à l’aise, j’étais prête à faire des malheurs. Mais c’était compliqué sur l’eau aujourd’hui ».

Vahine « reste la patronne » pour Johanne Defay

Compliqué pour tout le monde, y compris Johanne Defay. À la fin du heat, les deux coéquipière sous bannière tricolore s’enlacent. Vahine le sait : Johanne a une des plus belles carrières du surf français, et peut aller « au bout » pour ces JO. Johanne, elle, n’a jamais douté du talent de sa jeune concurrente : « C’était l’athlète à abattre ici, la plus forte, elle l’a déjà montré. Avec mes coachs, on avait décidé de rester sur ce que je sais faire : les manoeuvres d’abord et après gérer les tubes en fonction des séries. Vahine est aussi restée sur ce qu’elle sait faire, mais c’est de mon côté que ça a payé sur ces trente minutes, décrit-elle. Je sais que ça va pas forcément la réconforter, mais elle n’a pas besoin de médaille aujourd’hui pour nous montrer qu’elle est là patronne ici. C’est fantastique tout ce qu’elle a fait, tout le travail qu’elle a fourni. Je sais que c’est une énorme déception, mais ça va la rendre plus forte ». 

« Merci, répond quelques minutes plus tard Vahine Fierro. Mais ce que j’ai à me prouver à moi, c’est que je peux gagner une médaille d’or. »

Carissa Moore en quarts

Johanne Defay affrontera donc, dès cette après midi, l’américaine Carissa Moore, cinq fois championne du monde, 12 fois sur le podium du CT, et qui a balayé l’Israélienne Anat Lelior ce matin. Parmi les autres qualifiées dans ces quarts de finale féminin, l’Américaine Caroline Marks qui va affronter l’Australienne Taylor Wright, l’Espagnole Nadia Erostarbe qui devra composer avec la Brésilienne Tatiana Weston Webb, ainsi que l’autre Brésilienne Luana Silva qui surfera contre la talentueuse Costaricaine Brisa Hennessy en toute fin d’après-midi. Si le swell, déjà décevant, ne se dégrade pas encore.

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1 Commentaire

  1. Mickael
    1 août 2024 à 14h57 — Répondre

    Johanne Defay, victoire de l’expérience…Bravo la Réunion.

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